Chris Andersen : le facteur X du Miami Heat

On croyait Chris Andersen fini, il pourrait bien être un élément essentiel pour le back-to-back du Heat.

Benoît JametPar Benoît Jamet  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Chris Andersen : le facteur X du Miami Heat
On dit qu'un chat possède plusieurs vies, neuf chances pour lui de revivre après avoir échappé à la mort, neuf chances pour lui de renaître et de se reconstruire. Mais après quoi court un chat toute sa vie? Après des oiseaux qui doivent également accumuler un petit pécule de chances supplémentaires. Chris Andersen, le Birdman de la NBA, semble avoir déjà utilisé plusieurs de ses vies, depuis sa naissance il y a 34 ans à Long Beach, son destin accumulant les hauts et les (très) bas. Affronter l'adversité, tomber, se relever, Chris Andersen sait ce que ces mots veulent dire. Bouté hors de la ligue, jeté en pâture aux médias pour de sordides histoires de pédophilie, Chris Andersen avait toutes les raisons de renoncer à son rêve, une bonne fois pour toutes, lorsque les portes des Nuggets se sont refermées en juillet dernier. Mais sa signature avec le Heat de Miami en janvier dernier et sa résurgence au cours des 6 derniers mois pourrait en faire l'un des éléments les plus importants du candidat au "back-to-back".

La chute du Birdman

Arrivé en NBA sur la pointe des pieds, après ne pas avoir été drafté à sa sortie de l'Université de Blinn dans le Texas et avoir passé ses deux premières années pro entre contrats en Chine (Jiangsu Nangang), Fargo et Fayetteville (en NDBL), c'est déjà chez les Nuggets que le Birdman Andersen avait fait ses débuts dans la Ligue, postant un plutôt respectable 4 pts/4 rebonds en 14 minutes lors de ses 3 premières années dans les Rocheuses. Clyde Drexler, alors assistant chez les Nuggets avait été conquis par celui qui jouait, selon ses propres mots, "un basket de cowboy". Anecdotiquement, c'est même à lui qu'est revenu l'honneur d'être le premier joueur de l'histoire à "monter" de NDBL en NBA. Signé par les Hornets en tant que free-agent en juin 2004, le GM de la franchise de NOLA, Allan Bristow, appréciant alors "son énergie et ses capacités athlétiques pour un joueur de sa taille". Mais le déclin du Birdman n'aurait-il donc pas commencé avec sa performance "hallucinante" lors du Slam Dunk Contest du All-Star Game de 2005 qui se déroulait à... Denver? [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=iYyXVnOKTMw[/youtube] Alors qu'il tournait alors à 7,7 pts et 6,1 rbds par match avec les Hornets lors de cette saison, dès la suivante, ses chiffres chutèrent à 5 pts et 4,8 rebonds. C'est au cours de cette saison 2005-2006, que les Hornets avaient en partie passée à Oklahoma City suite au désastre Katrina, que Chris Andersen a été contrôlé positif par la ligue à une substance non-autorisée et banni (avec la perte des 12 millions de dollars restant sur son contrat), ce qu'il n'a jamais nié ("Je l'ai fait, j'ai foiré"). Tout ceci s'était produit suite de la destruction de sa maison par l'ouragan ayant ravagé la Louisiane mais également de la difficile rupture avec sa copine d'alors.
" J'étais complètement détruit émotionnellement mais j'ai alors réalisé qu'il était temps pour moi d'effectuer des changements radicaux." Chris Andersen en 2006.  

La reconstruction de Chris Andersen

Apres deux ans à combattre pour pouvoir rejouer, c'est finalement en mars 2008 que Chris Andersen a été autorisé par la Ligue à rechausser ses sneakers et qui d'autre que la première équipe à lui avoir donné sa chance pouvait être celle par qui allait arriver sa rédemption ? Prenant un minimum de risques financiers (998 398 dollars pour la saison 2008-2009), les Denver Nuggets ont été récompensés par ses 6 pts, 6 rebonds et 2,5 contres de moyenne au cours des 71 matches qu'il disputa alors, ainsi qu'une énergie et un enthousiasme partagés par les spectateurs du Pepsi Center, certains commençant déjà à adopter sa coupe de cheveux ou certains de ses tatouages. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=P8D6rrYFl78[/youtube] Aidés par ses performances de poids (2ème contreur de la Ligue mais 1er au pro-rata de 48 min), les Nuggets ont atteint la finale de Conférence Ouest cette saison-là, seulement battus (4-2) par les Lakers, futurs champions. De nouveau free-agent, le Birdman obtint ainsi la possibilité de signer son premier gros contrat à l'été 2009 (5 ans pour 26 millions de dollars) à l'age de 31 ans.
"Vous écrivez ce que vous pensez être le meilleur scénario possible, vous pensez que vous rêvez et, là, vous ouvrez les yeux et c'est réel. Il est très heureux, ils avaient fait de lui une priorité." Mark Bryant, son agent, en 2009, à propos du contrat signé avec les Nuggets.
Les deux saisons suivantes confirment le fort impact que peut avoir Chris Andersen durant les quelques minutes que lui accorde George Karl. 5,8 pts, 5,8 rebonds, 1,7 contre en 20 minutes de jeu entre 2009 et 2010, il semble avoir atteint son rythme de croisière au sein de l'effectif des Nuggets mais ceux-ci finiront tout de même par le "couper" en juillet dernier (sous le régime de l'amnistie, lui permettant de toucher l'intégralité de son contrat sans que cela n'affecte le salary-cap de Denver), suite à une sordide histoire de pédophilie présumée.

