Comment sauver les Chicago Bulls, mode d’emploi

Les Chicago Bulls ont besoin d'un sérieux nettoyage. Nous nous sommes penchés sur la situation de la franchise pour mettre en place un plan de sortie de crise.

Comment sauver les Chicago Bulls, mode d’emploi
Il y a une pomme pourrie à Chicago. Une pomme bien rouge en apparence mais indigeste. Une équipe des Bulls décevante - peut-être la formation la plus décevante de la saison au vue de son standing à l'Est - neuvième de sa Conférence et sans doute absente des playoffs alors qu'elle ambitionnait de jouer les trouble-fêtes avant le coup d'envoi de la saison. Il y aura des changements cet été, c'est évident. Trois joueurs de l'Illinois ne seront plus sous contrat en juillet - Joakim Noah, Aaron Brooks et E'Twaun Moore - et un quatrième, Paul Gasol, devrait tester le marché cet été. L'occasion pour les Bulls de prendre une nouvelle direction, un nouveau départ. Soyez prévenus : vous n'allez pas apprécier les hypothèses énoncées quelques lignes plus bas. Mais voilà notre plan pour reconstruire une franchise historique qui mérite de figurer plus haut dans la hiérarchie NBA.

Première idée : Transférer Jimmy 'Buckets' Butler

[caption id="attachment_270177" align="alignleft" width="318"] Jimmy Butler est le meilleur joueur de Chicago mais son entente avec Derrick Rose est chaotique.[/caption] A titre purement individuel, Jimmy Butler est mon joueur favori aux Bulls. Et depuis un moment maintenant. L'arrière All-Star est un 'two way' player comme il n'en existe pas des masses en NBA. Il crée du jeu sur pick&roll, il shoote, il défend dur. Il est le meilleur joueur de Chicago mais aussi le plus complet. Accessoirement, il est donc celui qui a le plus de valeur marchande. Et c'est là le point essentiel de la première étape de notre reconstruction des Bulls. [superquote pos="d"]Les Bulls ont un net rating négatif lorsque Butler et Rose jouent ensemble[/superquote]Butler n'est pas un leader né et l'apprentissage de ce nouveau rôle s'est fait dans la douleur, notamment en début de saison, au point où son attitude a même été pointée du doigt dans la presse. Jimmy 'Buckets' a répondu à coup de cartons offensifs mais sa complémentarité avec Derrick Rose - ex-superstar du groupe - n'est pas optimale, autant sur le parquet qu'en dehors. Ne comptez pas sur nous pour descendre le backcourt des Bulls, ni pour alimenter les rumeurs de mésententes entre les deux hommes. Nous ne savons pas ce qui se passe dans le vestiaire de la 'Windy City'. Il s'agit plutôt de constater l'alchimie pas forcément idéale, dans le langage du corps sur le terrain, sur le banc, en conférence de presse, entre deux stars qui peinent aussi à se trouver sur le parquet. Les Bulls ont un net rating négatif (-2,7 points sur 100 possessions) lorsque Butler et Rose sont alignés simultanément. Transférer Derrick Rose semble moins risqué mais sa valeur marchande est nettement moins élevée en raison de ses blessures à répétition et de l'expiration de son contrat qui approche en 2017. En se séparant de Jimmy Butler, les dirigeants chicagoans ont la possibilité de faire venir une autre star susceptible de mieux correspondre au profil de l'ancien MVP. DeMarcus Cousins est peut-être le seul joueur réellement intéressant - et éventuellement disponible - pour les taureaux mais il est difficile d'imaginer les Kings échanger leur pivot dominant contre Butler et d'autres assets. Néanmoins, avec les dirigeants de Sacramento, rien n'est impossible.

