Analyse : Les Cavaliers doivent-ils transférer Dion Waiters ?

Brillant depuis deux matches, Dion Waiters serait assis sur un siège éjectable. Analyse des options possibles pour les Cleveland Cavaliers.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Analyse : Les Cavaliers doivent-ils transférer Dion Waiters ?
Il a suffi d’un mois de compétition pour que le nom de Dion Waiters circule à nouveau dans les rumeurs de transfert du côté de Cleveland. Une tendance récurrente depuis l’arrivée du jeune joueur drafté en quatrième position en juin 2012. Selon ESPN, la franchise de l’Ohio a approché les Denver Nuggets et les Memphis Grizzlies dans le but de récupérer Timofey Mozgov ou Kosta Koufos dans l’échange. Quelle est la motivation première des dirigeants ? Ont-ils l’ambition de renforcer sensiblement l’un des points faibles de l’effectif ou veulent-ils simplement se débarrasser de Waiters (voire les deux) ?

Un problème sous les panneaux

[superquote pos="d"]Les Cavaliers ont l'une des moins bonnes défenses de la NBA dans la raquette[/superquote]Ce n’est un secret pour personne, les Cleveland Cavaliers manquent cruellement d’un pivot susceptible de protéger la raquette. Les intérieurs de ce profil sont recherchés au sein d’une ligue dominée par le pick&roll. Un grand capable de dissuader les adversaires d’attaquer le cercle à outrance est essentiel aux équipes ambitieuses. Ni Anderson Varejao, ni Kevin Love, les deux intérieurs titulaires de Cleveland, ne correspondent au portrait-robot. Le Brésilien est souvent appâté loin du cercle sur les pick&roll adverses – son vis-à-vis pose l’écran pour le meneur, forçant ainsi le pivot des Cavs à s’éloigner du panier – ce qui laisse le seul Love pour protéger la raquette en cas de pénétration. Même près du panier, Varejaeo peine à contenir ses adversaires. Il en va de même pour Love et Tristan Thompson, à qui il manque des centimètres pour vraiment rivaliser avec les plus grands pivots adverses. Aucun des trois intérieurs des Cavaliers ne limite ses vis-à-vis sous les 50% de réussite près du panier. Le All-Star débarqué en provenance de Minnesota laisse même ses adversaires scorer à 61,4% de réussite au cercle, une marque qui le place en avant-dernière position en NBA derrière Ryan Anderson. Les autres équipes sont conscientes des difficultés de Cleveland dans le domaine et les adversaires n’hésitent pas à appuyer là où ça fait mal. Les Cavaliers encaissent en moyenne 43,7 pts dans la peinture chaque soir, soit la dixième plus mauvaise défense de la ligue dans la raquette. Les attaquants adverses convertissent 63,4% de leurs tentatives à moins de deux mètres du cercle. Seuls Minnesota et Sacramento font pire. Les chiffres de Kosta Koufos dans les catégories statistiques exposées ci-dessus sont plus flatteurs que ceux des intérieurs actuels des Cavaliers. Le Grec est grand – 2,13 m – et il est coté auprès des dirigeants NBA malgré son faible temps de jeu à Memphis. Barré par Marc Gasol et Zach Randolph, le troisième larron de la rotation intérieure des Grizzlies tourne à 3,8 pts et autant de rebonds. Une fois ramenées sur 36 minutes, ses statistiques sont de 10 pts, 10 rbds et 2 blocks. Les Grizzlies encaissent 95,7 pts sur 100 possessions lorsque Koufos est sur le parquet, un rating qui ferait de la franchise du Tennessee la deuxième meilleure défense NBA (actuellement sixième avec 99,9 pts encaissés sur 100 possessions). [superquote pos="d"]Les Grizzlies ne sont pas à l'abri d'une blessure de Marc Gasol ou Zach Randolph[/superquote]Le pivot de 25 ans sera free agent à l’issue de la saison et il aurait déjà indiqué à ses employeurs son intention de changer d’air afin de gagner du temps de jeu. Il devrait donc quoi qu’il arrive quitter Memphis. La formation de Dave Joerger a longtemps peiné à marquer des points et on pourrait supposer qu’un joueur de la trempe de Dion Waiters, capable de créer du jeu pour lui et pour les autres (enfin surtout pour lui…) en dribble, serait susceptible de booster les Grizzlies en attaque. Mais Mike Conley et ses coéquipiers ont déjà fait des progrès dans ce secteur. Courtney Lee a révolutionné le spacing de Memphis en attaque et Vince Carter, Quincy Pondexter et même Tayshaun Prince ont un impact en sortie de banc. De plus, la franchise n’est pas à l’abri d’une blessure de Marc Gasol ou Zach Randolph et elle a tout intérêt à conserver Koufos pour palier à un éventuel pépin physique. Les Grizzlies perdront sans doute le Grec durant la prochaine free agency mais ils ont une chance de chatouiller une fois de plus les finales de Conférence cette saison. Prendre le risque d’intégrer Dion Waiters dans la rotation nous semble insensé. Les Nuggets ont déjà refusé les avances des Cavaliers au sujet de Timofey Mozgov et d’autres noms ont été évoqués. Parmi eux, celui de Roy Hibbert, pivot All-Star des Indiana Pacers. Ce dernier a exactement le profil recherché par les dirigeants de Cleveland et les Pacers souffrent en attaque depuis le départ de Lance Stephenson (et la blessure de Paul George). Mais là encore, on imagine mal Indiana sacrifier son pivot en l’échange d’un joueur présenté comme instable. Les Pacers ont déjà donné dans le cas social avec « Born Ready » et la franchise ne semble pas déterminée à « tanker » au sein d’une Conférence Est ouverte.

