ITW Livio Jean-Charles : « Je vais me présenter à la draft »

Entre deux séances de rab au shoot, dans le calme de l’Astroballe, Livio Jean-Charles est revenu sur sa folle semaine à Portland, où il a étonné son monde en étant sacré MVP du Hoop Summit.

ITW Livio Jean-Charles : « Je vais me présenter à la draft »
« J’étais « refait » d’être sur le site de la LNB », plaisante l’ailier de l’ASVEL, qui prend les choses avec beaucoup de recul et d’humilité. Lundi matin, un scout des Spurs sera présent à l’entraînement de l’ASVEL pour voir de plus près le Guyanais de 19 ans (2,03 m), qui s’inscrira à la prochaine Draft NBA. Livio, lui, a filé en TGV cet après-midi, pour Paris, où il l’attendait un « plateau » de L’Equipe TV. Demain, retour à la Pro A, contre Paris/Levallois (20h30 sur Sport+). Basketsession : Peux-tu nous raconter ta semaine à Portland, déjà ? Livio Jean-Charles : Déjà, c’était un long voyage, c’est super long d’aller là-bas. Je ne savais pas que de New York à Portland ça prenait autant de temps ! Après, c’est une histoire de récupération. C’était bien. Franchement, les infrastructures, les gymnases, tout ce qu’il y a autour, c’est super sympa. J’ai retrouvé des gars que j’avais déjà côtoyés en championnat d’Europe, d’autres que je ne connaissais pas vraiment, ou juste de visu, comme Wiggins, etc… que j’avais vu l’année dernière quand j’avais regardé le Hoop Summit de Léo (Westermann). C’était sympa, il y a tout de suite eu une cohésion entre nous. On s’est entraînés pas mal, il faut le dire, quand même, on a bien couru, mais c’était toujours dans une bonne ambiance, jusqu’au match. Basketsession : T’attendais-tu à devenir MVP du match ? L.J-C. : (Il réfléchit un peu.) Vous savez, c’est comme quand – les basketteurs connaissent ça – tu prends un shoot du milieu de terrain en disant « je serai ça si je le mets ». Et bien dans ma tête, c’était un peu ça. Je me disais « j’aimerais bien être MVP, mais on verra, je vais faire mon maximum. » Mais je ne pensais pas vraiment l’être. Je pensais à faire une bonne prestation, oui, mais je ne pensais pas être MVP. C’était un but, mais pas vraiment concret. » Basketsession : Beaucoup de grands noms du basket sont passés par le Hoop Summit (dont Tony Parker). Y aura-t-il un avant et un après Hoop Summit pour toi ? L.J-C. : Je ne sais pas, je ne sais pas. (Il sourit, un peu gêné.) On ne peut pas prédire l’avenir. Pour l’instant, c’est plus les playoffs et l’ASVEL. Après… Est-ce qu’il y aura un après ? On verra. Mais c’est vrai que ça m’a motivé, ça m’a donné du peps. Je me suis dit que j’avais écrit un peu mon nom dans l’histoire du Hoop Summit, donc c’est sympa. En plus, c’est la première fois où on gagne deux fois de suite, avec l’équipe mondiale. Et le plus gros écart, aussi. Basketsession : La présence de Mouhammadou t’a-t-elle aidé à signer cette performance ? L.J-C. : Ouais, on se connaît vachement bien. C’est vrai que c’est plus facile de dialoguer avec lui, parce qu’il n’y a pas à réfléchir à comment traduire en anglais. C’est spontané. Je le connais, il me connaît, donc c’était sympa. C’était un avantage. Basketsession : Vas-tu te présenter à la Draft, après cette performance ? L.J-C. : Oui, normalement. Basketsession : C’est le Hoop Summit qui t’a convaincu de le faire ? L.J-C. : (Il réfléchit.) Je me disais que je ne savais pas, je n’étais pas encore sûr de moi, et c’est vrai que le Hoop Summit m’a poussé à le faire. Il faut battre le fer quand il est chaud, comme on dit. Basketsession : Ne penses-tu pas que ça pourrait être trop tôt. Après tout, tu n’as qu’un an et demi de Pro A ? L.J-C. : Ouais, ouais, c’est vrai. Après, trop tôt, je sais pas… Je vois une porte qui s’ouvre. Si je peux rentrer, j’y rentre ! (Il sourit.) On ne sait jamais quand elle va se réouvrir. Si l’occasion vient, je plonge. Après, ce n’est pas encore dit, premièrement. Et de deux, on ne sait pas encore dans quels termes je vais y aller. Basketsession : Si demain tu devais être drafté au premier tour, avec un contrat garanti, est-il certain que tu irais en NBA ? L.J-C. : Premier tour, déjà, ça serait super bien. (Il s’arrête.) Nan, franchement, je sais pas. Je n’y suis pas encore, donc… Basketsession : Après avoir été draftés, Nando De Colo était resté en Europe pour s’aguerrir, Evan Fournier est parti tout de suite… L.J-C. : Ça dépend des franchises, ça dépend de ce qu’ils proposent. S’ils te veulent tout de suite, ou pas. Ça dépend vraiment de qui te choisit. Basketsession : As-tu déjà eu des retours de franchise ? On sait qu’un scout de San Antonio sera présent lundi à l’entraînement… L.J-C. : Je n’étais même pas au courant ! J’ai eu un peu de retour, mais mon agent (Pedja Materic) essaye de ne pas me mettre la pression, comme il sait que j’ai les playoffs. Il m’en parle, mais en restant vague. Pour que je reste concentré sur le championnat français, que je ne m’enflamme pas. Même s’il sait que je ne suis pas un gars qui s’enflamme. Basketsession : La NBA te fait rêver depuis toujours. Y a-t-il une franchise qui te fait plus rêver qu’une autre ? L.J-C. : J’aime bien jouer en vert, parce que j’ai toujours joué en vert. Ici, en Guyane… Il n’y a qu’à l’INSEP que j’ai joué en blanc. C’est vrai que j’aime bien les Celtics. En même temps, il y a du monde là-bas aussi. De toute façon, il y a du monde partout ! (Il sourit.) Basketsession : Tu ne diras pas du mal des Spurs, hein ? L.J-C. : Nan ! (Il rigole.) J’aime bien les Spurs, aussi. Il y a une petite troupe française là-bas. Basketsession : Tu es sur un nuage, là ? L.J-C. : Ouais, mais je commence à redescendre, parce qu’il y a match demain. Il faut redescendre. Mais c’est vrai que j’étais sur mon nuage d’être MVP. C’était mon deuxième titre de MVP, j’étais vraiment content. D’avoir ses parents et les gens tout autour de soi qui te félicitent, c’est vraiment super. Basketsession : Tu as vu Nico Batum, après le match. Que t’a-t-il dit ? L.J-C. : Il m’a félicité pour mon match. Il m’a dit que TP l’avait appelé et qu’il était content de moi. Et comme je l’ai dit dans la presse, il m’a parlé de l’histoire des points (ndlr : Batum en avait mis 23 en 2007). Il était vraiment super sympa. Il est venu à nos entraînements, il est super ouvert, c’était super. Basketsession : Tu as eu le temps de suivre ASVEL – Gravelines ? L.J-C. : Ouais, je suivais le live. Mais j’ai eu entraînement juste au milieu. Genre au troisième quart-temps, ils menaient de 20 points, je suis parti, et je reviens après, je vois +2, je me dis « oooh, c’est chaud » (Il rigole.). Mais on a gagné, donc c’est sympa. A +20, j’étais sûr que Buycks allait s’énerver à un moment. C’était sûr ! Basketsession : L’ASVEL est déjà en playoffs à deux journées de la fin… L.J-C. : Ouais, c’est une garantie. Après, il faut passer dans le top 4 pour avoir l’avantage du terrain. C’est ce que tout le monde se dit, forcément. On veut jouer à la maison. En plus, on n’a pas encaissé beaucoup de défaites ici cette saison. Pourquoi se mettre en difficulté alors qu’on peut je pense se faciliter la tâche en jouant à domicile ? Basketsession : Demain, y’aura-t-il une revanche à prendre face à Paris, qui vous a récemment battu en Coupe de France (72-65 le 10 avril) ? L.J-C. : C’est clair qu’on y pense, parce que c’était une finale donnée, quoi. C’est le plus frustrant de perdre en demie, on avait juste une marche à franchir pour y aller. Ils nous ont privés de ça. Après, ça nous a permis de voir nos points faibles contre Paris et de travailler ça pour le match de demain. Donc on va tout donner et puis il faudrait que ça passe. On l’a bien préparé. Bon, moi, je n’étais pas là dès le début… Basketsession : Que t’ont-dit tes coéquipiers quand tu es rentré mardi ? L.J-C. : Ils m’ont chambré, ils m’ont chambré… Du genre « oooooh t’as changé ! ». C’est pas vrai, mais bon, c’est comme ça. (Il rigole.). Qui m’a chambré ? Edwin (Jackson), Amara (Sy)… C’était sympa. Basketsession : Si tu n’es pas drafté, tu vas faire les camps d’été ? L.J-C. : Si je ne suis pas drafté, déjà, j’irai aux championnats d’Europe (U20), en Estonie (ndlr : du 9 au 21 juillet). Après, la saison recommence, puisqu’on finit fin juillet. Basketsession : Tu as reçu un coup de fil de Vincent Collet après ta performance ? L.J-C. : Non, non. Basketsession : Et de la Fédération ? L.J-C. : Non, non, mais j’étais déjà refait d’être sur le site de la LNB ! (Il se marre.)