Keyon Dooling : « Je suis un homme dont on a abusé »

Usé par douze saisons NBA, Dooling explique pourquoi il a décidé de prendre sa retraite. Extraits.

Keyon Dooling : « Je suis un homme dont on a abusé »
C'est désormais officiel. Après avoir coupé court aux rumeurs qui l'envoyaient vers Miami, Keyon Dooling a confirmé qu'il mettait un terme à sa carrière par le biais de son agent. Une décision qui intervient à l'issue d'une douzième saison NBA qui l'aura achevé aussi bien physiquement que mentalement.
« La durée moyenne d’une carrière est de 4 ans demi et j’en ai quasiment fait le triple. Le poids de la NBA a eu raison de moi et de mon de mon corps », a confié à CSNNE celui qui aura vécu sa dernière année aux Celtics. « Au-delà de cela, il y a ma famille, j’ai manqué des anniversaires, des réunions scolaires, des sorties avec mes enfants, des pièces de théâtre, des danses à l’école. Cela m’a tellement manqué d’être papa. »
Dooling précise également que sa décision a été mûrement réfléchie et qu'elle a été prise à l'encontre des considérations de ses proches qui souhaitaient le voir poursuivre sa carrière.
« J’ai parlé avec ma femme et mes pasteurs, ainsi qu’avec tout mon entourage et personne voulait que je prenne ma retraite. Personne. »

« J’ai été abusé sexuellement, physiquement et mentalement. »

  Drafté en 2000 par le Magic puis transféré dans la foulée aux Clippers, le joueur indique avoir traversé de nombreuses épreuves avant d'entamer sa carrière de basket. De douloureux souvenirs qui le hantent encore aujourd'hui et qui l'ont récemment entraîné dans une forte dépression.
« J’étais tellement effondré que j’ai dû demander de l’aide à un professionnel et j’ai fini à l’hôpital. » « Tout m’est revenu en tête. Pour être honnête, j’ai refoulé beaucoup de choses dans ma vie. Je suis un homme dont on a abusé, sexuellement, émotionnellement et mentalement. J’ai été abusé dans ma vie et il y a beaucoup de joueurs en NBA qui ont été maltraités. Je le sais parce que j’ai été leur thérapeute. Je n’en ai même pas eu le courage de... J’ai tellement refoulé de choses que je ne pouvais même pas les partager. » « Il aura fallu que je fasse une dépression pour que tout le monde voit que j’étais sérieux quand je disais que je ne voulais plus jouer. »
Affaibli psychologiquement, Dooling a pourtant tout fait pour sauver les apparences au quotidien face à un entourage qui attendait beaucoup (trop ?) de lui.
« J’étais arrivé à un point où j’avais le sentiment que les gens ne savaient pas combien je souffrais. Ils ne savent pas à quel point on se sent seul en empruntant cette voie. Ils ne savent pas tout ce qui arrive quand on devient un joueur NBA. Ils ne savent pas combien de gens me téléphonent pour me demander de l’argent chaque jour ou pour demander des conseils. Personne ne sait combien de personnes comptent sur moi pour être heureux quand ils ne vont pas bien. Ils ne comprennent pas combien c’est pesant mentalement de passer par tout ça pour être cet homme tous les jours. » « J’ai simplement trop donné et je n’ai pas reçu assez en retour. A l’exception des Celtics, personne ne m’a jamais vraiment apprécié jusqu’ici. »

«Rondo est mon ami, Garnett est un génie. »

  De son année à Boston, le natif de Fort Lauderdale retiendra notamment les liens d'amitiés établis avec Rajon Rondo.
« Rondo est mon ami. Je veux que mon fils joue comme Rajon Rondo mais qu’il tire comme moi. C’est mon frère. Ça me fait chier de voir comment les médias le traitent, car il est fort. […] Il vient de rien. C’est le deuxième meilleur joueur de ligue. […] Non seulement je pense que c’est le deuxième joueur le plus intéressant derrière Kevin Durant, mais je pense que c’est un leader incroyable. Il ne reçoit pas un traitement équitable dans les médias et je souhaite qu’ils connaissent mon ami comme je le connais. »
Quant à Kevin Garnett, il est tout simplement à classer dans la catégorie des plus grands.
« Kevin Garnett est un génie. C’est littéralement un génie. Il sait tout […] C’est probablement le meilleur joueur de notre époque, de cette génération. Si vous regardez la manière dont tous les intérieurs doivent jouer, ils n’imitent pas Tim Duncan. Ils imitent Kevin Garnett. »