Kristaps Porzingis, la licorne commence à faire peur

Monstrueux depuis le début de la saison, le Letton continue de passer des caps. Le All-Star Game lui tend les bras.

Kristaps Porzingis, la licorne commence à faire peur
Deux ans et deux semaines de NBA dans les jambes et voilà que Kristaps Porzingis est déjà entré dans l’Histoire des New York Knicks, franchise mythique de l’Association. Cette nuit, le Letton est devenu le premier joueur de la grosse pomme à scorer 30 points ou plus lors de cinq des six premiers matches de la saison. Il a même battu son record personnel en claquant 38 pions contre les Denver Nuggets. Et voilà qu’il se retrouve bombardé dans la course au MVP par… ses supporteurs (c’est un peu le principe). Il n’empêche que les prestations de KP ne peuvent pas passer inaperçues. New York reste sur trois succès consécutifs – après trois défaites d’entrée – et le géant est évidemment au cœur des victoires des Knicks. Avec 29,3 points, 47% aux tirs, 36% à trois-points, 8,3 rebonds et 1,7 block par match, il est l’un des hommes forts de ses deux premières semaines de compétition. Le plus fort, c’est justement le fait que les Knicks ne soient pas complètement à la rue – même si leurs premiers matches étaient catastrophiques. La progression statistique de Porzingis, elle était plus ou moins attendue. C’est tout sauf surprenant que le quatrième choix de la draft 2015 monte en grade pour sa troisième campagne dans la ligue. Déjà parce que les deux premières laissaient entrevoir un talent certain et le potentiel d’une superstar. Mais aussi parce que le départ de Carmelo Anthony a laissé beaucoup de place. A 22 ans, l’intérieur se retrouve pleinement au centre des projecteurs au sein d’un marché gigantesque où la presse est généralement très coriace. Pour ne pas dire vorace. Tant que Melo était à bord du navire en perdition, le jeune homme restait relativement protégé à bénéficier de son statut de joueur d’avenir. Mais maintenant, le patron, c’est lui. Il va déjà devoir assumer les responsabilités et porter une organisation cruellement décevante dans l’ensemble depuis quinze ans. Le tout sous le regard de supporteurs impatients – pas tous – et de journalistes aux ambitions démesurées – pas tous, là encore. Cela peut sembler exagéré, dit comme ça. Mais New York, en NBA, c’est vraiment spécial. Pour l’instant, Kristaps Porzingis assure.

« Je pense que je peux continuer », confie l’intéressé au New York Post.

Alors, qu’est-ce qui a changé ? A-t-il vraiment progressé en quelques mois ou est-il simplement dans un meilleur environnement ? Sans doute un peu de tout ça. D’abord, il est évidemment beaucoup plus utilisé. Porzingis passait souvent après Anthony et Derrick Rose la saison dernière. Il se contentait des miettes, derrière les isolations du premier et les drives du second. Difficile dans ces conditions de réellement se mettre dans le rythme, même s’il plantait tout de même 18 points par match. Maintenant que les deux attaquants (pour ne pas dire croqueurs, notez l’effort) sont partis, il a le champ libre. Avec presque 36% des possessions qui lui reviennent, il est le joueur le plus utilisé en NBA. Un vrai premier changement majeur qui explique en partie ses cartons. Il est la première offensive de la ligue et il en profite. Il a aussi désormais le luxe de choisir ses shoots. En tant que principal consommateur des cartouches à New York, le successeur de Dirk Nowitzki peut maintenant évoluer plus souvent dos au panier sans avoir à faire de la place pour les pénétrations de Rose ou les tête-à-tête d’Anthony. Seuls quatre joueur ont eu plus de possessions en « post-up » depuis le début de la saison : LaMarcus Aldridge, Marc Gasol, Joel Embiid et Dwight Howard (et ce malgré une très faible réussite. Petite parenthèse : c’est incroyable que D12 continue de réclamer la balle au poste bas alors qu’il n’a pas de moves et manque cruellement d’efficacité). Mais s’il est gourmand, Kristaps Porzingis est surtout brillant ! Il a nettement plus d’occasions au poste bas (plus de 21% de ses tirs contre à peine 13% l’an dernier) mais il est aussi plus efficace avec 1,14 point rapporté par possession. Seuls Melo et Karl-Anthony Towns sont plus prolifiques dans cette situation. Globalement, le joueur est nettement plus efficace que l’an dernier. Notamment dans la peinture. Son shoot a fait sa réputation mais c’est encore plus intéressant de le voir dominer dessous du haut de ses 2,21 mètres. Il est plus costaud et absorbe mieux les contacts quand des défenseurs lui rentrent dedans au moment de finir. Depuis le début de la saison, Porzingis affiche donc un très sérieux 53,8% dans la raquette (hors Restricted Area, la zone la plus près du panier) alors qu’il plafonnait à 37% en 2016-2017. Il est aussi en forte progression à mi-distance. C'est donc un Porzingis en pleine mutation et sur la pente ascendante que l'on devrait retrouver cette saison. S'il est trop tôt pour parler de MVP, il y a de fortes chances que cette évolution se traduise par une sélection au All-Star Game et peut-être même un trophée de MIP...