LeBron James, quelle place dans l’histoire de la NBA ?

En décrochant cette nuit son troisième titre NBA, sans doute le plus fou jusqu'à présent, LeBron James a démontré qu'il était bien l'un des plus grands.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
LeBron James, quelle place dans l’histoire de la NBA ?
Un an avant que LeBron James ne débarque en NBA, alors qu'il était encore un jeune étudiant plus grand et plus costaud que les lycéens du nord de l'Ohio, Sports Illustrated et les autres grands médias américains le présentaient comme « l’élu ». L’énième successeur recherché de Michael Jordan. Mais le vrai, cette fois. Pas Harold Miner. Pas Jerry Stackhouse. Pas Vince Carter. Pas même Kobe Bryant. Non, ce kid était spécial. Comme s’il était destiné à devenir le meilleur joueur de la NBA dans un futur proche et même l’un des plus grands basketteurs de tous les temps. Et il est effectivement devenu le joueur le plus doué d’une ligue regroupant les meilleurs éléments de la planète. Un processus effectué dans la douleur. Rapidement, il a cessé d’être mis dans le même sac que ses pairs contemporains et autres joueurs actuels. Rapidement, il a été comparé aux plus grands, à ceux qui ont déjà pris leur retraite depuis des années, à ceux dont la carrière est achevé, ceux qui ont déjà accompli tant avant lui. Ceux qui ont eu le temps de le faire. LeBron, lui, a toujours paru pressé par le temps. Car LeBron, lui, devait faire aussi bien que ceux qui ne sont même pas de son époque. Il devait défier les âges et les légendes de son sport. Un défi qui lui a été imposé autant qu’il le désirait lui-même. Car il se savait de la race des plus grands seigneurs. Ceux évoqués dans les livres d’histoire sur la balle orange. Pour faire partie du gratin, il lui a été demandé de gagner. Il y a encore une semaine, avant trois performances individuelles magistrales, la place dans l’histoire de James était remise en cause par une statistique : six finales, deux victoires seulement et quatre défaites. Un raisonnement absurde devenu vérité absolue depuis Michael Jordan. Le plus célèbre numéro 23, encore plus célèbre que l’enfant d’Akron, a rendu possible l’impossible en remportant six titres en six finales. C’est peut-être d’ailleurs ce qui fait vraiment de lui le meilleur joueur de tous les temps. Cette absence d’échecs - du moins en surface. « MJ » n’a jamais perdu une finale mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a jamais été mis en difficulté. Les mêmes exploits ont été demandés à James. Car même ses plus grands détracteurs savent à quel point le King a et va marquer l’histoire de ce sport. Alors il fallait lui en demander plus. Parfois même inconsciemment.

