Quelle personne faut-il être pour plaire à Gregg Popovich ?

Quelle personne faut-il être pour plaire à Gregg Popovich ?

Si les Spurs sont aussi performants chaque année, c'est parce que Gregg Popovich ne choisit pas ses joueurs au hasard.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
On a souvent une perception erronée de Gregg Popovich. L'image glaciale qu'il donne lors des interviews au bord du terrain et, parfois, en conférence de presse, ne correspond pas à ce qu'il est. Pas complètement en tout cas. Lorsqu'il le décide, le coach des San Antonio Spurs est bavard. On l'a vu cette année au moment d'évoquer des problèmes de société ou son dépit de voir Donald Trump exercer la plus haute fonction. Toujours juste, précis et réfléchi. C'est dans cet ordre d'idée que "Pop" a accordé un entretien à Hoops Hype sur le thème du caractère et de la personnalité des joueurs qu'il a eu sous ses ordres et qu'il cherche encore aujourd'hui pour entretenir la flamme et l'ADN des Spurs.

Susceptibles et Droopy en herbe, passez votre chemin

Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili et les autres membres importants de la dynastie se sont fréquemment payés des poilades, en public comme en privé. Bonne humeur et capacité à pratiquer le trait d'esprit et la boutade sont fondamentaux aux yeux de Gregg Popovich.

"Avoir le sens de l'humour est extrêmement important pour mon staff et moi. Je pense que si une personne n'est pas capable de se moquer d'elle-même dans une situation drôle, elle aura du mal à se livrer au sein d'un groupe. [...] Prenez Tim Duncan. Il ne change jamais d'expression faciale, mais il peut vous balancer un truc et faire le malin n'importe quand. Pendant un temps mort, je vais me mettre sur son dos et lui demander s'il va finir par faire quelque chose sur le terrain et prendre un rebond. Et lui, juste avant de retourner sur le terrain, il va me dire : 'Hey, Pop. Merci pour les encouragements'. Il est facétieux mais personne ne voit ça chez lui. Un joueur qui a cette caractéristique tout en étant respectueux, c'est une bonne chose".

Rageux et individualistes itou

Ca ne surprendra personne, mais jamais Pop ne s'attardera sur un joueur dont la personnalité lui semble individualiste. S'il décèle le moindre signe de volonté d'exposition individuelle au détriment du collectif, il passera son tour. La discrétion et l'humilité que l'on peut retrouver chez Kawhi Leonard par exemple, sont évidemment très appréciées.

"Quand je rencontre un gamin, je cherche des choses spécifiques. Ça se passe durant les exercices à la salle, un dîner qu'on va partager ou lors d'un camp pour free agents. Être capable de savourer le succès de quelqu'un d'autre est crucial. Si quand j'interviewe le gars il me dit : 'J'aurais dû être sélectionné parmi les All-Americans mais ils ont pris machin à ma place', ou 'mon coach aurait dû me faire jouer plus, il ne m'a pas aide', je ne vais pas le recruter. Il y aura un problème à un moment ou à un autre. Il pensera forcément qu'il doit jouer plus ou ses parents vont lui dire qu'il devrait avoir plus de minutes. Son agent va nous téléphoner un peu trop souvent. Je n'ai pas besoin de ça. Je trouverai quelqu'un de moins fort mais qui n'a pas ce trait de caractère".

"Evidemment, l'éthique de travail est importante. On la décèle à travers notre scouting. Pour les potentiels picks de Draft, on va à leurs entraînements au lycée ou à la fac pour voir comment il réagit dans un collectif. On veut voir si le joueur arrive à se projeter au-delà de lui-même. S'il parle constamment de lui, s'il répond sans prendre le temps de réfléchir à ce qu'on lui a dit, ce n'est pas bon signe. Dans le cas contraire, on se dit qu'il acceptera le rôle qu'on lui donnera. Il encaissera le fait de ne pas jouer pendant un match."

Il aime les parcours personnels complexes

Passer par des moments difficiles sur le plan personnel ou sportif forge le caractère. Gregg Popovich en est persuadé. Les Spurs ont souvent misé sur des joueurs à la trajectoire peu banale. Ou qui ont vécu des drames assez tôt dans leur vie. Pour ne citer qu'eux, Tim Duncan a perdu sa mère à 13 ans et le père de Kawhi Leonard a été abattu à Compton.

"On regarde aussi leur histoire et leur manière de réagir à ce qu'ils ont vécu durant leur enfance. Beaucoup des garçons que l'on voit ont eu une jeunesse très dure et ont pris de sacrés coups. J'aime apprendre qu'un gars a réussi à élever un frère ou une soeur tout seul ou qu'il a réussi à être bon à l'école alors qu'il vivait dans un foyer mono-parental. J'aime aussi savoir qu'ils ont été impliqués dans leur communauté. Ou qu'ils sont revenus d'une blessure sérieuse. Toutes ces choses me montrent leur caractère, leur fibre. Tout ce qui est attaché à leur corps, leur coeur et leur cerveau".

Voilà qui aide à comprendre comment les Spurs sont capables de faire si peu d'erreurs de recrutement et comment ils parviennent à dénicher des pépites. Gregg Popovich a créé une culture, une identité auxquelles chaque joueur, quelque soit son talent, doit se conformer. Les cadres ont beau vieillir ou être partis en retraite, l'esprit reste. San Antonio n'est pas près de sombrer.
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