Quel avenir pour les Cavaliers de LeBron James ?

Défaits en finales NBA, les Cleveland Cavaliers ont les arguments pour retrouver les sommets dès la saison prochaine. Mais avec quelle équipe ?

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Quel avenir pour les Cavaliers de LeBron James ?
« Toutes les histoires n'ont pas une fin heureuse », remarque David Blatt. Le parcours des Cleveland Cavaliers en playoffs force le respect mais il laisse un goût d'inachevé. Après avoir affronté l'adversité et après avoir mené 2-1 en finales NBA, la franchise de l'Ohio a finalement rendu les armes contre une équipe de Golden State Warriors plus complète et tout simplement plus forte. Pour LeBron James, la déception est peut-être encore plus forte. Au point où la superstar a avoué qu'elle aurait préféré « ne pas faire les playoffs du tout. » Le King a concédé sa quatrième défaite en six participations aux finales NBA. Une tâche dans son CV même si ses performances lors de la série contre Golden State l'ont élevé une nouvelle fois au rang de légende vivante de cette ligue. [superquote pos="d"]"Je ne me souviens pas d'une équipe qui soit allée en finale NBA sans ses deux All-Stars." LeBron James[/superquote]LeBron James n'a pas cherché d'excuse après cette nouvelle désillusion. Mais il a tout de même tenu à souligner les épreuves auxquelles ont dû faire face son équipe, privée de Kevin Love et Kyrie Irving pendant la quasi-intégralité des finales (Love était out depuis le premier tour et Irving a uniquement joué le Game 1).
« Je suis un historien du jeu et je n'ai pas le souvenir d'une équipe qui soit allée en finale sans deux de ses All-Stars », rappelle LeBron James.
Ni Kyrie Irving, ni Kevin Love n'ont joué la moindre rencontre en playoffs avant cette saison. Les deux ont démontré qu'ils étaient susceptibles d'avoir un impact sur le succès de leur équipe au plus haut niveau de la compétition. Le meneur All-Star a fait l'étalage de son talent contre Boston avant d'être gêné par des blessures au pied et au genou. Son corps a fini par le lâcher après le premier match des finales et Irving devra désormais observer une période de trois à quatre mois sans jouer au basket. Love a lui joué le premier tour avant de se blesser à l'épaule suite à un contact rugueux avec le joueur des Celtics Kelly Olynyk.

La création d'une nouvelle identité aux Cavaliers ?

[caption id="attachment_281143" align="alignleft" width="318"] LeBron James a monopolisé la balle à chaque possession, à chaque match des finales NBA.[/caption] Ces deux coups durs (ajoutés à la blessure d'Anderson Varejao en cours de saison) ont esseulé LeBron James, livré à lui-même et entouré essentiellement de seconds couteaux et de joueurs de devoir. Machine de guerre sur le papier, les Cavaliers se sont mutés en équipe de soldats valeureux unis derrière leur général sur le parquet. Ils ont composé avec les moyens du bord.
« Nous avons manqué de talent », admet James.
De talent, sans doute. Mais pas de courage. En revanche, ils ont sans doute manqué d'organisation. Sans Love et Irving, l'attaque reposait essentiellement et même – soyons honnêtes – uniquement sur James. Les Cavaliers ont multiplié les pick&roll possession après possession avec LeBron dans la peau du personnage principal. Visuellement, le résultat est laid et chiant à mourir. Ce n'est même pas très efficace si l'on prend en compte que les Cavaliers ont inscrit seulement 93,8 pts sur 100 possessions en finale. Mais avaient-ils seulement le choix ? Tout miser sur James était la seule solution à ce stade de la compétition.
[superquote pos="d"]"Est-ce que l'on peut conserver la même stratégie toute une saison ? Non." David Blatt[/superquote]« Est-ce que l'on peut conserver cette stratégie ? Non. Ce n'est pas non plus ce que l'on souhaite. Je ne sais même pas si l'on peut continuer comme ça sur l'ensemble de la série », confiait David Blatt à Grantland après le Game 4. « LeBron serait trop fatigué si l'on jouait comme ça toute une saison », ajoute Mike Miller.
Les Cavaliers se sont maintenus en apnée en laissant LeBron James contrôler la balle du début à la fin de chaque possession, du début à la fin de chaque match de la finale. Mais en impliquant très peu les autres joueurs de l'effectif en attaque – si ce n'est pour shooter ou pour prendre des rebonds offensifs – les Cavaliers ont empêché J.R. Smith, Iman Shumpert et compagnie de trouver leur rythme. Les joueurs de devoir de Cleveland étaient finalement assez peu impliqués de ce côté du parquet.

Comment améliorer un effectif déjà pléthorique ?

