Enes Kanter, de fiasco à bingo ?

Agaçant au possible avec le Jazz, Enes Kanter a l'air capable de mûrir pour devenir un pivot de haut niveau à OKC.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Autant le dire tout de suite, je ne suis vraiment pas fan d'Enes Kanter. Lors des deux matches disputés par le Jazz à New York la saison dernière, le pivot turc m'avait fait une impression un peu curieuse sur le terrain, comme dans le vestiaire. Celle d'un joueur suffisant et pas assez motivé, à qui sa franchise trouve des excuses et qu'elle ne veut ni froisser ni vexer parce qu'elle croit en son potentiel. On parle quand même d'un joueur pour lequel le Jazz a utilisé un 3e choix de Draft en 2011, en laissant passer d'autres intérieurs aujourd'hui plus avancés que lui comme Nikola Vucevic (#16), Jonas Valanciunas (#5), sans parler d'éléments à d'autres postes devenus des All-Stars comme Klay Thompson (#11) ou Jimmy Butler (#30). [superquote pos="g"]Agaçant de le voir prendre des shoots contre-productifs, défendre mollement et rigoler pendant que Gobert ne jouait pas.[/superquote]Il est probable que mon envie de voir Rudy Gobert être davantage utilisé par l'incompétent Tyrone Corbin à l'époque a joué dans l'opinion que je me suis faite de Kanter. Mais le voir prendre des shoots contre-productifs, défendre mollement et rigoler ensuite (sans doute parce qu'il savait qu'il ferait marrer ses potes en apparaissant dans le Shaqtin-a-Fool) alors que ses collègues tiraient une tête de trois kilomètres de long et que le pivot des Bleus se morfondait sur le banc ou en D-League, c'était quand même agaçant... A sa décharge, personne ne l'a vraiment remis dans le droit chemin en lui faisant comprendre que ses stats étaient trompeuses et qu'il avait besoin de montrer plus de choses malgré son jeune âge (il fêtera ses 22 ans cette année). Le vestiaire de Salt Lake City n'avait pas ou peu de vétérans et le fiasco administratif et financier de son expérience à la fac (la NCAA l'a empêché d'évoluer à Kentucky parce qu'il avait reçu de l'argent de la part du Fenerbahçe) ne l'a pas aidé à afficher de la maturité dans son jeu ou dans son comportement. Aujourd'hui, Kanter a peut-être trouvé chaussure à son pied. Tradé à OKC après avoir publiquement boudé parce que Quin Snyder (un vrai coach pour le coup) lui préférait Gobert dans le 4e quart-temps, ce fils d'un biologiste turc né en Suisse ne pourra plus jouer en dilettante. Du côté du Thunder, même si les derniers mois ont été un peu complexes sportivement parlant, il existe une culture de la gagne et une compétitivité infiniment plus importante que dans l'Utah. Les morts de faim que sont Russell Westbrook, Kevin Durant, Serge Ibaka, Steven Adams ou Nick Collison seront intransigeants et attendront beaucoup de la part de leur nouveau coéquipier, arrivé en remplacement de Kendrick Perkins, très apprécié pour son leadership bien qu'assez peu utile sur le terrain. [superquote pos="d"]"Enes avait l'air de forcer un peu à Utah, comme s'il voulait faire trop de choses à la fois". Steve Novak.[/superquote]Conscient de ce qui lui est désormais demandé dans l'Oklahoma, Kanter a réussi des premiers pas assez intéressants. Certes, c'était face à des Nuggets en roue libre et des Hornets irréguliers, mais au-delà de chiffres impressionnants (10 points, 13 rebonds à Charlotte, 20 points, 12 rebonds et 3 passes la nuit dernière face à Denver), c'est l'attitude de l'intéressé qui a plu, même aux yeux de ses détracteurs dont je fais partie. Des écrans solides, une volonté d'aller provoquer l'adversaire et une combativité accrue (on l'a vu se jeter dans la foule pour sauver un ballon contre Denver, une scène inimaginable il y a peu), voilà les premiers signes du changement chez Enes Kanter. Un début de transformation qui n'a pas échappé à Steve Novak, arrivé en même temps que lui.
"Je trouve qu'il avait l'air de forcer un peu à Utah, comme s'il voulait faire trop de choses à la fois. A mes yeux, la plus grosse différence c'est qu'il joue de manière décontractée. Je ne sais plus qui était à côté de moi sur le banc pendant le match, mais je lui ai fait remarquer qu'Enes avait l'air d'être un joueur différent. Vu son talent, c'est comme ça qu'il deviendra plus efficace", a expliqué le shooteur exclusif sur NewsOK.
Le nouveau numéro 34 du Thunder montre en tout cas une excitation certaine au contact de ses nouveaux partenaires. Histoire de se faire plus facilement accepter, il n'a d'ailleurs pas hésiter à leur passer de la pommade dans la presse.
"Je joue mieux parce que je suis au côté de joueurs incroyables comme Russell ou Kevin. J'ai trop hâte que KD revienne. Pour Serge, c'est pareil. Quand vous savez qu'il vous couvre sur le terrain, vous ne pouvez être qu'à l'aise. On prend tous du plaisir, les shoots rentrent et tout le monde s'encourage. C'est une sensation vraiment agréable".
On se gardera évidemment bien de déclarer que tout se passera à merveille pour Kanter et que son arrivée est le facteur qui permettra à OKC de remporter le titre cette saison. Mais il possède des qualités indéniables capables de faire de lui l'un des meilleurs jeunes intérieurs de la ligue. Sa première mission, avant de donner raison ou non à Sam Presti, sera déjà de trouver où loger, lui qui a changé de couche tous les soirs depuis son trade.
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