Lance Stephenson et les ambitions nouvelles des Hornets

Lance Stephenson a quitté les Indiana Pacers pour rejoindre le groupe jeune et ambitieux des Charlotte Hornets. Décryptage d'une signature intrigante.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Lance Stephenson et les ambitions nouvelles des Hornets
Lance Stephenson a osé. Il a osé tourner le dos à Larry Bird. Larry « Légende ». Il y a un an, le président des Indiana Pacers promettait à son fils spirituel un beau contrat. Paul George venait d’être prolongé pour environ 90 millions de dollars sur cinq ans.
« L’année prochaine, ce sera ton tour », avait alors glissé Bird au natif de Brooklyn.
Plusieurs mois se sont écoulés. « Born Ready » a cumulé les triples-doubles pendant la saison régulière et les Pacers se sont baladés en tête de la Conférence Est avant d’accuser le coup à quelques semaines des playoffs. La franchise a une nouvelle fois rendu les armes face au Miami Heat et les pitreries de Stephenson ont fait grincer des dents dans l’Indiana. Mais les dirigeants ont tout de même offert 44 millions de dollars sur cinq ans à leur jeune tête brûlée. Il a refusé, a examiné le marché puis a accepté une offre de 27 millions sur trois ans (la franchise dispose d’une clause pour s’en séparer au bout de deux saisons si elle le souhaite) des Charlotte Hornets. Il a troqué Larry Bird pour Michael Jordan, propriétaire ambitieux de la franchise de Caroline du Nord.

Deux ans pour atteindre le dernier carré

Lance Stephenson n’était pas la première option des Hornets. La franchise est désespérément à la recherche d’un scoreur extérieur et elle a jeté son dévolu sur Gordon Hayward il y a une semaine : 63 millions sur quatre ans. Comme prévu, le Jazz s’est aligné et la jeune star montante restera à Salt Lake City. Au moment même où les dirigeants de la franchise mormone se sont décidés à prolonger Hayward quel qu’en soit le prix, il était évident que leurs homologues des Hornets casseraient leur tirelire sur un autre joueur d’impact. La plupart des stars ont déjà trouvé un point de chute cet été et, parmi les principaux free agents, seuls Eric Bledsoe, Greg Monroe et Lance Stephenson étaient encore disponibles. Les Suns et les Pistons ont la possibilité de s’aligner sur leur jeune joueur et le dernier nommé était donc la cible la plus réaliste. Les Hornets en ont fini avec le « tanking » à répétition. Charlotte est un petit marché et la franchise ne peut pas se permettre de perdre cinquante matches par saison, au risque de lasser ses supporteurs et de perdre son peu d’attractivité. Le changement de nom de Bobcats à Hornets est un joli coup marketing et on  se réjouit de retrouver les frelons dans la ligue. Voilà de quoi faire souffler un vent des années 90 en NBA. Mais la franchise de Caroline du Nord a toujours été considérée comme excitante même si elle n’a jamais atteinte les finales. Les dirigeants avaient donc pour objectif de former une équipe en mesure de jouer les playoffs à l’Est et d’attirer les foules à la Time Warner Cable Arena. Le redressement des Hornets (ex-Bobcats donc) a débuté l’an dernier avec la signature d’Al Jefferson pour 41 millions de dollars sur trois saisons. Les Bobcats ont finalement disputé les playoffs (élimination 4-0 au premier tour) et « Big Al » s’est imposé comme l’un des meilleurs (le meilleur ?) joueurs à son poste. Elu dans le troisième cinq de la saison, il est une menace permanente au poste bas. Un double-double sur pattes. A 29 ans, Jefferson s’apprête à pratiquer le meilleur basket de sa carrière pendant encore deux ou trois saisons avant de décliner progressivement (à priori). Il est la pièce maîtresse de l’effectif et les dirigeants veulent donc rentabiliser au maximum les deux ou trois prochains exercices, quitte à dépenser des millions, à transférer des tours de draft et à prendre des risques.