Les doutes et... la délivrance ?

Malgré la fouille de son domicile à Denver, le Birdman ne sera pas mis en cage et aucun mandat d'arrêt ne sera même émis à son encontre, mais le mal était fait, sa réputation ternie, et cette dernière péripétie semblait sonner la fin de sa carrière dans la Ligue. Et pourtant, c'est l'équipe championne en titre qui allait lui donner sa dernière chance et, avec sa signature, la possibilité d'une tribune pour s'expliquer.
"Il y a eu une enquête et j'ai entièrement coopéré avec les autorités de Denver. Je ne suis pas la cible d'une enquête, aucune arrestation n'a été effectuée et aucune charge n'a été retenue contre moi. " Chris Andersen en janvier 2013
Ce qui semble n'être qu'une histoire d'extortion (d'après les derniers développements de l'enquête) n'aura donc pas empêché le coach du Heat, Erik Spoelstra, d'encourager ses dirigeants à proposer un contrat à Andersen, arme parfaite pour contrecarrer les déficiences de son équipe au rebond face à d'autres écuries mieux dotées dans la peinture. Ayant subi une arthroscopie pour nettoyer son genou, et ne regardant pas les matches pour ne pas être tenté de forcer lors de sa rééducation, Birdman n'était même pas au courant de l'intérêt que le Heat pouvait lui porter et combien ses atouts pouvaient devenir essentiels dans la conquête d'un second titre du côté de South Beach. Signé pour 10 jours le 20 janvier 2013, le Heat renouvela son bail avant de lui proposer un contrat jusqu'à la fin de cette saison (pour la somme discount de 340 000 dollars). Les 42 matches joués dans la saison ont encore prouvé qu'il n'avait rien perdu, même à 34 ans. 4,9 points, 4,1 rebonds et 1 contre en 14 minutes de jeu, l'énergie folle qu'apporte Andersen au jeu du Heat est un élément reconnu par le taulier lui-même.
"Il est super important pour notre équipe - ses capacités athlétiques, son endurance. Il rentre sur le terrain et il donne tout. Il s'est complètement adapté." LeBron James
En effet, les chiffres d'Andersen deviennent carrément mystiques (ou mythiques) si l'on prend le bilan du Heat depuis son arrivée en janvier dernier. Avec 39 victoires sur les 42 matches de saison régulière où il est apparu, Chris Andersen est le joueur au taux de victoire le plus haut de l'histoire sur une saison pour un joueur ayant joué plus de 40 matches. Lorsqu'il joue cette saison, le bilan de Miami est de 48 victoires pour 4 défaites et lorsque son temps de jeu est d'au moins 13 minutes, ce bilan passe alors à 35 victoires pour 1 seule défaite. Plus fort, lors des 28 matches où il a récupéré 4 rebonds ou plus, le Heat n'a pas perdu. Cette série incroyable continue également pendant les playoffs puisque le Heat, avec sa victoire sur les Pacers dans le Game 1, a actuellement un bilan de 9 victoires pour une défaite, sur les bases d'une saison historique à moins de 20 défaites sur le total de la saison (16 défaites en saison régulière). Gagner un titre en perdant moins de 20 matches sur toute la saison (playoffs compris) a seulement été accompli par 7 équipes dans l'histoire (Bulls '96 (13), Lakers '72 (16), Bulls '97 (17), 76ers '67 (17), Celtics '86 (18), 76ers '83 (18) et Bucks '71 (18)) et le réaliser alors que la ligue est à un summum de compétitivité par rapport à certaines de ces années serait un exploit mémorable (le Heat en est donc, pour l'instant, à 17). C'est d'ailleurs lors de ce Game 1 qu'Andersen a établi son record de points en playoffs, avec 16 unités (à ajouter aux 5 rebonds et 3 contres qu'il a amassés), battant au passage le record de la franchise (6/6 par Alonzo Mourning en 2007) au nombre de shoots réussis sans en manquer un (7/7 pour Andersen). Ce match n'a été que le confirmation d'une postseason particulièrement adroite de la part du Birdman, qui tourne à 29/35 (82,9%) sur les 10 matches de playoffs du Heat et qui a confirmé, mais dans des proportions inattendues, la vraie capacité d'adresse d'Andersen (57,7% en saison régulière) mais aussi sa "clutchitude" pendant cette postseason. Son shot-chart (ci-dessous) révèle sa tendance à ne prendre que des shoots à moins de 3 mètres (111 sur les 123 pris) qui découle aussi de l'attention particulière que portent les adversaires du Heat à James, Wade ou Bosh, le laissant souvent seul le long de la ligne de fond, son habitat naturel pour ces playoffs.
"Les coaches m'ont fait rentrer dans la tête depuis deux semaines qu'il fallait que je reste sur la ligne de fond et que je garde la raquette libre pour les drives, permettant à ces joueurs de m'envoyer la balle, de marquer ou de la ressortir sur des shooteurs à trois-points. J'essaie juste de trouver le bon espace pour profiter de ces paniers faciles." Chris Andersen après le Game 1 contre les Pacers.
Il semble donc qu'Erik Spoelstra soit parvenu à trouver l'espace optimal pour enfin réaliser tout le potentiel de Chris Andersen, 11 ans après ses débuts en NBA. Alors même si l'on ne pourra jamais mettre le Birdman en cage, nul doute que le baguer en juin prochain compte parmi ses plus grands rêves...
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