Vite, devenez fan de Bogdan Bogdanovic !

Bogdan Bogdanovic sera l'un des principaux atouts de la Serbie contre Team USA ce soir. L'arrière va bientôt débarquer en NBA. Il est temps de prendre sa carte.

Vite, devenez fan de Bogdan Bogdanovic !
Chris McDonough a fait quelques choix étranges depuis qu’il a été nommé GM des Phoenix Suns. Il a essayé de faire jouer trois meneurs de jeu simultanément avant de finalement transférer deux d’entre eux quelques mois plus tard. Il a d’ailleurs conservé celui qui a le plus tendance à se blesser pour se libérer d’un point guard désormais All-Star dont le salaire est de « seulement » 6,5 millions de dollars. Il s’est séparé de la moitié de son effectif lors du dernier jour avant la Trade Deadline en 2015. Il a pris quelques décisions douteuses mais l’avenir s’annonce radieux pour les Suns. Le futur de la franchise est brillant car McDonough sait drafter. Avec Tyler Ulis, T.J. Warren, Alex Len, Marquese Chriss, Dragan Bender et le prometteur Devin Booker - tous choisis par le dirigeant des Suns - Phoenix dispose d’un jeune noyau dur autour duquel construire une équipe compétitive. Mais le joueur le plus intéressant sélectionné par McDonough n’a même pas encore disputé le moindre match en NBA. Il ne va même pas poursuivre sa carrière dans l’Arizona étant donné que ses droits ont été transférés aux Sacramento Kings le soir dernière draft. On parle là du vingt-septième choix de la draft 2014. On parle de Bogdan Bogdanovic.

Formé à l'école des plus grands

Il est important de d’abord comprendre qui est ce joueur pour lequel les Kings ont lâché leur huitième pick en 2016 (ses droits ont été échangés en compagnie des 13ème et 28ème choix). Il ne faut pas confondre Bogdan et Bojan, son homologue croate qui évolue déjà en NBA du côté des déprimants Brooklyn Nets. Bogdan Bogdanovic est né à Belgrade, en Serbie, pays dont sont originaires des idoles du basket européen comme Dejan Bodigora, Aleksandar Djordjevic - le coach de l’équipe nationale - Predag Stojakovic ou Vlade Divac. Ces deux derniers étant des membres du front office des Kings. [superquote pos="d"]"Il aurait été dans le top 5 de la draft s'il s'était présenté cette année." David Pick[/superquote]Il a appris les rudiments du jeu avec des grands coaches - Dusko Vujosevic au Partizan Belgrade et Zeljko Obradovic en Turquie - ce qui est un bon signe car les grands coaches font les grands joueurs. Il correspond bien au cliché du joueur européen très technique qui connaît les fondamentaux du basket. Bogdanovic a explosé lors de la saison 2014. Il a élu le joueur le plus prometteur d’Euroleague et a mené le Partizan au titre national, battant au passage le rival historique de l’Etoile Rouge. Il a tourné à 30,8 points, 4,8 rebonds et 4,2 passes sur la série. A 21 ans. Le genre de statistiques qui laissent penser que le gamin a vraiment du game. Il était aussi l’un des meilleurs éléments de l’équipe serbe sacrée vice championne du Monde après avoir perdu en finale contre Team USA à Madrid. C’était le moment parfait pour franchir l’étape supérieure. Pas en rejoignant la NBA mais le Fenerbahçe, l’un des meilleurs clubs du Vieux Continent. L'arrière culminant à 1,98 m a poursuivi sa progression en étant nommé Euroleague Rising Star pour la deuxième année consécutive - le seul avec Nikola Mirotic à avoir réussi pareil exploit. Il est aujourd'hui l'un des meilleurs joueurs d'Europe.
"Il aurait été dans le top 5 de la draft s'il s'était présenté cette année", commentait David Pick, spécialiste du basket international.
En tant qu’homme, il a l’air d’être un mec sympa. Nous l’avons croisé en Espagne durant la Coupe du Monde 2014. Il était calme. Souriant. « Vous savez, ma vie est cool », a-t-il déclaré récemment dans un spot pour l’Euroleague.

