Bradley Beal, John Wall, l’avenir leur appartient

John Wall et Bradley Beal ont tous les deux été coupés de la liste de Team USA. Mais les deux jeunes cadres des Washington Wizards ont l’avenir devant eux.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Mike Krzyzewski et Jerry Colangelo ont rendu leur premier verdict : Paul Millsap, appelé en renfort suite aux forfaits de Kevin Love et Blake Griffin (NB : Le premier nommé pourrait tout de même participer à la Coupe du Monde), John Wall et Bradley Beal ne seront pas du voyage en Espagne pour défendre les couleurs de Team USA. Le meneur All-Star subit la concurrence sévère à son poste suite au retour de Derrick Rose. Son adresse extérieure fluctuante joue également en sa défaveur face à des joueurs comme Damian Lillard, Kyrie Irving ou Stephen Curry, tous susceptibles d’évoluer arrière avec la sélection américaine. Beal est un peu petit pour être décalé à l’aile – à l’inverse de James Harden – et il pourrait avoir sa chance d’intégrer le groupe définitif lors des JO 2016 ou de la Coupe du Monde 2018. Si les deux jeunes joueurs ont exprimé leur désir de jouer pour Team USA, leur retrait de la liste définitif fait d’une certaine manière les affaires des dirigeants des Washington Wizards. Les dirigeants de la franchise ont des objectifs élevés pour les prochaines saisons et ils espèrent que leurs deux stars seront en bonne santé tout au long de l’année, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé. Après le traumatisme créé par la terrible blessure de Paul George, on peut supposer que la direction de réjouit de conserver ses deux joueurs prometteurs au chaud cet été.

Un duo complémentaire, jeune et ambitieux

On a déjà présenté à plusieurs reprises le tandem formé par John Wall et Bradley Beal dans la capitale fédérale. Le premier est un meneur extrêmement rapide balle en main, capable de percer les défenses adverses et de libérer ainsi des espaces pour ses coéquipiers. Le « drive&kick », ces pénétrations suivies d’une passe vers un shooteur démarqué, est l’une des spécialités du premier choix de la draft 2010. Beal, formé à Florida et sélectionné en troisième position lors de la draft 2012, est lui réputé pour son adresse extérieure et sa capacité à punir de loin les défenseurs venus aider sur une pénétration de Wall. Ainsi, plusieurs systèmes des Wizards mettent en relation les deux arrières. Chacun libère des espaces pour l’autre. Ce duo a déjà fait ses preuves en conduisant – bien aidé par une brochette de vétérans affamés – les Wizards vers le deuxième tour des playoffs au sein de la Conférence Est. Wall est un All-Star et Beal ne devrait pas tarder à glaner lui aussi sa première étoile. Leur duo fonctionne déjà et chacun a des progrès à effectuer dans un domaine précis afin accroître encore leur efficacité. L’ancien prodige de Kentucky doit améliorer son tir extérieur – il est passé de 26,7 à 35,1% derrière l’arc malgré un plus gros volume de shoots – et la star formée aux Gators doit travailler son dribble (nous y reviendrons un peu plus bas). John Wall et Bradley Beal n’ont pas toujours au l’occasion de jouer ensemble en raison des divers pépins physiques dont été victimes les deux joueurs au cours de la saison rookie du dernier nommé. L’exercice écoulé fut donc le premier en commun – ou presque – pour les deux jeunes joueurs.
[superquote pos="d"]"On sait se trouver parfaitement sur le terrain" Beal au sujet de son entente avec Wall.[/superquote]« On sait se trouver parfaitement sur le terrain, notre duo est vraiment difficile à arrêter », confiait Bradley Beal il y a déjà plusieurs mois.
Ils ont trouvé leurs premiers repères et une seconde année ensembles – la troisième saison NBA pour Beal, généralement celle de l’explosion – devrait leur permettre de franchir un nouveau palier. La Conférence Est est plus ouverte que jamais et la blessure de Paul George renforce encore un peu plus la position des Wizards. Washington a un bon coup à jouer derrière les deux favoris annoncés que sont les Chicago Bulls et les Cleveland Cavaliers. Contrairement à la bande de LeBron James, l’alchimie est déjà bien en place à Wash'. Le groupe de Randy Wittman a très peu bougé même si le coach va désormais se passer des services de Trevor Ariza, de ses tirs à trois-points dans le corner et de sa défense sur les meilleurs ailiers adverses. L’ancien champion NBA a été remplacé par un futur Hall Of Famer. Paul Pierce est venu apporter sa science de la gagne et ses tirs assassins à la bande de jeunes loups des Wiz’.
« Il a l’expérience, il a remporté un titre de champion donc il a cette mentalité et ce killer instinct dont l’équipe a besoin. Il a cette attitude et cette arrogance mais aussi cette manière de faire du trash talking que j’espère apprendre. Je suis vraiment impatient de joueur avec lui et d’apprendre plein de choses », remarque Bradley Beal.
Les Wizards ne peuvent plus compter sur l’effet de surprise, ils sont outsiders et ils devront assumer ce nouveau statut. Ils en sont conscients et ne cachent pas leurs ambitions, comme le prouvent les déclarations récentes des deux jeunes stars.
[superquote pos="d"]"On vise les finales NBA" John Wall[/superquote]« Ce que l’on vise la saison prochaine ? Les Finales NBA. C’est tout ce que l’on peut viser après avoir été au deuxième tour la saison dernière. On sait ce qu’il faut faire pour gagner désormais. Tout le monde doit devenir meilleur sur le plan individuel. Je pense que le front office a fait un travail formidable en recrutant des joueurs expérimentés qui savent exactement comment on gagne des matches », notait le meneur de Washington.   « Nous pouvons aller plus loin l’année prochaine. Nous devons l’utiliser comme un tremplin pour nous. La finale de la conférence Est est un objectif que nous devons viser pour la saison prochaine. J’espère que nous pourrons construire avec ce que nous avons déjà accompli et être à nouveau performants », ajoute son jeune coéquipier.