Trouver un deal pour dénicher Brandon Ingram

[caption id="attachment_305068" align="alignleft" width="318"] Brandon Ingram sous la tunique des Bulls, ça le ferait non ?[/caption] La cible peut finalement être incarnée par un joueur... qui n'a encore jamais mis les pieds en NBA. Les Bulls peuvent attendre le tirage de la draft pour ensuite soudoyer l'équipe titulaire du premier choix en proposant un package incluant Jimmy Butler et le choix des Bulls, attendu entre la dixième et la quatorzième place. Fantasmons. Si Philadelphie récupère le first pick, il peut être intéressant de proposer Butler, un joueur confirmé, à une franchise qui dispose déjà de jeunes joueurs talentueux et prometteurs. Les Sixers devront sans doute rajouter un ou deux éléments dans le deal (les 6 millions de Carl Landry par exemple) pour respecter l'équilibre des salaires échangés. Si c'est Boston, via le pick de Brooklyn, qui remporte le jackpot, il est encore une fois possible de supposer que les Celtics seront intéresser par un joueur du calibre de Jimmy Butler, surtout au sein d'une cuvée qui ne regorge pas de nombreuses "potentielles superstars". Même constat pour les Los Angeles Lakers et même les Phoenix Suns, même si la franchise de l'Arizona a peut-être plus d'intérêt à choisir Ben Simmons. En mettant la main sur le premier choix, les Bulls sélectionneraient Brandon Ingram. Le jeune prodige de Duke est comparé à Kevin Durant - en moins brillant - et il est susceptible de s'imposer comme une menace offensive de choix au côté d'un joueur comme Derrick Rose. Il peut incarner l'avenir de la franchise dans le cas où le meneur choisissait de quitter Chicago en 2017 (ou s'il venait à jamais retrouver un niveau All-Star). Surtout, son style de jeu semble plus complémentaire avec celui de la star locale. Qu'on soit bien clair : il n'y a sans doute aucun joueur de la cuvée de rookies à venir qui vaut réellement Jimmy Butler. Mais quitte à imaginer des hypothèses, autant vraiment s'amuser.

Conserver les jeunes joueurs des Bulls

[caption id="attachment_313453" align="alignleft" width="318"] McDermott a progressé cette saison.[/caption] Justin Holiday (26 ans déjà), Bobby Portis, Doug McDermott... Ces gars-là n'ont pas l'étoffe de stars en puissance mais ils ont tous - à des échelles différentes - prouvé qu'ils avaient leur place en NBA. Les Bulls ont une option sur le contrat d'Holiday qui percevra moins d'un million de dollars l'année prochaine. Une bouchée de pain au sein d'une ligue où le Cap va atteindre les 90 millions de dollars. Les deals de McDermott et Portis sont eux aussi intéressants. Ces trois joueurs peuvent former une base jeune pour un deuxième cinq dynamique. [superquote pos="d"]McDermott, Portis... c'est prometteur[/superquote]Portis tourne à 15 points et 11 rebonds sur 36 minutes. Il y a encore du déchet dans son jeu mais l'intérieur passé par Arkansas est un guerrier - un trait de caractère apprécié dans la 'Windy City'. C'est aussi un rebondeur solide doté d'un tir à mi-distance. McDermott a lui réalisé quelques cartons dignes de ses plus belles années universitaires. Le shooteur s'épanouit au côté de Fred Hoiberg (presque 10 points de moyenne et 43% derrière l'arc) et il un avenir intéressant en NBA. Espérons que Mike Dunleavy lui file quelques astuces pour qu'il prenne le relais de l'ancien troisième choix de la draft.

Laisser filer Pau Gasol, conserver Joakim Noah

Là encore, il est peu probable que les dirigeants optent pour cette hypothèse. Pau Gasol est un All-Star et, à 35 ans, il a encore de très, très beaux restes. Mais, avec la forte hausse du Cap, le payer au prix fort serait un risque - non pas en raison du rendement de l'Espagnol - vu le contexte au sein de la franchise. Chicago a besoin de se réarmer. Les Bulls entament une période de transition alors autant laisser Gasol partir à la conquête d'autres titres tout en conservant Joakim Noah, dont l'âme manque cruellement aux Chicagoans en cette fin de saison. Sa combativité, sa défense et son leadership sont des atouts indéniables pour son équipe. Sa blessure devrait faire baisser sa cote, de quoi le conserver dans l'Illinois sans lâcher un contrat maximum. De son état de santé dépendra aussi sa prochaine fiche de paie.

