Alain Gilles : La légende qui s’ignorait

Le 18 novembre 2014, le basket français a perdu à la fois l’une de ses plus grandes étoiles et l’une des plus discrètes. Rendons hommage à Alain Gilles.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / NEWS
Alain Gilles : La légende qui s’ignorait
« L'ancien joueur de basket français Alain Gilles est décédé mardi, à l'âge de 69 ans », annonce la présentatrice du journal des sports. J’en stoppe mon coup de fourchette. Certes, le nom du défunt évoque une époque révolue où le basket ne déchainaît pas les passions télévisuelles et n’était pas le sport collectif le plus tendance de l’Hexagone. Mais le choc est là. Alain Gilles, voilà un nom qui fleure bon les années 70 et 80, le basket « à la papa », loin des fastes de l’omnipotente NBA, machine à faire rêver en couleur et à coups de ralentis en slow motion. Ce sont plutôt des images en noir et blanc qui me viennent, celles d’un bonhomme au physique un peu malingre, dans un maillot vert délavé, avec la coupe des Beatles période « Abbey Road » et la barbe de Maxime Le Forestier. D’un type qui avait reçu un prix il y a quelques années pour ses faits d’armes avec l’ASVEL avec une mine renfrognée et que beaucoup avaient présenté comme le meilleur joueur français de sa génération. Cette fois, ce sont des qualificatifs et des compliments d’un autre niveau qui jaillissent tout au long de la journée de la bouche des anciens, de la minorité qui peut se vanter de l’avoir vu concrètement taquiner la balle orange. Les termes sont forts. Hors-norme, mythique, quasiment au niveau des meilleurs basketteurs mondiaux de l’époque. Du même genre qu’Antoine Rigaudeau ou Tony Parker qui ont dominé l’Euroleague et la NBA de façon suffisamment voyante pour le grand public ? Parfaitement. Et si parfois l’émotion suscitée par une disparition prend le pas sur la raison au moment de situer un joueur dans l’histoire de son sport, ce n’est pas le cas ici. Les images d’Alain Gilles en action ne sont pas légion. Le natif de Roanne a eu la chance relative de ne pas avoir été d’abord jugé sur ses « highlights » comme la génération actuelle, les matches du championnat de France n’étant évidemment pas aussi accessibles qu’aujourd’hui. Toutefois, elles existent dans les archives de l’INA et sont consultables sur les différentes plateformes vidéo des Internets. Là, c’est la baffe ! Visuelle surtout. Une élégance à la Johann Cruyff, une vitesse de déplacement époustouflante et une grâce presque poétique, Gilles avait une compréhension parfaite de son corps et de ce que celui-ci pouvait lui permettre d’accomplir sur un terrain. Les restes du gymnaste qu’il a été durant son enfance, sans doute. Au niveau du maniement du ballon, de la qualité de passe et de la finition, il frisait l’excellence et pas seulement sur le plan local, comme le confirme Jacques Monclar, toujours ému au moment d’évoquer celui qui a été à la fois son coéquipier et son entraîneur. « On parle d’un génie du jeu, là. Un mec avec une technique irréprochable, qui contrôlait tout. Il était instinctif et imprimait le moindre aspect du jeu avec son allure de Don Quichotte. Evidemment qu’il pouvait jouer au meilleur niveau mondial, mais ça ne l’intéressait pas. Des joueurs qui avaient été coupés de NBA et qui débarquaient dans l'équipe hallucinaient et se demandaient qui était ce type aussi fort dont ils n’avaient jamais entendu parler. En termes de volume de jeu et de capacité à rendre les autres meilleurs, le seul Français à s’être approché de lui c’est peut-être Antoine Rigaudeau. »  

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