Isaiah Thomas : l’homme qui a sauvé les Celtics

C'est l'un des joueurs les plus en forme de la Conférence Est. Devenu indésirable chez les Suns, Isaiah Thomas s'éclate chez les Celtics. Comme le lui avait annoncé Isiah Thomas.

Guillaume RantetPar Guillaume Rantet | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Stan Van Gundy est dépité. Les Detroit Pistons n'iront pas en playoffs. Cette fois, c'est sûr. Cette défaite face aux Boston Celtics leur aura été fatale. Les joueurs du Michigan ont été terrassés. Leur bourreau ? Un meneur d'1m75. « Nous ne pouvions pas contenir Isaiah Thomas » lâchait Van Gundy à ESPN après la partie. Dégoûté, mais lucide. Le 8 avril dernier, le nouveau meneur des Celtics frappait une nouvelle fois. Et à un très bon moment. Il sortait tout simplement son meilleur match de la saison, à 34 points, pour éliminer un concurrent des C's de la lutte aux playoffs. 34 points, mais aussi 6 assists et 3 rebonds. Le tout en 30 minutes de jeu. Ce soir-là, Isaiah Thomas le confirmait : il était bien le joueur qui manquait aux Celtics pour survivre parmi Indiana, Brooklyn, Miami, Charlotte et Detroit. Et être l'une de ces six équipes qui accrochera un spot en playoffs. Quand certaines mauvaises langues voyaient déjà Boston couler et rejoindre les Knicks et les Lakers au rang des mythiques franchises en péril, Isaiah Thomas est venu déjouer les pronostics les plus sombres. Voici l'histoire de la rencontre entre une équipe à la recherche d'un scoreur et d'un meneur qui disait ne pas vouloir quitter Phoenix avant de s'épanouir dans le TD Garden.  

Le coup de fil d'Isiah Thomas et les louanges de Danny Ainge

Décembre dernier. Isaiah Thomas est au cœur des rumeurs des trades à venir. Le meneur bouderait. Serait déçu de la tournure que prend la saison des Phoenix Suns. Il aurait même demandé à quitter l'Arizona. Puis il dément. Et prétend vouloir continuer là où il a débuté la saison.
« Les gens disent que je veux être échangé, mais c’est faux » lâche-t-il à l'Az Central. « Je ne suis pas content car nous perdons, et je pense que personne ne l’est avec ce qui se passe actuellement. Nous devons trouver des solutions. Ma famille aime Phoenix donc s’ils sont heureux, je suis heureux. »
Problème : s'il explique ne pas vouloir changer de franchise, les Suns, eux, le rayent de leurs plans. Et réfléchissent fortement à un trade.
« Je ne peux pas trop faire de commentaires car je suis une situation dans laquelle je ne contrôle rien. Le basket, et plus particulièrement en NBA, est un business et vous n’êtes jamais sûr de rien. Vous devez juste rester professionnel et travailler tous les jours » racontait-t-il, désabusé, à Sheridan Hoops.
Si le second meneur à avoir quitté les Suns en cours de saison, Goran Dragic, semble être monté au clash pour évoluer ailleurs, Isaiah Thomas se voyait bien poursuivre chez les Suns. Et a encaissé la décision de ses dirigeants. Quitte à tacler ensuite son ancien coéquipier pour avoir trop fait part de ses états d'âme dans la presse :
« On a bien vu dans les médias qui se plaignait à Phoenix. Moi je n’ai strictement rien dit. »
Direction Boston, donc, ses dix-sept titres, son TD Garden, et sa franchise qui souffre pour accéder à un spot pour les playoffs. Le téléphone sonne. Au bout du fil, son quasi-homonyme. L'ancienne légende des Pistons : Isiah Thomas. Lequel l'avertit : il est arrivé au bon endroit.
« Je pense que j’étais plus content qu’il ne l’était » raconte Isiah au Boston Herald. « Je l’ai appelé dès que j’ai appris le trade, et je lui ai dit ‘Ça va être génial pour toi‘ puis ‘Il y a deux franchises historiques en NBA – LA et Boston – et tu vas avoir la chance de jouer pour l’une d’entre-elles ' »

« Je lui ai aussi dit qu’il aimera Danny (Ainge) et qu’il sera plongé dans la culture basket, qu’il aura autour de lui des gens qui ont remporté des titres, qui veulent des titres et savent comment les remporter. Peu de joueurs ont l’opportunité d’évoluer dans un tel environnement. »

Danny Ainge, l'ancien Celtic devenu directeur exécutif de son ancienne franchise, est aux anges :

« Ce n’est pas une opération à court terme. J’étais fan d’Isaiah Thomas lorsqu’il était à la fac. Je le trouvais déjà sous-coté à sa sortie de Washington. On avait besoin de vitesse au sein de notre backcourt et on a également du mal à scorer. Il fallait quelqu’un capable de driver et de réussir des tirs. Je pense qu’il parfaitement s’intégrer et jouer parfaitement avec Marcus Smart et Avery Bradley. »
Isaiah Thomas était indésirable du côté de Phoenix ? Les Celtics comptent sur lui. Et il ne les décevra pas.