Un problème d'attitude

Dion Waiters est perçu comme un agitateur de vestiaire. Le jeune homme n’hésite jamais à déclarer haut et fort ce qu’il pense et son attitude renvoie parfois celle d’un individu égoïste. Il rechignait à l’idée de sortir du banc de Cleveland alors que son passage dans le cinq des Cavaliers a été un échec. Il a finalement accepté, notamment après que LeBron James critique publiquement « les mauvaises habitudes et le comportement égoïste » de certains de ses coéquipiers. Suivez son regard. Waiters a ravalé sa fierté mais il n’est pas parvenu à s’adapter à ce rôle de sixième homme. Ses statistiques sont en chute libre :
  • Dion Waiters 2013-2014 : 15,9 pts à 43,3% (36,8% à trois-points), 2,8 rbds et 3 pds en 29,6 minutes.
  • Dion Waiters 2014-2015 : 9,6 pts à 40,3% (27,3% à trois-points), 1,2 rbd et 2,1 pds.
Le natif de Philadelphie est en difficulté et c’est tout le banc des Cavaliers qui souffre. Les réservistes de l’Ohio sont parmi les moins productifs de la NBA avec 24,1 pts inscrits en moyenne chaque soir. C’est faible, bien trop faible pour prétendre jouer le titre (même si le banc du Miami Heat était finalement peu prolifique lors des années du « Big Three »). Dion Waiters est la principale option offensive en sortie de banc et l’échanger contre un pivot défensif serait la garantie d’affaiblir encore un peu plus un deuxième cinq déjà « mauvais ». [superquote pos="d"]Perdre Waiters revient à affaiblir un banc déjà peu prolifique[/superquote]Le joueur de 25 ans (il les fête aujourd’hui !) a bien réagi aux rumeurs en inscrivant 26 points contre Brooklyn et 18 face à Toronto, le tout en étant appliqué et adroit. C’est exactement le genre de performances qui lui sont demandées. Waiters a besoin du ballon pour s’exprimer mais c’est un slasheur redoutable lorsqu’il n’en rajoute pas des tonnes. Bien discipliné, il a le profil du sixième homme idéal capable de jouer les jokers de luxe en attaque et même de créer des opportunités pour ses coéquipiers. C’est plus son attitude qui inquiète. On reste persuadé qu’il n’est pas un mauvais bougre mais est-il prêt à accepter les sacrifices requis pour gagner un titre NBA ? Waiters est encore jeune. Il n’a jamais disputé les playoffs et n’a pas conscience des éléments nécessaires pour décrocher une bague. Mike Miller, James Jones et même LeBron James doivent le guider. A lui de suivre le chemin indiqué. S’il démontre qu’il est capable de s’adapter, alors les Cavaliers auront tout intérêt à garder ce jeune joueur talentueux. D’autant plus que l’équipe de David Blatt commence à trouver son rythme. Les Cavaliers restent sur huit victoires consécutives, série en cours. Ils ont encaissé seulement 98,6 pts en moyenne sur cette période tout en passant la bagatelle de 113,8 pions à leurs adversaires. On découvre enfin le Cleveland auquel on s’attendait, c’est-à-dire une équipe axée sur l’offensive mais néanmoins capable d’étouffer ses vis-à-vis sur certaines séquences clés. Il serait peut-être mal venu de casser la bonne dynamique de la franchise à ce moment-là de la saison…
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