Ces duos qui n’ont pas tenu leurs promesses

Dans l'histoire de la NBA, certains duos extrêmement séduisants sur le papier n'ont pas réussi à satisfaire les attentes. Voici les plus marquants d'entre eux.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Ces duos qui n’ont pas tenu leurs promesses
Partager la responsabilité du bien-être et du succès d'une franchise NBA n'est pas chose facile. Tout le monde ne peut pas avoir la même réussite que Kobe Bryant et Shaquille O'Neal, que John Stockton et Karl Malone ou, pour prendre un exemple plus récent, que Kevin Durant et Russell Westbrook. Être co-franchise player ne convient pas à tout le monde et nombreux sont les exemples d'associations qui se sont révélées être de retentissants échecs après coup. En voici quelques uns.

Kobe Bryant et Dwight Howard, Soft Story

Nous sommes en août 2012 et Dwight Howard décide de calquer ses pas sur ceux de Shaquille O'Neal, dont l'ombre plane déjà sur sa carrière depuis son arrivée en NBA. Après avoir plus ou moins eu la tête de Stan Van Gundy (il maintient encore aujourd'hui qu'il a simplement donné son avis au propriétaire sans jamais poser d'ultimatum), "D12", qui est alors le meilleur pivot de la ligue, obtient son trade vers les Lakers. Du côté de LA, l'optimisme est de mise. Aussi immature soit-il, Howard est une force de la nature et on imagine que son association avec Kobe Bryant va lui permettre de passer un cap et de martyriser les raquettes de la Conférence Ouest. Avec la présence de Steve Nash pour apporter une touche d'expérience supplémentaire (on ne savait pas encore que son physique était aussi irrémédiablement déclinant), le cocktail a tout pour être explosif. Il l'est, mais dans le mauvais sens du terme. Si statistiquement Howard continue d'être convaincant, la mayonnaise ne prend pas avec Kobe, qui lui reproche son éthique de travail et son côté bien trop décontracté sur et en dehors du terrain. Ce qui n'est pas sans rappeler sa collaboration avec le Shaq... Sauf que Bryant n'a plus 20 ans et qu'il n'y a pas un coach comme Phil Jackson pour apporter un peu d'harmonie à ce vestiaire vérolé par le manque de communication entre les deux hommes. Un mal que ne peuvent combler Nash et Gasol, constamment gênés par des blessures. Le Black Mamba enchaîne lui les cartons offensifs pour tenter de sauver ce qui peut l'être et arracher la 8e place à l'Ouest. Son tendon d'Achille ne le supporte pas et il quitte ses partenaires la mort dans l'âme à la mi-avril. Il ne jouera plus jamais avec Dwight Howard, incapable d'éviter le sweep face à San Antonio, qui s'engage avec les Rockets durant l'été. Leurs retrouvailles en 2014 seront le théâtre d'une petite altercation qui marquera les esprits. "Soft ! You're soft !", lancera notamment Kobe, capté par les caméras. https://www.youtube.com/watch?v=aAzWwxcYvBU

Gail Goodrich et Pete Maravich, a kind of Magic...

Difficile de se rendre compte aujourd'hui de la popularité de "Pistol Pete" Maravich et de la classe qu'il dégageait sur le terrain. La star du Jazz était sans doute le joueur le plus flashy et excitant de la ligue à l'époque, en dépit de résultats collectifs finalement très moyens. En 1978, les dirigeants de la franchise de Salt Lake City réussissent un joli coup pour donner un coup de main à Maravich en signant Gail Goodrich, l'une des stars des Lakers à l'époque. Le duo s'en sort correctement en termes de relationnel mais ne satisfait pas les attentes énormes placées en lui. Avec ce backcourt pourtant effrayant sur le papier en termes de scoring et de créativité, le Jazz finit deux saisons de suite avec un bilan négatif (39-43 et 26-56) et voit ses deux arrières se séparer après la retrate de Goodrich en 1979. Le pire dans l'histoire de cette association est à noter a posteriori. En recrutant Gail Goodrich, le Jazz avait accepté de donner quelques tours de Draft aux Lakers en guise de compensation. L'un d'entre eux sera utilisé par les Californiens pour... Magic Johnson. Les fans des Angelenos peuvent remercier la direction d'Utah d'avoir eu la courtoisie de leur offrir, indirectement, l'une des légendes de ce jeu. https://www.youtube.com/watch?v=f0BCvV0oX9o