Une exclusion et un regard vengeur

Isaiah Thomas ne mettra pas longtemps pour rassurer Danny Ainge. Deux matches. Le temps d'inscrire deux fois de suite 21 points. Boston tenait là le scoreur qui lui manquait. Lequel n'aura pas mis longtemps pour se révéler. L'envie de bien faire pour ses débuts le conduit à en faire beaucoup. Peut-être trop. Dès son premier match, il est exclu après avoir reçu deux fautes techniques et s'être énervé envers l'arbitre. Ce 22 février, le meneur savait très bien que dès le lendemain, il retrouverait ses anciens coéquipiers dans son ancienne antre de Phoenix. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il aurait l'occasion de les assassiner dans le money-time. Puis de lancer un regard vengeur à son ancien banc et ses anciens dirigeants. Isaiah Thomas tenait sa revanche. Déjà. La suite confirmera que ce trade était une fabuleuse aubaine pour lui. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=D8Z6qy8sbcI[/youtube] [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=D8Z6qy8sbcI[/youtube] Marcus Smart, 21 ans et drafté en 6è position l'année dernière, et Isaiah Thomas, 26 ans et drafté en 60è position en 2011, se complètent parfaitement. Brad Stevens dispose ainsi de deux armes offensives capables de se remplacer sur le terrain ou d'évoluer ensemble. Quand le rookie sombre au scoring, son aîné prend les choses en main. Comme lors de ce fameux 8 avril, lors duquel il a réalisé son record en saison pendant que Smart n'était qu'à 3 petits points. Mais si les Celtics pensaient enfin avoir déniché la perle rare, ils furent effrayés au moment d'apprendre que son dos allait l'empêcher de prêter main forte à ses coéquipiers pour accrocher une 7è ou 8è place. Car Isaiah Thomas a manqué à l'appel entre le 9 et le 25 mars dernier. Une période durant laquelle Boston a gagné cinq fois et perdu trois rencontres. Pas de quoi paniquer. Mais sans son nouveau meneur, les C's n'auraient pas connu une telle fin de saison.

Des coups de chaud et une première en playoffs

Après 21 matches sous ce nouveau maillot vert, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Onze rencontres à 20 points ou plus. Seulement deux à moins de 10 points. Et quinze à 5 assists ou plus. Celui qui s'est vu confier la tâche de faire oublier Rajon Rondo, parti en cours de saison vers Dallas, au poste de meneur, a su s'offrir les Hornets fin février (28 points, 7 assists), NOLA (27 points, 3 assists) et le Heat début mars (25 points, 4 assists). Ainsi que trois énormes performances consécutives entre le 3 et le 8 avril : 23 points, 6 assists et 1 rebond lors d'une défaite face à Milwaukee, 25 points, 4 assists et 2 rebonds dans la victoire des C's face à Toronto, puis ce match plein face à Détroit. Si certains les voyaient déjà tanker à la mi-saison, les hommes de Brad Stevens sont allés chercher, puis ont maintenu leur spot en playoffs. Et ce grâce à l'apport de leur meneur, bon à trois-points (il a réalisé neuf rencontres sur ses 21 à au moins 3 trois-points, et 18 rencontres à au moins 2) mais également capable de pénétrer les défenses adverses avec une grande facilité. Et de provoquer des fautes : face aux Pistons, il a pu tirer dix lancers-francs. Soit autant que tous les Pistons. Un atout qui permet ensuite à ses coéquipiers de se retrouver démarqués. Isaiah n'a alors plus qu'à leur faire la passe. Les Cavs en savent quelque chose. Marcus Smart aussi :
« C'est vraiment génial de jouer avec lui, sa capacité à rentrer dans la raquette et à faire tout ce qu'il fait est incroyable, c'est cool à voir. Il nous rend les choses beaucoup plus simples. »
[youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=D8Z6qy8sbcI[/youtube] Parmi ce « nous », on trouve bien sûr l'auteur de la citation, mais aussi l'arrière Avery Bradley et les intérieurs Brandon Bass, Tyler Zeller et Evan Turner. Autrement dit, un collectif qui tourne bien depuis l'arrivée de Thomas, et qui a su remporter cinq victoires consécutives pour sceller sa participation à la prochaine phase de la compétition. Une participation qu'ils doivent beaucoup à Isaiah, élu meilleur joueur à l'Est lors de l'avant-dernière semaine de saison régulière grâce à ses 23 points, 6 assists et 3 rebonds de moyenne. Lequel sent le parfum des playoffs. Enfin.
« Pour moi personnellement ? Ça représente beaucoup de choses » a-t-il expliqué à un journaliste l'interrogeant sur son sentiment à l'approche de ce qui sera la première série de sa carrière. « Dans ma carrière NBA, je n'ai jamais joué les playoffs. C'est quelque chose que je veux découvrir. On m'a dit que c'est cool, donc j'en suis excité. »
En cette fin, les Suns, eux, n'ont pas pu suivre OKC et New Orleans pour se battre pour accrocher le dernier spot à l'Ouest. Pendant qu'Isaiah Thomas s'éclatait. Et réalisait la teneur des propos dont lui avait fait part Isiah Thomas au lendemain de son trade vers Boston. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=Mc6FzRzAsnM[/youtube]
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