Bradley Beal, le vrai patron ?

Depuis l’arrivée de Bradley Beal en NBA, on a eu tendance à le présenter un peu vite comme le lieutenant en puissance de John Wall. Lui-même se considère comme une aide pour son meneur All-Star. Et pour cause, le natif de Saint-Louis est un garçon bien élevé qui ne veut pas de vagues. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne cherche pas à devenir le meilleur joueur possible. Et on peut déjà se demander s’il n’est pas déjà le plus talentueux au sein de sa propre équipe. Les Wizards sont présentés comme l’équipe de John Wall, titulaire d’un contrat dont la somme atteint 80 millions de dollars sur cinq ans. Il est le « designated player » de Washington (la franchise ne pourra donc pas proposer un deal sur cinq saisons à Beal lorsque le contrat rookie de ce dernier arrivera à expiration). Mais ceux qui ont suivi avec attention les derniers playoffs émettront des doutes sur la hiérarchie réelle au sein du groupe de Randy Wittman. Beal a démontré en avril dernier qu’il était bien plus qu’un simple lieutenant et son rôle ne se limite pas à attendre derrière la ligne à trois-points une passe de son leader désigné.
« Ce n’est pas un shooteur, c’est un vrai joueur de basket », estime Ernie Grunfeld, le GM des Wizards.
Un vrai joueur de basket et un futur All-Star. Beal est bien parti pour se disputer le titre honorifique de meilleur arrière de la ligue avec James Harden dans un futur proche. Il a porté Washington en playoffs, que ce soit face à Chicago ou contre Indiana. Jetons un coup d’œil rapide aux statistiques des deux stars de Washington pour leur première campagne en post-saison. John Wall : 11 matches, 16,3 pts à 36,6% (21,9% à trois-points), 4 rbds, 7,1 pds et 1,6 steal en 38,2 minutes. Bradley Beal : 11 matches, 19,2 pts à 42,4% (41,5% à trois-points), 5 rbds, 4,5 pds et 1,6 steal en 41,6 minutes. Ces chiffres ont déjà de quoi repenser légèrement la hiérarchie au sein de la franchise non ? Bradley Beal passait plus de temps que son coéquipier sur le terrain et il disposait de responsabilités accrues. Il n’évoluait pas dans un rôle de shooteur mais bien meneur de jeu… même lorsque Wall était sur le parquet ! Effectivement, Randy Wittman a chargé son jeune arrière de la création du jeu, notamment en pick&roll, d’où la hausse du nombre de passes décisives de Beal. On rappelle que ce dernier mesure 1,96 m, soit seulement trois centimètres de plus que Wall. Les positions sont de plus en plus floues au sein de la NBA moderne et s’il continue d’améliorer son dribble et son timing sur les passes (et sa précision, on l’a vu balancé plusieurs ballons dans les pieds de ses pivots après le pick&roll), il peut s’imposer comme la première option des Wizards balle en main. Surtout, Bradley Beal était le joueur recherché en permanence par ses coéquipiers lorsque son équipe avait besoin d’un panier. [caption id="attachment_180487" align="alignnone" width="640"] Dans les quatrièmes QT, c'est bien à Bradley Beal que les Wizards confiaient l'organisation du jeu.[/caption] [caption id="attachment_180491" align="alignnone" width="640"] Même avec John Wall sur le parquet, Bradley Beal a la gonfle entre les mains. La défense des Pacers se permet d'ailleurs de reculer, quitte à laisser un tir ouvert au meneur All-Star...[/caption] Les statistiques dans les quatrièmes QT sont encore plus parlantes. Bradley Beal était l’un des cinq meilleurs marqueurs des playoffs (en moyenne de pts marqués) dans les douze dernières minutes. Il tournait à 7,5 pts à 47,5% aux tirs et 45,5% à trois-points dans les derniers QT. Seuls Paul George, Dwight Howard, DeMar DeRozan et James Harden étaient plus prolifiques que lui en fin de match. Les statistiques de Wall dans les mêmes périodes ? 3,3 pts à 26% aux tirs…

Les limites des Wizards

Il ne s’agit pas de descendre John Wall pour autant. Le meneur a effectué des progrès la saison dernière et il doit encore travailler sérieusement son tir extérieur s’il espère s’imposer comme le meilleur meneur de la ligue. On constate simplement que les cartes pourraient être redistribuées à Washington dans les années à venir. Les Wizards sont talentueux, prometteurs mais aussi imprévisibles. Le statut d’outsiders est plus que justifié mais seront-ils l’assumer ? Comment la franchise gérera-t-elle l’éclosion de Bradley Beal après avoir fait de Wall son leader désigné ? Voilà les nouvelles problématiques qui entourent les ex-Bullets. Comme nous l’avons indiqué plus haut, Beal et Wall ont encore des lacunes offensives (mais aussi défensives) à combler avant de s’imposer parmi les meilleurs joueurs de la ligue à leur poste (ils sont déjà bien placés mais pas encore indiscutables à leur position à l’échelle de la NBA). S’ils parviennent à franchir ce cap, nul doute que les portes de Team USA s’ouvriront plus facilement. De même que celles des finales NBA…
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