Comment Kevin Durant s’est métamorphosé sans Russell Westbrook

Le Thunder et Kevin Durant ont marché sur l’eau en janvier. La superstar a prouvé qu’il était non seulement l’un des attaquants les plus fabuleux de la ligue mais aussi un vrai leader capable de porter son équipe.

Comment Kevin Durant s’est métamorphosé sans Russell Westbrook
48 points et le panier pour la gagne contre Minnesota, 48 pions contre Utah, douze matches consécutifs à plus de 30 points dont une pointe à 56 – nouveau record en carrière – contre les Warriors, d’autres performances à 46 et 41 points, un autre tir décisif contre Atlanta, un triple-double… Kevin Durant était juste phénoménal en janvier. La superstar du Thunder est en route pour son premier trophée de MVP et nul doute que ses performances au scoring resteront dans la mémoire des journalistes votants au moment de nommer le meilleur joueur de la saison. Dans son sillage, le Thunder a remporté dix victoires consécutives et s’est installé en tête de la Conférence Ouest. Doit-on vraiment rappeler que Russell Westbrook est actuellement indisponible ?

Kevin Durant, un leader plus complet

Sans son coéquipier All-Star, Kevin Durant a été obligé de prendre les choses en main. Pour la deuxième fois seulement, « KD » a dû composer sans son meneur supersonique. La première expérience s’est assez mal terminée avec une élimination assez sèche au second tour des playoffs face aux Grizzlies l’an passé. De cette expérience, certains fans et observateurs en ont conclu – un peu hâtivement – que Durant n’était pas en mesure de porter son équipe. Il est vrai que le scoreur infernal semblait parfois un peu seul et en manque d’inspiration sans Russell Westbrook. Il était battu, certes. Mais on ne l’y reprend pas deux fois. A nouveau privé de son ami et lieutenant de luxe, « Durantula » a tenu la baraque sur ses fines épaules. Leader par l’attitude, il a transcendé ses coéquipiers.
« C’est difficile à définir à quel point mais je pense qu’il nous rend bien meilleurs », explique Thabo Sefolosha à The Oklahoman. « C’est dur de quantifier ça. Mais je pense que l’on obtient tous des shoots ouverts car les défenses adverses font parfois des prises à deux ou à trois sur lui. Tout le monde a la vie plus facile en jouant avec Kevin Durant. »
Kevin Durant a beau avoir tenté plus de 21 tirs par match en janvier (troisième total le plus élevé de la ligue après Carmelo Anthony et LaMarcus Aldridge), il n’a jamais fait autant de passes. Il tourne à 5,3 pds cette saison, la meilleure marque de sa carrière dans cette catégorie. Mieux, il a sorti son meilleur mois à la passe depuis son arrivée dans la ligue avec plus de 6 caviars par rencontre. Comme l’expliquait Thabo Sefolosha, les défenseurs adverses se concentrent essentiellement sur « KD ». Ce dernier est un scoreur mais il a le QI nécessaire pour ressortir la balle sur ses coéquipiers lorsque ses derniers sont ouverts.
« Ses qualités de playmaker sont très importantes dans notre système », assure le coach Scott Brooks. « Il aide les autres à trouver des bons tirs tout comme ses coéquipiers l’aident à être en bonne position. Kevin peut marquer beaucoup de points mais ce n’est pas un joueur égoïste. C’est un joueur d’équipe, c’est un joueur complet. »
Kevin Durant était même LE joueur ultime en janvier, un rôle habituellement occupé par LeBron James. Sans Westbrook, Durant remontait la gonfle, créait du jeu pour ses coéquipiers tout en étant à la finition. L’ailier du Thunder a mûri et son jeu se développe de plus en plus d’une année sur l’autre. Dès les premières secondes du match, Kevin Durant remonte la balle et organise le jeu. Suite à un écran de Serge Ibaka, Shaun Livingston et Paul Pierce se précipitent sur Kevin Durant pour l'empêcher de dégainer derrière l'arc. Au moment même où "Air Congo" a pivoté vers le panier, "KD" lui glisse la gonfle. Ce dernier a alors un boulevard devant lui.
« Les premiers matches sans Russell, nous avons bien fait tourner la balle. Mais en ce moment je shoote trop », déclarait Kevin Durant à la mi-janvier. « Je dois trouver des tirs faciles pour mes coéquipiers. C’est une super expérience pour moi. Je dois impliquer tout le monde et des fois il est préférable que je fasse une passe en plus plutôt que de tirer. »   « L’an dernier, je réfléchissais trop à tout ce que je devais faire en l’absence de Russell. En fait, on devait juste jouer tous ensemble. C’était une très bonne expérience pour nous tous. »
Kevin Durant implique ses coéquipiers et il leur fait confiance. Il a appris) être exigeant et à réclamer de ses troupes une concentration de tous les instants. Il n’est pas rare de le voir rameuter ses coéquipiers sur le banc, voire de leur passer un savon. Perry Jones peut témoigner.