Grant Hill et Jerry Stackhouse, les deux futurs Jordan

En 1998, les Pistons sont en quête d'un retour au premier plan. Avec Grant Hill dans leurs rangs, que beaucoup ont annoncé un temps comme "le nouveau Jordan" et l'arrivée de Jerry Stackhouse, lui aussi affublé d'une filiation dure à encaisser avec MJ en raison de leur CV similaire sous la coupe de Dean Smith à UNC, l'espoir est de mise. Tout est en place pour la formation d'un duo détonant et explosif à Detroit. Dans les faits, c'est beaucoup plus compliqué. Lors de la saison tronquée par le lockout, Motown finit avec un bilan de 29-21 avant de s'incliner au 1er tour des playoffs contre les Hawks. Rebelote la saison suivante, avec un bilan de 42-40 malgré près de 50 points de moyenne en cumulé pour Hill et Stackhouse, et un sweep terrible au 1er tour contre le Heat. La presse s'emballe et affirme que les deux hommes ne sont pas faits pour évoluer ensemble et que l'un des deux doit partir pour que des role players viennent donner davantage d'équilibre à cet effectif. C'est Grant Hill qui fait le premier pas en signant à Orlando en qualité de free agent. Stackhouse, trop seul, quittera les Pistons en 2002 après avoir vu arriver progressivement les joueurs qui seront à la base du titre de 2004.

Carmelo Anthony et Allen Iverson, trop d'attaque tue l'attaque

En décembre 2006, rien ne va plus entre Allen Iverson et sa franchise de toujours. La direction des Sixers décide de passer à autre chose en acceptant de le trader à Denver. Le deal paraît phénoménal pour les Nuggets, qui n'ont eu qu'à laisser filer quelques éléments moyens pour récupérer l'un des joueurs offensifs les plus meurtriers de l'histoire. Avec Carmelo Anthony en pleine éclosion au poste 3, on se demande comment vont se répartir les tickets shoot, mais les deux hommes font preuve de bonne volonté devant la presse à l'arrivée de "The Answer" et promettent de travailler en bonne intelligence. Pendant deux saisons, leur entente est correcte mais le jeu de l'équipe est bancal et sans sel. Marcus Camby apporte une caution défensive qui permet au groupe de rester compétitif, mais les deux campagnes communes de "Melo" et Iverson se soldent par deux éliminations au 1er tour des playoffs sans que cela ne fasse débat. Certains affirment que l'ancien meneur des Sixers freine la progression d'Anthony et les dirigeants de la franchise du Colorado saisissent l'occasion d'envoyer "AI" à Detroit en novembre 2008, considérant qu'il ne retrouvera plus jamais son meilleur niveau. Le choix est payant puisque l'arrivée de Chauncey Billups, notamment, permet à Denver d'atteindre la finale de la Conférence Ouest l'année suivante. Associer deux attaquants aussi forts mais habitués à être le centre d'attention a rarement été une bonne idée...

LeBron James et Shaquille O'Neal, le Diesel à l'arrêt

Avant de quitter son Ohio natal pour rejoindre Miami, LeBron James est à la recherche d'un partenaire capable de l'aider à conquérir sa première bague. Si possible un adjudant qui ne lui ferait pas d'ombre. A 37 ans et en surpoids, Shaquille O'Neal ne risque pas d'éclipser le "Chosen One" en termes d'exposition, mais sa science de la gagne et son hypothétique retour dans une forme physique acceptable sont des facteurs d'espoir pour Cleveland. Malheureusement, les critiques (justifiées) fusent rapidement. Le Big Cactus peine à se déplacer comme un joueur de basket digne de ce nom et gêne même souvent LeBron dans sa volonté d'attaquer le cercle. O'Neal ne dispute que 53 matches en saison régulière, ce qui n'empêche pas les Cavs de dominer la Conférence Est. Les 11 matches disputés par l'ancien Laker en playoffs ne sont en revanche pas des plus probants et Cleveland quitte la post-saison en demi-finale de Conférence après une défaite face aux Celtics. Avec le recul, là où la présence de Shaquille O'Neal aura été la plus handicapante pour LeBron et les Cavs, c'est en termes de masse salariale, puisque la franchise de l'Ohio aura été incapable de se positionner sur des free agents capables de réellement aider le MVP dans sa quête. Résultat, persuadé qu'il ne pourra pas remporter de titre à la maison, James file rejoindre Dwyane Wade et Chris Bosh à Miami avec le résultat que l'on connaît...

