Los Angeles Clippers, le changement de dimension

La mue des Los Angeles Clippers se poursuit saison après saison. La franchise ne se contente plus de gagner des matches, elle veut tout rafler.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Los Angeles Clippers, le changement de dimension
Les Los Angeles Clippers, une petite franchise qui monte, qui monte. L’histoire est maintenant connue. Autrefois la risée de la ligue, les « autres » joueurs de la cité des anges occupent désormais le devant de l’affiche, reléguant les glorieux Lakers en second plan. Au moins pour l’instant. Doit-on vraiment parler d’une rivalité entre les deux équipes ? Sur le plan historique, les mauves et or surclassent haut la main leurs colocataires du Staples Center. Mais l’évolution des rapports entre les deux franchises symbolise parfaitement le changement de dimension des Clips.

Le « putsch » des Los Angeles Clippers

Avant 2011, les Clippers n’ont atteint les playoffs qu’à quatre reprises (une demi-finale de Conférence en 2006, trois défaites au premier tour) en 27 saisons passées à Los Angeles –ils étaient anciennement basés à San Diego jusqu’au déménagement en 1984. Durant la même période, les Lakers n’ont raté la post-saison que deux fois. On assiste donc actuellement à une rupture totale de l’espace-temps, un trou noir temporel, une dimension parallèle dans laquelle les Clips sont devenus rois tandis que les Lakers sont la risée de la Conférence Ouest. Ce changement d’univers évidemment son « big bang » (theory ?), son point de départ. En 2011, alors que les propriétaires viennent de négocier une reprise de la saison – écourtée à 66 matches – les Los Angeles Lakers tentent un gros coup. Les dirigeants associent Kobe Bryant à… Chris Paul, alors en instance de départ des New Orleans Hornets. David Stern et la NBA, propriétaire temporaire de la franchise de Louisiane mettent leur veto alors que le GM des Hornets avait approuvé le transfert. « CP3 » filera bien à Los Angeles. Mais aux Clippers. Depuis ce jour, tout a changé. Paul est désormais sifflé par les supporteurs des Lakers, notamment lorsqu’il se rend aux rencontres des Dodgers, la franchise MLB de la ville.
« Ils sont jaloux qu’il ne joue pas pour les Lakers », plaisante DeAndre Jordan. « Mais on s’en fout. On ne veut pas que les fans des Lakers nous apprécient. Je suis content qu’ils nous détestent. C’est la preuve que nous allons dans la bonne direction. »
Les Los Angeles Lakers foncent vers le bas en espérant rebondir le plus possible. La franchise a tiré un trait sur sa saison – sans doute la plus mauvaise de l’histoire de l’équipe – et s’apprête à accueillir un jeune rookie très talentueux en attendant de recruter des stars. Pendant ce temps, les Los Angeles Clippers sont troisièmes de la Conférence Ouest, parés à faire du bruit en playoffs. Leurs yeux sont donc rivés vers les sommets.

La montée en puissance… progressive

L’arrivée de Chris Paul, conjuguée à celle de Blake Griffin, drafté en première position en 2009, a métamorphosé les Clippers. La franchise est passée de 39 à 60% de victoires en une saison. Elle a disputé les playoffs et même franchi le premier tour avant de tomber sur des San Antonio Spurs bien trop forts (4-0). L’année suivante, les Clips ont remporté 56 matches, record de la franchise, et ont décroché leur premier titre de division de leur histoire. Une nouvelle étape, même s’il s’agit d’un titre honorifique. Malheureusement, les hommes de Vinny Del Negro étaient encore trop tendres. Les Grizzlies sont venus mettre fin aux rêves des tuniques rouges dès le premier tour. Autrefois radin, Donald Sterling veut désormais saisir sa chance de décrocher un titre. Il a donc mis la pression sur ses dirigeants et il a sorti le chéquier. Chris Paul est prolongé, Doc Rivers débarque. Avec l’objectif de mener le navire encore plus loin au sein des eaux troubles de la Conférence Ouest. A quelques matches de la fin de la saison, ses troupes sont en troisième position, avec déjà 55 victoires en 78 matches. Le titre de division est acquis mais, cette fois, tout le monde s’en fiche. Les Clippers ont de l’ambition. Et leur rivalité avec les Lakers dans tout ça ?
[superquote pos="d"]"Avant, battre les Lakers était un objectif" DeAndre Jordan[/superquote]« Je m’en fiche que l’on soit aimé dans Los Angeles », confie Doc Rivers.   « Lors de ma saison rookie, lorsque nous avons gagné 19 matches, battre les Lakers était un vrai objectif. Mais la culture de l’organisation a changé depuis. On a une vision plus large. On a gagné nos quatre matches contre eux l’an passé mais nous sommes sortis au premier tour des playoffs. On s’en fout de les battre », explique DeAndre Jordan.
En fait, la rivalité n’existe pas. Ou plus. Les Los Angeles Clippers sont trop haut actuellement pour se concentrer sur le duel de L.A. Ils ont gagné 7 des 8 derniers matches face aux Lakers, dont celui de cette nuit, 120-97. Plus tôt dans la saison, ils ont infligé une rouste de 50 pions à leurs voisins. Battre les Lakers n’est pas objectif vu que tout autre résultat serait une désillusion.
« On ne veut pas gagner contre Los Angeles, on veut gagner un titre NBA », poursuit Doc Rivers.
Le titre ou rien. Tel est l’objectif des Los Angeles Clippers. La franchise en a-t-elle vraiment les capacités ? Sans doute pas cette saison. Mais la bande de Blake Griffin peut viser haut et, pourquoi pas, une finale de Conférence. Mais les Clips n’ont pas fini leur évolution.

Le rêve LeBron James

Lorsqu’il a signé aux Clippers, suite à son buyout des Sixers, Danny Granger a immédiatement souligné le changement d’état d’esprit et de culture de la franchise. Il y a encore quelques années, la star des Indiana Pacers profitait de ses étés à Los Angeles pour s’entraîner dans le complexe sportif des Clips.
« La culture de la gagne s’installe aux Clippers », notait même Danny Granger.
Los Angeles est un grand marché – c’est un euphémisme. Mais les Clippers n’ont pas toujours été la destination favorite des stars, qui ont toujours préféré les couleurs des mythiques Lakers. Et c’est logique, vu les résultats des deux équipes dans le passé. Aujourd’hui, les médias n’hésitent pas à annoncer des superstars aux Clips. Et les joueurs d’impact n’hésitent pas non plus à rejoindre Chris Paul et Blake Griffin. Plus tôt cette année, Carmelo Anthony, Kevin Love et LeBron James ont tous les trois été annoncés comme des cibles potentielles des Clippers… et des Lakers. Concentrons-nous plus particulièrement sur le cas du « King ». Il y a plusieurs semaines, ESPN a publié une colonne rédigée par deux insiders très sérieux et très bien informés (Brian Windhorst et Ramona Shelburne). Dans leur papier, les deux journalistes expliquaient pourquoi les Clippers sont une vraie destination potentielle pour LeBron. Honnêtement, à ce moment de la saison, on penche plutôt pour une prolongation de James à Miami. Mais qui sait ? L’essentiel, finalement, n’est même pas de chercher à savoir si le meilleur joueur du monde va effectivement quitter ou non Miami. Le point important, dans le cas présent, est finalement de se rendre compte qu’entre les Lakers et les Clippers, c’est bien la deuxième équipe citée qui est favorite pour accueillir la star. Et ça aussi, c’est tout nouveau pour les Los Angeles Clippers, preuve du changement de dimension de la franchise.
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