Le profil pour briller aux Sacramento Kings

On peut sentir qu’il prend aussi du plaisir sur le terrain. Il est plaisant à regarder jouer. C’est un James Harden européen en moins athlétique mais en plus fun. Et lui est capable de défendre sa position, en tout cas sur le circuit Euroleague.
"Il est très talentueux. Il est capable de faire la différence des deux côtés du parquet. Il est grand pour son poste, il est assez athlétique et c'est un excellent shooteur", poursuit Pick.
Les arrières ont pris le contrôle de la ligue et les dirigeants raffolent des joueurs capables de scorer - une des spécialités de Bogdanovic.
[superquote pos="d"]"Un assassin au sang-froid qui met des buzzer beaters."[/superquote]"C'est un excellent joueur de pick&roll. Il a un QI basket élevé. Il sait trouver les intérieurs sur les picks et il n'a jamais eu de problème à créer son propre shoot."
Si son potentiel athlétique était dans la moyenne haute en Europe, il est moins rapide que la plupart des meilleurs arrières de la NBA. Il lui sera peut-être un peu plus difficile de se créer des espaces et il doit travailler son aisance balle en main pour vraiment faire la différence au niveau supérieur. Mais le garçon de 24 ans est un joueur intelligent qui ne baisse jamais les bras.
"Il est toujours agressif, il n'abandonne jamais. C'est un assassin au sang-froid qui a planté trois ou quatre tirs au buzzer cette saison. Il n'a peur de rien. C'est très intéressant pour une équipe NBA comme Sacramento."

Star de la finale des Jeux... puis en NBA ?

Les Kings font des mauvais choix chaque saison depuis dix ans. Contrairement à Chris McDonough, Vlade Divac est un mauvais GM. Tellement mauvais que la franchise a dû engager un autre GM - un vrai - capable de comprendre les subtilités du CBA. Mais il parle serbe. Comme Stojakovic. Et c’est peut-être tout ce qui compte pour Bogdanovic avant qu’il rejoigne la NBA. Divac était le premier sur le parquet pour consoler son poulain après ses deux tirs à trois-points manqués - dont celui au buzzer - qui aurait pu emmener son équipe en prolongation contre Team USA lors des phases de poule des Jeux Olympiques. Il ne pige peut-être que dalle au fonctionnement du business dans la grande ligue mais il connaît la psychologique des joueurs. Il a lui même fréquenté les parquets NBA pendant seize ans. Il peut l’aider à faciliter la transition depuis l’Europe lorsque Bogdanovic se décidera à traverser l’Atlantique. Il arrive bientôt. Il a la possibilité de mettre un terme à son contrat avec le Fenerbahçe à l’issue de la saison prochaine et il est fortement pressenti pour rejoindre Sacramento en 2017. Il pouvait déjà le faire cet été mais il a préféré repousser l’échéance pour des raisons financières. Parce qu’il est intelligent et non stupide. Il ne sera plus soumis aux restrictions qui s’appliquent aux contrats des rookies (étant donné qu’il débarque trois ans avoir été drafté) et sera donc susceptible de signer un deal bien plus juteux après la seconde hausse significative du Salary Cap. C’est le moment de croire en Bogdanovic. Parce qu’il aura à coeur de prendre sa revanche après avoir manqué son premier meeting avec les Américains. Parce qu’il demeure l’un des meilleurs joueurs serbes sur l’ensemble du tournoi, même en sortie de banc. Parce que ses camarades Milos Teodosic, Nikola Jokic et Miroslav Raduljica seront surveillés comme le lait sur le feu par la défense U.S., lui laissant du coup plus d’espace. L’Europe connaît déjà Bogdan Bogdanovic et la planète basket entière va bientôt apprendre à écrire son nom. Il est temps de sauter dans ce putain de wagon.