[caption id="attachment_231281" align="alignleft" width="318"] Kevin Love choisira-t-il de rester à Cleveland ?[/caption] Encore une fois, malgré ce constat, les troupes de l'Ohio n'étaient qu'à deux matches du titre NBA. Deux matches. On peut critiquer LeBron James mais, à l'exception de sa première finale avec le Miami Heat, il s'est toujours incliné face à des équipes plus fortes (les Spurs en 2007 et 2014, les Warriors cette saison). Une superstar seule, aussi stratosphérique soit-elle, ne peut pas porter une franchise jusqu'au titre. Il est donc essentiel pour les Cavaliers de renforcer l'effectif. Les dirigeants vont devoir faire des choix cet été. Ils seront d'abord suspendus à la décision de Kevin Love, susceptible de tester le marché en juillet. L'intérieur n'a pas cessé de clamer son intention de rester dans l'Ohio mais sa fidélité sera sans doute mise à l'épreuve lorsque les premières offres (Los Angeles Lakers ? Boston Celtics ?) arriveront sur la table. A priori, le front office de Cleveland devrait proposer un contrat de cinq ans – et une centaine de millions de dollars – à l'ancienne star des Timberwolves. [superquote pos="d"]En résignant Love, Thompson, Shumpert et Dellavedova, les Cavaliers se mettraient dans le rouge pour plusieurs saisons[/superquote]Tristan Thompson sera restricted free agent cet été. L'intérieur canadien s'est mis en valeur pendant les playoffs et il partage le même agent que LeBron James. Autant dire que ses exigences seront écoutées avec la plus grande attention par les dirigeants des Cavaliers. Lui aussi devrait donc toucher le pactole cet été. Matthew Dellavedova et Iman Shumpert sont dans la même situation contractuelle. Les deux joueurs ont connu leurs moments de gloire pendant les playoffs et il serait étonnant que Cleveland ne cherche pas à les conserver, quitte à leur proposer un contrat sur deux ou trois saisons. J.R. Smith devrait tester le marché et il a redoré quelque peu son blason en excellant au côté de LeBron avant de disparaître pendant les finales. Les Cavs s'apprêtent donc à faire exploser leur tirelire cet été. Ils pourraient battre des records en terme de masse salariale. En se mettant dans le rouge financièrement, la franchise prendrait le risque de se retrouver dans la même situation que le Miami Heat à l'époque du Big Three. Les Floridiens étaient dans l'incapacité de se renforcer chaque été et ils ont multiplié les paris et les contrats au minimum vétéran (Greg Oden, Michael Beasley) tout en se séparant d'éléments clés pour faire des économies (Mike Miller).

Vers la fin du Big Three ?

Et si les Cavaliers prenaient une autre route ? Et si c'était la fin des associations de superstars ? LeBron James monopolise tellement le ballon qu'il n'est pas nécessaire de l'entourer de plusieurs joueurs capables de porter la gonfle.
« C'est le bon schéma pour James. Il a juste besoin de gars qui rentrent des shoots et défendent dur car il s'occupe de tout en attaque », assure Mike Miller.
Avec Kyrie Irving, les Cavaliers disposent d'un lieutenant de luxe capable de peser sur la défense lorsque LeBron est sur le banc et d'exploiter le moindre espace pour contribuer au scoring. En revanche, un cinq composé d'Irving, Love et James est peut-être un peu trop juste sur le plan défensif pour vraiment prétendre au titre NBA. Associer la superstar à des shooteurs purs et des stoppeurs défensifs serait donc la solution pour Cleveland ?
[superquote pos="d"]"LeBron a juste besoin de mecs qui mettent des shoots et défendent dur." Mike Miller[/superquote]« Nous étions à 32 victoires et 3 défaites lors de nos 35 derniers matches avec Kyrie et Kevin », rappelle David Griffin, le GM des Cavaliers. « Nous n'étions pas seulement bons. Nous étions les meilleurs. Cette équipe peut être spéciale. »
Le dirigeant voit juste. Les Cavaliers peuvent encore profiter du chantier permanent au sein de la Conférence Est pour se hisser à nouveau en finale la saison prochaine. Ils sont d'ailleurs les favoris des bookmakers. Le Big Three de Cleveland sera certainement plus fort avec une saison commune supplémentaire. Ils ont les armes nécessaires pour pratiquer un basket plus fluide. Après tout, le Miami Heat de James a franchi un cap entre sa première finale perdue, en 2011, et son premier sacre en 2012. Les Cavaliers peuvent espérer la même progression pour leur armada. A moins qu'ils ne choisissent de prendre une autre voix, moins conventionnelle, moins moderne, en revenant à une équipe composée d'une superstar planétaire, d'une autre star pour l'épauler et de plusieurs joueurs de l'ombre pour encadrer le tout.
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