Profiter de la marge sous le Cap pour engager des joueurs confirmés

Si Brandon Ingram ne comblera pas le vide laissé par Jimmy Butler, le management a tout intérêt à partir à la recherche d'un arrière capable de défendre dur, de driver, de passer et de shooter. Un joueur complet mais moins talentueux que le All-Star. Courtney Lee, aujourd'hui à Charlotte et libre cet été, peut s'avérer être une cible intéressante. Il a la carrure d'un titulaire en puissance et il n'a pas besoin d'avoir la gonfle entre les mains pour s'illustrer. Evan Fournier et Nicolas Batum, les deux Français, sont des options plus intéressantes mais aussi beaucoup plus chères même si un joueur comme 'Batman' serait idéal à Chicago. L'effectif éventuel  Derrick Rose à la mène avec E'Twaun Moore - à resigner - en back-up. Les Bulls peuvent toujours miser sur Mario Chalmers ou essayer de récupérer Gary Payton II au second tour de la draft. Courtney Lee serait l'arrière titulaire avec Justin Holiday derrière lui. Mike Dunleavy, Brandon Ingram, Doug McDermott, Tony Snell (à transférer) se partageront les minutes au poste 3 tandis que Taj Gibson, Nikola Mirotic et Bobby Portis batailleront au poste 4. Voilà qui promet quelques embouteillages mais au moins l'un d'entre eux peut toujours être échangé contre un arrière avant ou en cours de saison. Noah et le Brésilien Cristiano Felicio (pas mauvais !) seront les deux pivots du groupe avec Gibson susceptible de se décaler au poste 5. Rose - Lee - Ingram - Mirotic - Noah ou Rose - Lee - Ingram - Gibson - Noah.

Autre hypothèse plus crédible : garder Jimmy Butler bien sûr !

[caption id="attachment_264477" align="alignleft" width="318"] Et si Al Horford retrouvait Joakim Noah aux Bulls ?[/caption] Honnêtement, il n'est jamais vraiment une bonne idée de transférer son meilleur joueur. Jimmy Butler est l'avenir de la franchise et, dans l'hypothèse ci-dessus, nous insistions sur ses difficultés de cohabitation avec Derrick Rose. Mais miser sur l'ancien MVP plutôt que le All-Star - plus fort, plus jeune - est un risque trop important, même dans le cas où les Bulls récupèrent Brandon Ingram. [superquote pos="d"]Transférer son meilleur joueur n'est jamais une bonne idée... [/superquote]Si jamais le duo entre Rose et Butler venaient à faire chou blanc, il serait préférable de sacrifier le premier, de toute façon free agent en 2017. Butler est susceptible de franchir un cap s'il était associé à un bon meneur-shooteur-défenseur. Imaginer seulement un backcourt constitué de Mike Conley et Jimmy B. Les Bulls peuvent aussi conserver leurs deux stars, voire leurs trois stars avec Gasol, ou profiter d'un éventuel départ de l'Espagnol pour libérer de la place sous le Cap et séduire un intérieur de talent comme Al Horford - ancien coéquipier de Noah à Florida. Le pick à venir est aussi une aubaine pour drafter un joueur confirmé, Denzel Valentine par exemple. On peut imaginer quelques cinq : Rose - Butler - McDermott - Horford - Noah ou même Teague - Butler - McDermott - Horford - Noah (celui-ci envoie du rêve) en cas de transfert de Jeff Teague. Une hypothèse qui ne fait pas les affaires des Hawks mais Al Horford est libre de signer où il le souhaite et il est susceptible de mettre la pression sur ses dirigeants. De quoi négocier un sign&trade envoyant Derrick Rose, Tony Snell et un tour de draft à Atlanta en l'échange de Teague et Horford. Quoi qu'il arrive, les deux prochaines intersaisons s'avéreront décisives pour les Chicago Bulls.