Lance Stephenson, le coup de poker des Hornets

Lance Stephenson est un pari mais il s’inscrit dans cette nouvelle logique, ce nouvel état d’esprit. Il répond à certains des besoins essentiels des Hornets : création, densité sur les ailes et dans le backcourt et scoring. « Born Ready » est un buffle capable de jouer meneur et arrière (son poste naturel), voire ailier sur certaines séquences. Il est extrêmement rapide balle en main et ses coast-to-coast après un rebond défensif sont devenus sa marque de fabrique. Il a l’habitude de foncer au cercle et il utilise son corps et ses qualités athlétiques pour conclure près du panier, et ce malgré les contacts. Il est grand et très puissant pour un poste deux, des caractéristiques recherchées par les organisations et appréciées par les coaches. [superquote pos="d"]Stephenson apporte de la création et du dynamisme aux Hornets[/superquote]La ligue est régit essentiellement par les pick&roll et il est donc primordial de pouvoir compter dans son effectif un intérieur efficace et des arrières susceptibles de porter la gonfle. On note d’ailleurs que la plupart des franchises (Suns, Spurs, Blazers) n’hésite pas à doubler voire à tripler les postes dans le backcourt dans le but d’aligner simultanément plusieurs joueurs efficaces sur pick&roll. Avec Al Jefferson, les Hornets possèdent un intérieur scoreur. Ils manquaient cependant de manieurs de ballons. Stephenson excelle dans ce domaine. Même si ses prises de risques lui font perdre la gonfle bêtement sur certaines séquences, il est l’un des meilleurs arrières de la ligue sur pick&roll. Il pourra ainsi soulager Kemba Walker, un autre joueur originaire de New York, à la création. Il pourrait même se voir confier la mène lorsque Steve Clifford aligne ses remplaçants (avec donc Stephenson) dans le deuxième QT. Le jeune joueur était le leader de la deuxième unité des Pacers la saison dernière et il pourrait se voir confier le même rôle à Charlotte. Effectivement, les Hornets ne disposent pas d’un vrai sixième homme et il est de plus en plus fréquent qu’un titulaire se voit confier cette responsabilité dans les deuxièmes QT. Lance Stephenson n’est pas un scoreur né et son rendement en attaque ne sera sans doute pas aussi bon que ce qu’aurait pu être celui de Gordon Hayward par exemple. Mais il tournait tout de même à 13,8 pts (mais aussi 7,2 rbds et 4,6 pds) avec les Pacers la saison passée. Sa présence donne du dynamisme au backcourt. Son association avec Walker est alléchante, notamment en défense. Les Hornets étaient l’une des meilleures franchises de la NBA dans ce domaine suite à l’implantation des excellents systèmes de Steve Clifford. L’équipe est axée en priorité sur la défense, ce qui ne devrait pas chambouler le jeune homme qui évoluait lui aussi au sein de l’une des meilleures formations défensives de la ligue depuis le début de sa carrière. Stephenson est dur sur l’homme et il est en mesure de défendre sur plusieurs profils de joueurs différents, de Jeff Teague à LeBron James.

Quid de son comportement à Charlotte ?

[superquote pos="d"]Les défenses adverses vont blinder la raquette[/superquote]Mais son arrivée suscite tout de même certaines interrogations. Les Hornets étaient terriblement maladroits de loin la saison dernière et même si Stephenson est un shooteur honnête (49% dans le champ, 35% à trois-points), il n’est pas perçu comme une gâchette. Mais ses pourcentages pourraient augmenter. Al Jefferson provoque systématiquement des prises à deux au poste bas et Lance devrait bénéficier de tirs plus ouverts. Avec Walker et Michael Kidd-Gilchrist dans le cinq majeur, il y a des chances que les défenses adverses blindent la raquette face aux Hornets, afin de contraindre les arrières de Charlotte à faire mouche de loin. La principale question ne concerte pas le terrain mais le vestiaire. On ne sait pas exactement ce qui s’est passé au sein du groupe à Indiana mais « Born Ready » a semble-t-il agacé ses coéquipiers à plus d’une reprise. Son trop plein d’énergie a tendance à lui jouer des tours. C’est une pile électrique et ses gamineries peuvent vite lasser ses coéquipiers. Jusqu’à présent, le vestiaire des Hornets était essentiellement constitué de mec sans histoires et la franchise vient d’ajouter l’ancien joueur des Pacers mais aussi P.J. Hairston, rookie qui cumule déjà les frasques. L’option « équipe » inscrite dans le contrat de Lance Stephenson prend alors tout son sens. Le joueur de 23 va-t-il se satisfaire de son pactole et devenir incontrôlable ou sera-t-il motivé à l’idée de rejoindre une équipe jeune et en progression ? Les Charlotte Hornets ont osé prendre le risque, avec l’espoir d’intégrer le quatuor de tête de la Conférence Est dès la saison prochaine. Les frelons sont prêts à sortir leur dard.
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