Jeff Green a-t-il l’avenir des Celtics entre les mains ?

Le changement de cap des Celtics sonne comme un nouveau – voire un premier – départ pour Jeff Green, appelé à devenir la première option offensive de Boston la saison prochaine.

Jeff Green a-t-il l’avenir des Celtics entre les mains ?
Tanking ou pas tanking, les Boston Celtics vivront sans doute la saison prochaine un exercice frustrant, conséquence de l’effet « appel d’air » occasionné par les départs conjugués de leur emblématique coach Doc Rivers (Clippers) et de leurs joueurs majeurs Paul Pierce, Kevin Garnett et - à une moindre mesure - Jason Terry (BK). Si d’aventure la jeune équipe du néophyte (en NBA) Brad Stevens atteint le top 8 dans une Conférence Est aux talents très disparates, elle n’ira probablement pas au-delà du premier tour des playoffs, exactement là où l’ère du « Big Three » a définitivement pris fin le 4 mai dernier, face aux Knicks de Melo (4-2). Lors de ce premier tour aux allures de fin de règne - tout du moins de période faste - pour le champion 2008, un homme, justement appelé à prendre ses responsabilités offensives la saison prochaine, avait pointé le bout de son nez : le « swingman » Jeff Green. Meilleur marqueur de la série (17 pts à 43,5%, 45,5 % à 3 pts) devant l’icône « vieillissante » Paul Pierce (16,2 pts), l’ancien Hoya avait alors laissé entrevoir l’étendue de son formidable potentiel. Jusque-là 3e ou 4e option des C’s au scoring, le natif de Cheverly (Maryland) se retrouvera par la force des choses propulsé sur le devant de la scène cet automne (coup d’envoi pour Boston le 1ernovembre au TD Garden contre Milwaukee), surtout si Rajon Rondo venait à manquer le premier mois de la saison.

L'OPPORTUNITÉ DE CREVER L'ÉCRAN

A y regarder de plus près, cette opportunité de franchir significativement un cap sera la première dans la carrière encore en pointillé du 5e choix de la draft 2007. Logiquement en arrière-plan du tonitruant duo Durant - Westbrook lors de ses années à OKC, sans doute parfois freiné par sa polyvalence (jusque-là, il aura souvent été trimballé entre les postes d’ailier et d’ailier-fort), stoppé net par une opération du cœur qui lui fit manquer l’intégralité de la saison 2011-2012, le courageux Green passera dans les semaines qui viennent du banc de touche (backup de Pierce) au cinq majeur.
Les progrès affichés la saison dernière par l’élégant n°8 de Boston en annoncent d’autres, à l’évidence. Parce que malgré son inconstance (les mauvaises langues le disent capables de claquer le tomar de l’année et de s’éteindre pendant les 30 minutes qui suivent), le spectaculaire Jeff Green a été l’une des rares satisfactions dans la terne saison des C’s.

Jeff Green Vs Chris Andersen

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Jeff Green Vs Al Jefferson

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Jeff Green Vs Chris Bosh

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=eVyZpvwSyxs[/youtube]
Son jeu offensif s’est équilibré, lui qui se montre à la fois redoutable au drive et précieux derrière l’arc (38,5% la saison dernière, son meilleur bilan en carrière, à relativiser, cependant, avec son faible nombre de tentatives – 2,2). Sa montée en puissance après le All-Star break est d’ailleurs assez éloquente, puisqu’il a progressé dans les domaines statistiques majeurs d’une moitié de saison sur l’autre (de 9,8 à 16,6 pts, de 0,8 à 2,5 assists et de 3,2 à 5 rbds). Tout le monde a encore en mémoire son fabuleux mois de mars, marqué par :

Son game-winner à Indiana, le 6

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Son buzzer beater à Cleveland, le 27

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=cDHUgJbsOB4[/youtube]

Et entre les deux, évidemment, son show du 18 face au Heat

[youtube hd="1"]http://www.youtube.com/watch?v=4Rsy_bfaZ_I[/youtube] Titularisé au poste 4 en l’absence de Kevin Garnett, Jeff Green avait dynamité la défense des Bosh, Battier ou encore Andersen (43 pts à 14/21, career high), drivant avec férocité ou s’écartant du cercle pour faire parler son adresse dans le corner gauche (5/7 à 3 pts). A défaut d’empêcher la défaite des C’s (103-105), son énergique récital avait marqué les esprits.
“Jeff a montré ce qu’il est capable de faire. C’était un exemple (de ce qu’il peut faire), aujourd’hui », confiait ce jour-là Paul Pierce à ESPN.

