Brooklyn Nets, les douze salopards

12 joueurs snobés, disparus et revanchards se sont vus proposer une mission suicide : prendre d'assaut la ligue avec un commando de mal-aimés.

Brooklyn Nets, les douze salopards
Les Brooklyn Nets vont peut-être nous faire un remake du célèbre film de Robert Aldrich (The Dirty Dozen), lui-même inspiré du roman du même nom. Dans l'oeuvre de E.M. Nathanson, douze criminels en proie à une condamnation sont envoyés au casse-pipe en Bretagne dans une mission périlleuse, pour ne pas dire impossible : prendre d'assaut un château où séjournent une trentaine de hauts dignitaires nazis dans l'optique d'en buter le plus possible. [superquote pos="d"]Pas assez fort pour les playoffs et aucun pick pour tanker... Une mission suicide[/superquote]Les douze acteurs (enfin quinze, mais trois seront placés sur la liste des joueurs inactifs) de la franchise new-yorkaise n'ont évidemment pas de compte à rendre à la justice. Mais leur casier en NBA est si peu glorieux qu'il s'agit peut-être d'une dernière chance de percer dans la grande ligue pour une majorité d'entre eux. Ils sont les mal-aimés. Les moches. Toutes nos excuses pour tous ceux qui se passionnent pour les Nets (regards pointés vers le compte Twitter France de la franchise et vers les trois ou quatre fans perdus ici et là) mais l'organisation ne fait pas rêver. Au contraire. Son effectif est peut-être le plus dégueulasse de la ligue. Si seulement ce n'était que ça. L'équipe n'a pas d'âme. La franchise n'a pas d'âme. Pas de public. Pas même un objectif. Elle n'est pas assez forte pour viser les playoffs ni même espérer se mêler à la course. Elle ne peut pas non plus tanker étant donné que les Boston Celtics ont la possibilité d'échanger leur prochain pick avec celui de Brooklyn -- grâce au génie de Billy King, ex-GM des Nets. Tous les éléments sont réunis pour passer une saison de merde du côté de BK. A vrai dire, s'il fallait faire un Power Ranking des franchises NBA, les Brooklyn Nets figureraient en dernière position. Mais autant vous le dire tout de suite : cette équipe, aussi laide soit-elle, ne terminera pas lanterne rouge de la saison. Oh que non.

Les oubliés, les revanchards et les chasseurs de prime

[caption id="attachment_338719" align="alignleft" width="318"] Sean Kilpatrick, le symbole de cette équipe des Brooklyn Nets avec des inconnus dont tout le monde se fiche mais qui se battent comme des lions pour une place en NBA.[/caption] Il fallait soit être un sociopathe complet soit un dépressif soit un abruti pour accepter le poste de GM des Brooklyn Nets. Sean Marks, nouveau titulaire du poste, se situe donc quelque part entre ces trois hypothèses. La franchise n'a pas de vrai pick pour se reconstruire ni l'ossature pour attirer des joueurs confirmés. Mais le dirigeant a à coeur de prouver qu'il peut faire du bon boulot et peut-être, un jour, faire des miracles. Relever les Nets serait une sacrée punchline sur un C.V. si Marks venait à convoiter un poste plus prestigieux dans un futur pas si lointain. Il y a donc quelque part un challenge suffisamment intéressant pour donner à l'ancien joueur NBA l'envie de se casser la tête et de trouver la meilleure façon possible de relancer cette équipe. Sa première idée ? Recruter des morts de faim. Des putains de morts de faim. [superquote pos="d"]L'équipe la plus moche de la NBA ne terminera pas dernière à l'Est. NO WAY ! [/superquote]D'abord un coach. Kenny Atkinson. Un ancien assistant aux New York Knicks, aux Atlanta Hawks et... au Paris Basket Racing. Autant vous dire que le mec revient de loin, très loin. Lui aussi peut démontrer qu'il a sa place sur les bancs NBA. Il a été forgé dans le moule de Mike Budenholzer, lui-même issu de la formation Gregg Popovich, et s'il parvient à faire jouer ses hommes selon les mêmes principes -- mouvement, circulation accrue de la balle -- ce serait déjà une victoire. Les Brooklyn Nets étaient impossibles à regarder (et on a essayé, vraiment) sous Lionel Hollins et si l'équipe propose du bon basket, même en manquant éventuellement d'efficacité, ce serait, comme écrit plus haut, un vrai pas en avant. Reste à voir avec qui Atkinson va devoir construire son escouade de forcenés. Marks a dégagé Andrea Bargnani et Jarrett Jack, pas décidés à se battre. Il a misé sur des gars en qui plus personne ne croyait. Revue d'effectif de cette troupe de sans-grades. Brook Lopez, un All-Star oublié : Combien se souviennent réellement du niveau de Lopez, All-Star en 2013 ? Il fut un temps pas si lointain où le sept pied était comparé à Tim Duncan. Ouais. Tim Duncan. Vraiment. Sans ses blessures, le fan de Chewbacca serait peut-être encore considéré comme l'un des meilleurs pivots de la NBA. Il n'est jamais descendu sous la barre des 17 points depuis sa saison rookie mais il a manqué 153 matches en cinq ans. Il reste un joueur sacrément talentueux, capable de jouer poste bas ou de shooter à mi-distance, et il claquait plus de 20 points par match la saison passé. Il est temps que Brook retrouve ses lettres de noblesse. [superquote pos="d"]Jeremy Lin à la recherche de la magie new-yorkaise perdue [/superquote]Jeremy Lin, à la recherche de la magie perdue : Il y a quatre ans, Lin était si populaire, si phénoménale et si inattendu que même David Pujadas et France 2 ont fait un sujet sur le porteur d'eau devenu star des New York Knicks. Le J.T. de France Télévision, une chaîne qui a encore du mal à épeler le nom de Boris Diaw. La suite de la carrière de Lin fut solide -- par moment -- mais nettement moins glorieuse et l'ex-sixième homme des Charlotte Hornets est de retour dans la grosse pomme avec l'ambition de retrouver la vibe new-yorkaise. Luis Scola, toujours prêt au combat : De toute façon, Scola a l'allure pour aller se battre avec des hooligans argentins après un match de foot. Greivis Vasquez, le super sub snobé : Il y a un an, le meneur vénézuélien était l'un des hommes clés des Toronto Raptors, une franchise montante à l'Est. Il s'est blessé, a joué seulement une vingtaine de match avec Milwaukee et le voilà oublié de tous cet été. A lui de se refaire un nom afin de signer un deal bien plus juteux après la seconde hausse du Cap en 2017. [superquote pos="d"]La dernière chance d'Anthony Bennett, le plus gros flop de l'histoire[/superquote]Anthony Bennett, la dernière chance du plus gros flop de l'histoire : Le Canadien est bien parti pour avoir la carrière la plus triste possible pour un premier choix de draft. C'est sans doute sa dernière occasion de se faire une vraie place en NBA. Alors autant sortir les griffes. Caris Levert, le maudit : Victime de graves blessures, l'ancien prodige de l'université de Michigan disposera d'un environnement idéal pour se montrer sans subir trop de pression. Lui aussi a une revanche à prendre sur la vie. Rondae Hollis-Jefferson, Trevor Booker et Bojan Bogdanovic, les guerriers qui ne lâchent rien : Ces trois là ne sont pas du genre à juste baisser les bras et à se laisser marcher dessus. HJ est un jeune joueur talentueux, très solide défenseur. Bogdanovic a lâché un match à 44 points l'an passé et il est susceptible de mettre quelques cartons tout au long de la saison. Randy Foye, le chasseur de chèques : Comme Vasquez et Scola, Foye sera free agent en 2017. Le Cap devrait alors dépasser les 100 millions de dollars. L'argent va encore couler à flot. Malin, l'arrière déjà rincé est venu à Brooklyn avec peut-être l'ambition de gonfler ses statistiques dans l'optique de signer un contrat un peu plus juteux. Mais au moins il va chercher à se montrer. Joe Harris, Isaiah Whitehead, Justin Hamilton et Chris McCullough, les inconnus en quête d'opportunités : ces gars-là ont tout intérêt à profiter de cette saison pour essayer de se faire un nom. Ils n'auront peut-être jamais autant de temps de jeu qu'à Brooklyn et c'est le moment idéal pour gagner sa place dans la ligue. Sean Kilpatrick, l'exemple à suivre pour les quatre joueurs cités plus haut : Kilpatrick a débarqué aux Nets pour deux contrats de dix jours et il a gagné un spot dans le roster en compilant 13,8 points de moyenne sur une vingtaine de match. Il n'est pas le plus talentueux mais il va au charbon, en attaque comme en défense. Exactement la mentalité recherché à Brooklyn. http://www.dailymotion.com/video/x4t0jax