Scottie Pippen et Charles Barkley, une histoire de "cul"

A la fin des années 90, les Houston Rockets ont compté dans leurs rangs Hakeem Olajuwon, Charles Barkley et Scottie Pippen. Certes, les trois hommes étaient en fin de parcours et plus aussi frais qu'à leur apogée, mais les Texans auraient clairement pu mieux exploiter cette combinaison. Particulièrement en travaillant sur la relation entre Barkley et Pippen. Les deux hommes n'ont jamais réussi à développer la moindre affinité lorsqu'ils portaient le maillot des Rockets et chacun a eu l'impression que l'autre voulait marcher sur ses plates bandes. Eliminés au 1er tour des playoffs par les Lakers malgré un Barkley inspiré, les joueurs de Rudy Tomjanovich ont clairement pâti de cette inimitié. Pippen dira de Barkley après son départ l'été suivant : "C'est un gars extrêmement égoïste. Il ne montre pas l'envie de quelqu'un qui veut gagner et si je n'ai plus envie de jouer avec lui, c'est parce qu'il ne montre pas le dévouement nécessaire. Je n'ai pas à m'excuser auprès de lui. C'est lui qui devrait s'excuser pour avoir joué toute la saison avec un gros cul comme le sien". Le nom de Pippen et celui de Barkley resteront néanmoins à jamais liés grâce à leur aventure commune en 1992 avec la Dream Team. Sept ans plus tard, ils auraient peut-être mieux fait de s'en tenir à ce souvenir...

Tracy McGrady et Yao Ming, le duo NBA Live

Les fans des Rockets auraient sans doute aimé que Yao Ming et Tracy McGrady n'accumulent pas autant de blessures durant les cinq années où ils ont porté le maillot de Houston ensemble. Le duo avait tout pour faire d'immenses dégâts sur le papier. Yao était l'un des deux ou trois pivots les plus redoutés de la ligue à ce moment-là et T-Mac l'un des attaquants les plus prolifiques de sa génération. S'ils ont tout de même réussi à atteindre les 50 victoires à trois reprises, les deux hommes n'ont jamais dépassé le 1er tour des playoffs alors qu'ils étaient tous les deux aptes à jouer. Il n'y a finalement qu'en 2009 que Yao, privé de McGrady, a guidé les Texans en demi-finale après un succès contre Portland, avant de contraindre les Lakers à un game 7... Ming et McGrady sont en revanche toujours restés en bons termes, regrettant simplement publiquement de ne pas avoir pu atteindre le potentiel espéré de leur association. Les amateurs de jeux vidéo se rappelleront davantage d'eux avec nostalgie que les fans lambda. Au milieu et à la fin des années 2000, il était très compliqué de battre quiconque prenait les Rockets dans NBA Live, la faute au niveau démentiel de Yao Ming et Tracy McGrady dans plusieurs opus... https://www.youtube.com/watch?v=HpaqW2NFDXc

Dennis Rodman et David Robinson

Avant d'aider Michael Jordan à réussir un nouveau three-peat avec les Bulls, Dennis Rodman a vécu pas mal de rebondissements. En 1992, "The Worm", champion avec les Detroit Pistons en 1989 et 1990, rejoint les San Antonio Spurs où David Robinson règne en maître incontesté. L'arrivée de l'excentrique Rodman offre au coach John Lucas une raquette aussi forte que théoriquement complémentaire sur le papier pour permettre à la franchise texane d'afficher ses ambitions dans la Conférence Ouest. Petit problème : les personnalités de Rodman et de l'Amiral sont bien trop différentes pour qu'une vraie alchimie se créé entre eux. En voyant débarquer son camarade avec les cheveux teints en rouge, violet et bleu pour le premier match de la saison, Robinson croit halluciner. S'il reste performant sur le terrain, Rodman commence à faire parler de lui pour son comportement déplacé. Il assène notamment des coups de tête à Stacey King et John Stockton durant la saison, fait les choux gras de la presse people en sortant avec Madonna et se met à dos tout le vestiaire de San Antonio peu habitué à ce style de personnalité. Malgré une saison à 55 victoires, les Spurs quittent les playoffs dès le 1er tour après une défaite en quatre matches face au Jazz. La saison suivante, Rodman est en roue libre et se place en conflit ouvert avec sa direction, s'autorisant un congé lui faisant manquer 19 matches. A son retour, il est victime d'un accident de moto et se blesse à l'épaule, ce qui limite son bilan à 49 matches sur l'ensemble de l'exercice, de quoi lui permettre de dépasser tout juste la limite des 800 rebonds pour être à nouveau élu meilleur rebondeur de la ligue. En playoffs, on pense un temps que le combo Robinson-Rodman va pouvoir atteindre les Finales NBA, malgré les bouderies de plus en plus visibles de ce dernier. C'était sans compter sur les Rockets d'Olajuwon, qui empêchent le MVP Robinson de disputer le titre au terme d'une série accrochée où le Dream profite du manque d'affinités entre ses deux rivaux pour affirmer sa domination. L'Amiral, qui voit Rodman quitter le Texas pour rejoindre Chicago l'été suivant, devra attendre 1999 pour décrocher sa première bague grâce à un jeune intérieur au caractère nettement moins sulfureux : Tim Duncan. The Worm expliquera plus tard que David Robinson n'a rien fait pour l'aider à s'intégrer dans l'équipe et que le seul coéquipier qui acceptait de passer du temps avec lui était Jack Haley.  
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