DOCTEUR JEFF ET MISTER GREEN

C’est tout le « problème » avec les joueurs pétris de talent. Ils ne peuvent pas se cacher. Et quand ils s’éteignent, cela se remarque. Dans le cas de Green, il était encore « possible » de s’endormir la saison dernière, avec des leaders comme Pierce et KG pour jouer les premiers rôles. Mais à compter de la saison prochaine, il devra enfin faire preuve de constance dans le rôle du scoreur désigné, et par la même occasion faire taire les observateurs qui voient en lui un « nice guy », un joueur soft de nature.
Pourquoi ces critiques, sans doute un peu sévères compte tenu de son parcours et de son âge (il aura 27 ans le 31 octobre) ? Jeff Green, par exemple, est trop peu présent au rebond (3,9 l’an passé, son plus bas total en carrière) compte tenu de sa détente, de ses qualités athlétiques et de son poste (3-4). S’il est réputé défenseur de bon calibre (surtout loin du cercle), ses sautes de concentration lui jouent aussi des tours dans ce secteur, et à ce titre, les départs de Doc Rivers et KG ne sont pas forcément une bonne nouvelle pour lui. Autre exemple de son manque d’agressivité, il n’a obtenu que 3,3 lancers francs par match la saison dernière, un total plutôt faible pour un joueur filant aussi souvent au cercle (on est loin des 10,2 de James Harden…). S’ils veulent établir une septième saison consécutive à plus de 50% de victoire, les Celtics auront besoin d’un Green mordant. D’autant que son rendement offensif a un impact direct sur les résultats de son équipe. Ses statistiques au shoot – recensées par le site Bleacher Report - lors des 41 victoires de Boston en 2012-2013 : 48% FG, et 40% longue distance. Lors des 40 défaites ? 45,2% FG, et 37,1% de loin.

MIP 2014 ?

Jeff Green crèvera-t-il l’écran la saison prochaine ? Réalisera-t-il une saison de All-Star, lui qui sera bien plus ciblé par les meilleurs défenseurs adverses que par le passé ? Nombre d’observateurs le voient déjà comme un candidat très sérieux au titre de Most Improved Player, tout comme Kawhi Leonard ou Derrick Favors, par exemple.
En gagnant un paquet de minutes (de 27 l’an passé à… environ 35 ?), il devrait de facto voir ses statistiques grimper en flèche, même s’il subsiste encore une inconnue autour du temps de jeu alloué à Gerald Wallace (30 min l’an dernier aux Nets). En tout cas, il faut espérer que la densité du secteur intérieur des C’s (Bass, Olynyk, Humphries, Sullinger) permette enfin à Green de se stabiliser au poste 3, là où il semble le plus à son aise.

Son Top 10 Green 2012-2013

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=P8ek7A0pcmE[/youtube]

QUELLE ENTENTE AVEC RONDO ?

Sa progression dépend aussi de son entente avec - l’unique, pour l’instant - franchise player de Boston, Rajon Rondo. Depuis l’arrivée de Jeff Green à Boston, courant 2010-2011, les deux hommes n’ont disputé que… 43 matches ensemble. Difficile, donc, de se faire une idée précise sur la force de frappe de leur association. Le chef d’orchestre Rondo brille balle en main. Green, joueur adepte du jeu en isolation, aussi. La saison dernière, Green s’est montré plus efficace quand Rondo n’était pas sur le terrain : de 17,4 pts sur 36 minutes à 49% (41,5% à 3 pts) en l’absence de Rondo, sa moyenne a chuté à 13,3 pts à 38,2% (29,8% de loin) en présence du créatif meneur des C’s. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’éclosion de Jeff Green est survenue après la grave blessure de Rondo.
[superquote pos="d"]"Je pense qu'on est au toujours sommet de la Conférence Est."[/superquote]Sauront-ils se mettre au diapason sur une plus longue durée ? C’est assurément l’un des challenges inscrits dans la « to-do-list » de reconstruction de Brad Stevens.
« On est des compétiteurs. On voit (cette saison) comme une chance de prouver à beaucoup de gars qu’ils se trompent », confiait récemment Green, faisant allusion dans les colonnes d’ESPN aux supposées - et infondées, selon Danny Ainge himself - velléités de tanking des dirigeants des C’s.   « Je pense qu’on a toujours une excellente équipe, qu’on est toujours au sommet de la Conférence Est avec les gars dont on dispose. »
Avec un nom de famille comme le sien, on serait tenté de dire que la mise sur orbite de Green au sein de la maison verte sonne comme une évidence. Et elle serait bienvenue pour ce joueur au jeu enthousiasmant, qui a signé en août 2012 un contrat de 35,2 millions sur 4 ans (il dispose d'une player option pour la saison 2015-2016) à Beantown. Alors, super Green ou pas super Green ? [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=5goH0hxUM8A[/youtube]