La première pierre de la longue reconstruction des Brooklyn Nets

[caption id="attachment_300433" align="alignleft" width="318"] Brook Lopez sent un réveil de la force à Brooklyn.[/caption] A première vue, il était donc facile de penser que les Nets n'avaient rien à jouer cette saison. Mais c'est une erreur. C'est le raisonnement logique si l'on reste focalisé sur l'équipe et pas sur les hommes qui la composent. Ces gars-là vont devoir se battre. Ils n'ont pas envie d'être ridicules. Ils n'ont pas envie de finir derniers et de filer un choix de draft très haut placé -- ce qui semble quand même inévitable -- aux Boston Celtics. C'est aussi, pour certains d'entre eux, leur carrière professionnel qui est en jeu. Et rien que pour ça, ils devraient faire mieux que d'autres équipes en reconstructions peuplées de rookies dont l'avenir est assuré pour au moins quatre ans. Ils sont revanchards, du GM au douzième homme du banc en passant par la star et le coach. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, là encore, il y a un objectif clair pour les Brooklyn Nets.
[superquote pos="d"]"La culture est différente. On bosse tous. Je n'avais jamais vu ça ici." Brook Lopez[/superquote]"La culture est différente, l'état d'esprit est différent et l'énergie est différente", soulignait Brook Lopez à propos des changements dans l'équipe cet été. "On va dans la bonne direction. Tous les joueurs sont déjà là à bosser. Personne n'est à l'heure, tout le monde suit ses traitements, tout le monde va faire de la musculation, tout le monde arrive en même temps à la salle. Il y a beaucoup plus d'alchimie. Je n'avais jamais vu ça ici. Il y a une vibe différente."
Un changement de culture. C'est exactement ça le but de la saison. Plutôt que de perdre une année, les Nets veulent instaurer une nouvelle mentalité et poser les bases -- au moins dans les têtes -- de leur prochaine identité. Leurs adversaires et éventuelles futures recrues se souviendront que les gars jouent ensemble et se donnent sur le parquet à Brooklyn. Des joueurs solides qui ne jouissent pas du statut de superstar pourraient être attirés par une franchise avec un tel état d'esprit. Et c'est en progressant année après année que les Nets pourront finalement un jour profiter de l'attractivité d'une grande ville comme New York pour finalement signer une star à un moment ou un autre. Mais pas pour l'instant. Pour l'instant, ils ne font pas de bruit. Pas de gros titres. Juste ils bossent. Et ils arrivent le couteau entre les dents, prêts à faire taire les sceptiques, prêts à se battre pour leur place.