Comment Phil Jackson est en train de convaincre Kristaps Porzingis de partir

Comment Phil Jackson est en train de convaincre Kristaps Porzingis de partir

Kristaps Porzingis est le seul motif d'espoir des Knicks pour les années à venir. Phil Jackson est en train de tuer cet espoir dans l'oeuf.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
On l'a bien compris depuis son retour en 2014 : Phil Jackson n'est plus dans le coup. Génial et visionnaire en tant que coach sur le banc des Chicago Bulls et des Los Angeles Lakers, le Zen Master n'a pas réussi à appréhender sa nouvelle fonction de président. Les saisons se succèdent à New York dans une ambiance de malaise et de navigation à vue. Difficile de savoir si l'idée de départ de  Jackson était de redresser la franchise, à court, moyen ou long terme. Toujours est-il qu'aujourd'hui, il est en train d'obscurcir le seul motif d'espoir de la franchise pour les années à venir. Dans tout ce marasme et cette pluie de mauvais choix, les Knicks ont eu la lucidité, de drafter Kristaps Porzingis avec le 4e pick lors de la Draft 2015. Le Letton, malgré un contexte difficile, a immédiatement donné satisfaction et laissé entrevoir un potentiel effrayant. Deux ans plus tard, on peut se demander si les Knicks veulent vraiment qu'il soit leur franchise player à l'avenir. Lorsqu'il dominait outrageusement la ligue depuis son banc, Phil Jackson déployait des trésors d'ingéniosité en termes de pédagogie, de communication et de cohésion de groupe. Il suffit de se pencher sur ses écrits pour être immédiatement conquis par sa gestion des personnalités fortes (Michael Jordan, Shaquille O'Neal, Kobe Bryant...) parfois lunaires et insaisissables (Dennis Rodman, Ron Artest...), qui ont parfois composé ses équipes. Une approche moderne, compréhensive et intelligente qu'on ne retrouve plus du tout dans son action du côté de Big Apple. Jackson n'est évidemment plus là au quotidien, ni dans l'intimité du vestiaire. Sa fonction exige cette distance. Mais comment peut-on passer de la clairvoyance à un tel aveuglement et un tel manque de tact ?

Une com' désastreuse

Par ses actions et ses interventions, le coach le plus titré de l'histoire de la NBA est sans doute en train de ronger les liens qui unissent Kristaps Porzingis et les Knicks. L'histoire avait d'ailleurs assez mal commencé entre les deux hommes. On se souvient que juste après la Draft 2015, Jackson avait expliqué qu'il espérait que le jeune Balte ne devienne pas un "nouveau Shawn Bradley"... En dehors de la morphologie - et encore, ça se discute - Bradley et Porzingis n'ont absolument aucun rapport en tant que basketteurs. Si le président des Knicks ne pouvait pas le savoir, c'est parce qu'il n'est pas allé en personne superviser le joueur à Séville avant de le sélectionner. Ce sont ses subordonnés qui, face au talent évident du garçon, ont conseillé de ne pas laisser passer l'occasion.

Ses prestations sur le terrain malgré la médiocrité ambiante, ont rapidement prouvé à Jackson que Kristaps Porzingis n'était pas uniquement là pour mettre des contres et prendre des posters sur la truffe comme Bradley en son temps. Le Letton a une panoplie inédite pour un joueur de sa taille. Si les Lakers et les Sixers (2e et 3e choix en 2015) pouvaient revenir en arrière, il y a fort à parier qu'ils délaisseraient D'Angelo Russell et Jahlil Okafor pour drafter Porzingis. En dépit de cette démonstration quotidienne de qualités effarantes, "KP" est dans le flou et les fans aussi.

Kristaps Porzingis n'est pas aussi docile que Melo

Le plan initial semblait être une collaboration productive avec Carmelo Anthony, qui lui permettrait d'être un lieutenant efficace et de grandir tranquillement dans le sillage de "Melo". L'ailier All-Star a sans doute sa part de responsabilités dans les déboires de son équipe. Mais on ne peut pas tout lui imputer. Anthony n'a pas eu un supporting cast aussi clinquant que la plupart de ses compères de Banana Boat et le comportement de la direction à son égard est incroyable. Alors qu'il lui a fait signer un contrat maximum avec une clause de non-trade il y a trois ans, Phil Jackson n'a eu de cesse d'agir pour inciter "Melo" à quitter le navire. Ou du moins à renoncer à une clause qu'il a pourtant accepté d'inclure dans le deal à l'époque. [caption id="attachment_345665" align="alignright" width="300"] Carmelo Anthony et Kristaps Porzingis s'entendent bien, mais leurs chemins risquent de se séparer prochainement.[/caption] L'absence de dialogue entre Jackson et Anthony, les critiques publiques (via conférence de presse pour dire qu'il était trop perso) ou indirectes (via le blog de son ami Charley Rosen) du Zen Master au sujet de la star ont évidemment alerté Porzingis. Ce dernier n'a que 21 ans, mais sa maturité et son intelligence frappent immédiatement. Il se dit à juste titre que si les Knicks traitent un joueur de l'envergure de Carmelo Anthony de cette manière, il n'y aucune raison qu'ils n'agissent pas de la même façon avec lui à l'avenir. Les joueurs d'élite aiment être choyés. Ou à minima, ne pas être jeté en pâture médiatiquement à la moindre occasion. Le signal envoyé aux potentielles recrues est désastreux... Porzingis, qui aspire à la gloire comme n'importe quel joueur de son talent, a déjà montré qu'il n'était pas du genre à avaler des couleuvres à répétition comme Carmelo Anthony. Son refus de se présenter à l'entretien individuel de fin de saison a beaucoup fait parler et il a fallu organiser en urgence un rendez-vous avec son agent (son frère Janis) pour mettre les choses à plat. En adoptant cette posture, le chouchou du Madison Square Garden a marqué le coup et fait comprendre à Phil Jackson qu'il n'accepterait pas sa politique sans broncher. Problème : Phil Jackson est devenu têtu avec l'âge.

Un scénario catastrophe en 2019 ?

Probablement dans le but de montrer au freluquet que c'est lui qui tient les rênes de la franchise, il n'a pas prolongé le contrat de l'assistant Josh Longstaff, avec qui Porzingis aimait particulièrement travailler. Dans l'encadrement des Knicks, on avance qu'il était prévu depuis quelques mois déjà que Longstaff ne soit pas conservé parce qu'il ne parvenait pas à travailler efficacement avec les autres membres du staff... On n'est pas encore au coeur de l'intersaison et on ne sait évidemment pas encore à quoi ressemblera le roster des Knicks à la rentrée. Simplement, quelles que soient les tentatives d'amélioration, un scénario catastrophe se dessine pour ceux qui espéraient voir Kristaps Porzingis être l'étendard de la franchise pendant 10 ans. Encore sous contrat rookie, le Letton pourrait prendre une décision radicale. S'il refuse de signer une extension et opte pour une "qualifying offer", le #6 new yorkais sera free-agent en 2019 après quatre années de bons et loyaux services. Ce serait quasiment une première en NBA, où les jeunes joueurs aussi performants adoptent généralement un comportement plus prudent. Interrogé sur les rumeurs de trade autour de son cadet, Janis Porzingis s'est montré clair il y a quelques jours sur ESPN :

"Si Kristaps est tradé, il se désengagera de son contrat pour devenir free agent et choisir son propre destin".

Tout était réuni pour que les Knicks puissent passer le relais à Kristaps Porzingis et construire leur avenir autour de lui. Mais cette franchise a décidément bien du mal à adopter une démarche logique et cohérente...
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