JR Smith est devenu grand

Derrière le pitre, se cache un type sensible et un très bon joueur de basket. JR Smith est devenu, à 30 ans, un membre fiable des Cleveland Cavaliers, champions 2016.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
JR Smith est devenu grand
28 février 2014. Les New York Knicks de Mike Woodson viennent de subir contre les Golden State Warriors leur 38e défaite en 59 matches, après un triple-double de Stephen Curry. Dans le vestiaire des Knicks, la presse se masse comme toujours autour de Carmelo Anthony et, à un degré moindre de Tyson Chandler. Dans le fond de la salle, un joueur paraît plus atteint que les autres. Son débit est lent, sa mine atterrée. On aurait tendance à croire que JR Smith vit mieux les défaites que la plupart de ses congénères, expiant ses échecs dans des night-clubs et des pool-parties. Il n'en est rien. [caption id="attachment_318245" align="alignleft" width="318"] A une autre époque, JR Smith aurait pris le 06 de Miley...[/caption] "Earl", de son vrai prénom, écume effectivement tous les lieux où il peut faire pleuvoir le champagne, tout le monde le sait à New York et même les touristes peuvent l'apercevoir à l'occasion dans quelques boîtes un peu select. Mais son comportement cache un vrai mal-être. Lorsqu'il évoque les revers à répétition, la pression médiatique ou son incapacité personnelle à être digne du statut de 6e homme de l'année décroché la saison passée, on sent presque un comportement dépressif. Là où ses camarades expliquent que "la saison est encore longue" ou qu'il faut "jouer en équipe et penser au prochain match", JR est prostré et encaisse mal, presque au bord des larmes et incapable d'expliquer pourquoi la saison des Knicks est un fiasco. On est loin de l'image renvoyée par la presse locale, qui s'amuse de le voir festoyer jusqu'au petit matin avant un déplacement à l'autre bout du pays ou être rabroué publiquement par Rihanna, qui le traite de "dalleux" avant de "l'emmerder, lui et les Knicks", à la suite d'une bravade sur Instagram. Deux ans et demi plus tard, JR Smith en a fini, ou presque, avec ce quotidien où on lui parlait finalement plus de son comportement hors du terrain que de sport. Car après un an et demi passé dans l'Ohio, loin des tentations de Big Apple et de la médiocrité sportive de sa franchise, tout le monde s'est rappelé que JR Smith est un sacré joueur de basket. A 30 ans, il n'a plus envie de passer pour une tête brûlée croqueuse de feuilles de match. Son obsession n'est plus de dunker sur la truffe des adversaires ou de battre le record de paniers à trois points sur un match au détriment du collectif. On parle d'un type qui s'est parfaitement intégré au sein de l'exigeant vestiaire des Cavs et dont la pertinence des choix, l'art de prendre feu en attaque et une agressivité défensive retrouvée sont devenus des atouts indéniables pour son équipe. http://www.dailymotion.com/video/x4hgul7_j-r-smith-craque-en-parlant-de-son-pere_sport [superquote pos="d"]"Le plus important pour moi : mon rôle de père".[/superquote]Sacré champion avec Cleveland en juin dernier, JR Smith n'a pas ressuscité sportivement uniquement grâce à ses qualités de joueur. C'est en modifiant radicalement son hygiène de vie, ses fréquentations et sa façon de penser qu'il a pu se muer en camarade et équipier modèle. Le retour à la maison de la mère de ses filles, Demi et Payton (dont les parrains sont Carmelo Anthony et Chris Paul), convaincue que son mari avait changé en bien, a été une première victoire. Se faire accepter par LeBron James, une seconde.
"Sur le plan mental et matériel, j'ai évolué. Durant l'été, je passais mon temps à dépenser de l'argent pour faire des trucs fun. Aujourd'hui, j'économise avec soin pour que l'on puisse vivre la vie que l'on veut après le basket. Le plus important pour moi est devenu mon rôle de père. Je dois absolument laisser à mes filles quelque chose de solide, sur lequel elles pourront faire leurs propres projets, et surtout pas des dettes", a-t-il prévenu dans un courrier paru sur le site du syndicat des joueurs, au moment d'annoncer l'ouverture d'un magasin de sneakers dans le New Jersey.
Petit, JR Smith pouvait compter sur son père Earl pour incarner un modèle paternel stable. Ouvrier dans le bâtiment, ce dernier emmenait son fils sur les chantiers pour lui donner le goût du travail. Son affection et sa reconnaissance envers lui ont éclaté publiquement en conférence presse d'après-match une fois le titre conquis. Une scène émouvante à laquelle a assisté Earl Senior, enlacé par son rejeton en larmes après un torrent de compliments. En voyant l'arrière des Cavs autant à fleur de peau, on s'est rappelé qu'il faisait partie de ces joueurs qui ont fait le grand saut entre le lycée et la NBA sans passer par une étape universitaire qui aide généralement les basketteurs à mûrir et à ne pas être livrés trop tôt aux exigences du monde professionnel. Ces exigences, il les a acquises avec le temps et sur le tard. Mais aujourd'hui, JR Smith est un joueur fiable, qui continue de masquer sa sensibilité en faisant le clown à l'occasion, paradant torse nu dans les rues de Cleveland après le sacre et déclinant son torse tatoué, moqué par Barack Obama en personne, sous forme de T-Shirt. http://www.dailymotion.com/video/x4i5z7j_barack-obama-veut-que-j-r-smith-remette-son-t-shirt_sport
"Quoi que je fasse, quoi que je dise, ça a l'air d'être de la plus haut importance pour certaines personnes. J'aimerais pouvoir l'expliquer, mais je n'y arrive pas".
S'il continue de faire partie intégrante d'une équipe qui joue le titre tout en gardant l'insouciance et le goût des bêtises d'un adolescent, JR Smith risque de devoir gérer cette attention pendant encore quelques années...  
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