Un « supporting cast » plus performant

[superquote pos="d"]"Ce n'est pas seulement Durant" Paul Pierce[/superquote]« Ce n’est pas seulement Kevin Durant », déclarait Paul Pierce après une large défaite des Brooklyn Nets face au Thunder. « On a surtout parlé de Durant mais si vous regardez de plus près, vous verrez que plusieurs gars ont élevé leur niveau de jeu durant leur série de victoires. Ibaka par exemple. C’est un grand joueur qui a rendu ses coéquipiers meilleurs. »
Paul Pierce a vu juste. Comme le souligne The Oklahoman, plusieurs joueurs ont joué le meilleur basket de leur saison au mois de janvier. Reggie Jackson et Jeremy Lamb ont battu leur record de nombre de points marqués en moyenne sur un mois (respectivement 14,9 points et 10,7 points). Thabo Sefolosha, Kendrick Perkins et Derek Fisher ont également réalisé leur meilleur mois de la saison au scoring. Serge Ibaka était juste énorme, parfaitement à l’aise dans son rôle de lieutenant en attaque. Même sans Westbrook, « Air Congo » a obtenu des tirs facile notamment grâce à la présence de Durant. L’intérieur est dans la forme de sa vie et il a fait quelques cartons en janvier (25 pts et 11 rbds contre Philadelphie, 22-8 contre Miami, 25-9 à 12/12 contre Brooklyn !!!!!!!). [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=1ahAG5jQ7lc[/youtube] Contre le Heat, le banc et le « supporting cast » du Thunder ont clairement fait la différence. Même si Kevin Durant n’apprécie pas vraiment ce terme.
« Nous n’avons pas de supporting cast, nous sommes tous pareil. »
[caption id="attachment_104034" align="alignleft" width="300"] Serge Ibaka, super lieutenant de Kevin Durant.[/caption] Contre les champions en titre, Jeremy Lamb et Derek Fisher ont apporté leur adresse en sortie de banc. Les deux joueurs ont inscrit plusieurs tirs à trois-points meurtrier pour achever Miami. Des shoots ouverts que se procurent les remplaçants d’Oklahoma City grâce au système « small ball » mais aussi par la présence de Durant. Contrairement à d’autres scoreurs en série qui raffolent de l’isolation à outrance, « KD » a pris l’habitude de servir ses coéquipiers dans les meilleures situations. Il faut aussi reconnaître le travail des dirigeants de la franchise qui ont su entourer leur star (Jeremy Lamb, Reggie Jackson, l’énergie de Steven Adams, Derek Fisher).
« Je ne cherche pas à marquer le plus de points possible. Je m’adapte au déroulement du match. Mon équipe aura peut-être besoin que je sois agressif et que je marque des points sur certaines séquences. Mais je veux juste gagner, » assurait Kevin Durant.
Gagner, le Thunder n’a fait que ça ou presque en janvier. La franchise a prouvé qu’elle avait la carrure d’un candidat sérieux, même sans Russell Westbrook. En avril dernier, elle ressemblait surtout à une équipe solide mais incomplète. Comme quoi, Kevin Durant a entraîné toute sa franchise à travers sa propre évolution…