Une course contre l'histoire

A 31 ans, il possède le même nombre de titres NBA que Jordan au même âge - une donnée nuancée par la première retraite de « Sa Majesté » juste après son troisième titre... à 29 ans. A 31 ans, il compte un titre de MVP de plus... et juste deux saisons de moins ! Si les joueurs sont parfois si difficiles à comparer, c’est parce que les parcours sont si différents. Mais il y a aussi des faits. LeBron James en est pour l’instant à trois bagues en sept finales. Il a disputé six finales consécutives - une performance herculéenne - et pourrait bien jouer encore en juin 2017. Et 2018. Et ainsi de suite tant il a pris le pas sur la Conférence Est - littéralement, il est la Conférence Est. Il a quatre titres de MVP, un de moins que Jordan à la fin de sa carrière et un de plus que ce même « Jojo » au même âge. Il est peut-être le joueur le plus complet de l’histoire avec Oscar Robertson. Un phénomène athlétique doté d’une intelligence de jeu presque robotique. Un défenseur de premier plan capable de contenir n’importe quel vis-à-vis des postes 1 à 5 et un attaquant complet (quand son adresse extérieure ne lui fait pas défaut) en mesure de créer du jeu pour lui ou pour les autres. Mais les statistiques ne suffisent pas pour LeBron James, pour ses détracteurs et même pour ses partisans. Il a beau finir sa carrière en tête de la plupart des catégories statistiques (points, passes en playoffs, etc), il ne sera jamais roi sans plusieurs couronnes. [superquote pos="d"]James a mené une remontée légendaire contre une équipe historique ! [/superquote]Il a gagné hier soir. Et de quel manière. James a propulsé Cleveland vers un titre que la ville attendait depuis plus d’un demi-siècle. Il a gagné, deux ans seulement après avoir promis à son état natal un sacre historique. Il a mené sa formation vers l’exploit. Les Cavaliers sont la première équipe à remonter un déficit de 1-3 en finales NBA avant de l’emporter. Et ils l’ont fait contre les Golden State Warriors vainqueurs de 73 matches - un record, faut-il le rappeler - en saison régulière. Ils ont battu les champions en titre trois fois de suite, ce qui n’était jamais arrivé depuis le passage de Steve Kerr sur le banc. Ils ont gagné par deux fois au sein de l’Oracle Arena, là où les Californiens n’avaient concédé que deux défaites en cumulé sur l’ensemble de la saison, playoffs compris. James a été à l’origine de cet exploit historique. Il a terminé en tête aux points, aux rebonds, aux passes, aux interceptions et aux contres sur cette finale. Il a claqué 41 points dans le Game 5 et à nouveau 41 points dans le Game 6. Il est devenu le troisième joueur de l’histoire - après Magic Johnson et Jerry West - à réaliser un triple-double lors d’un Game 7 des finales NBA.

Who's the King now ?

Tout ça, même Michael Jordan ne l’a pas fait. Simplement parce qu’il n’a jamais été dans cette position. Parcours différents, histoires différentes. Tout reste finalement une question de point de vue. Il y a ceux qui noteront que Jordan n’a jamais perdu de finales. Ceux qui insisteront sur le fait que James en a joué encore plus que le « GOAT » - et pourrait en jouer et en gagner d’autres d’ici la fin de sa carrière. Il y a ceux qui ne jureront que par Magic Johnson. Ceux qui noteront que le meneur légendaire des Los Angeles Lakers a certes gagné 5 des 8 finales qu’il a disputé mais qu’il n’a été élu MVP (des finales donc) qu’à 3 reprises. Il y a ceux qui aduleront Larry Bird et ceux qui rappelleront que LeBron compte autant de titres NBA que « l’Oiseau » mais possède deux titres de MVP en plus et un autre titre de MVP des finales supplémentaire. Il y a ceux qui remarqueront que James a déjà joué plus de minutes en carrière que les deux basketteurs les plus célèbres des 80’s et qu’il est donc logique que ses statistiques soient plus importantes. Il y a ceux qui pesteront contre le fait que James n’évolue pas dans une ligue assez physique. Parfois, ce seront les mêmes qui oublieront à quel point Bill Russell et Wilt Chamberlain étaient en avance sur le temps, des géants parmi les hommes. Il y a ceux qui avanceront les statistiques incroyables de « Mr. 100 » et ceux qui remarqueront qu’il était considéré comme un « loser » en raison de ses deux petites bagues. Il y a ceux qui ne jureront que par les titres de Russell mais oublieront que la ligue comptaient nettement moins d’équipes à l’époque et qu’il était donc plus facile de se frayer un chemin jusqu’en finale. Il y a plein de points de vue et d’opinions différents. A vous de vous donner le notre. Mais une chose semble acquise depuis cette nuit : LeBron James a troqué l’espace d’au moins une saison son statut de « perdant » (même s’il ne s’agit pas d’un vrai statut de perdant). Sa carrière n’est pas finie mais cela ne fait plus aucun doute possible - vraiment plus le moindre : il appartient déjà à l’histoire du basket-ball.
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