Pourquoi les Sixers ont bien fait de filer le pactole à Joel Embiid

Joel Embiid a signé un contrat faramineux pour un joueur avec si peu de matches en NBA. Pourtant, les Sixers ont fait le bon choix.

Pourquoi les Sixers ont bien fait de filer le pactole à Joel Embiid
Le chiffre a de quoi interloquer. 148 millions de dollars, pour un joueur avec à peine plus d'apparitions en NBA que Percy Miller, aka Master P. Le contrat signé par Joel Embiid, après deux saisons blanches et une à 31 matches dans l'élite, est inédit. Jamais une franchise n'avait misé autant, même sans prendre en compte l'augmentation du cap, sur du potentiel pur. Et vous savez quoi ? Bryan Colangelo n'a pas perdu la tête et cette décision est aussi bonne que pertinente. En dehors de l'incertitude, importante on en convient, autour de sa santé, la voie d'Embiid vers la gloire est toute tracée. Il y a ce que l'on a vu de lui. Le fameux eye-test qui nous a donné l'impression que Joel Embiid était de la race des grands, même sur un échantillon aussi faible. Quiconque s'est posé quelques minutes devant un match de Philadelphie la saison dernière a bien vu que l'équipe était transfigurée lorsque le "Process" était sur le terrain. En attaque, comme en défense. Il y a aussi le ressenti de ses coéquipiers et parfois de ses adversaires. Brett Brown parle de lui comme s'il s'agissait de Mozart, comparant le côté autodidacte et intuitif du Camerounais à celui d'un musicien à l'oreille absolue.

"Il me fait penser à ces gens qui écoutent la musique une fois et sont capables de la rejouer immédiatement derrière. Sa seule présence change l'atmosphère de la salle quand il arrive à l'entraînement. J'ai vu des difference makers quand je travaillais avec les Spurs. C'en est un et il a une opportunité incroyable d'être un très grand joueur", a expliqué Brown au micro d'ESPN.

 Ben Simmons, qui le voit à l'entraînement tous les jours, a même lancé cette semaine qu'il était "incapable de nommer un intérieur capable de le stopper en NBA". Ça reste évidemment à voir, mais l'Australien n'a sans doute pas tort s'il parle d'un Embiid débarrassé de ses soucis au pied et des restrictions que lui impose le staff médical. Et il y a les stats. On peut leur faire dire à peu près ce que l'on veut, certes. Mais avec Joel Embiid sur le terrain, le différentiel +/- des Sixers l'an dernier les mettait au coude à coude avec le top 5 de la Conférence Est. Sa production, même sur un temps de jeu réduit, est époustouflant : 20.2 points, 7.8 rebonds et 2.5 contres de moyenne en 25 minutes. On ne peut qu'imaginer ce qu'il en sera avec l'effectif un peu mieux construit dont va s'occuper Brett Brown et sans limitation de temps de jeu ou presque. Embiid ne disputera clairement pas 82 matches. Mais s'il en joue 60 à plein régime, Colangelo aura déjà gagné son pari. http://www.dailymotion.com/video/x52qww3

Financièrement, les Sixers s'y retrouveront

Le timing du deal en lui-même fait aussi que cette transaction est intéressante pour les deux parties. Philadelphie a pu lui prouver sa confiance totale out en s'épargnant des maux de tête l'été prochain, une période à laquelle Embiid aurait été restricted free agent. Les clauses de ce contrat, que Zach Lowe d'ESPN a décrit comme "potentiellement le plus complexe de l'histoire de la NBA", vont aussi dans le sens d'une bonne affaire. Si Embiid est performant, fiable physiquement et couronné de succès individuellement (un titre de MVP ou une présence dans une All-NBA Team), 30 millions de plus tomberont dans son escarcelle. La direction des Sixers seront ravis de lui donner ces fameux "incentives" synonymes de progression sportive pour la franchise. A contrario, si sa santé lui joue des tours et confirme les craintes initiales à son sujet, les Sixers se sont munis d'une sorte de prévoyance. Si le pourcentage du rabais évoqué par Shams Charania de The Vertical est exact, Embiid ne coûtera pas plus cher à Philly que Timofey Mozgov à Brooklyn (16 millions par an), soit plus de la moitié moins que le deal initial. Le jeu en vaut la chandelle, Larmina.