Pourquoi les Lakers vont dans la bonne direction

Décryptage de l'intersaison des mythiques Los Angeles Lakers. S'ils n'ont pas signé des stars, les Californiens sont pourtant sur la bonne voie.

Pourquoi les Lakers vont dans la bonne direction
Pour se faire une place en NBA, il est important pour un joueur de savoir qui il est, quelles sont ses capacités et quel est son rôle. La réussite d’une franchise fonctionne selon le même principe. Elle doit comprendre où elle en est dans son histoire, quels sont ses atouts et dans quel contexte elle évolue. Voilà maintenant trois ans que les Los Angeles Lakers courtisent les superstars disponibles sur le marché. Les dirigeants et les propriétaires californiens ressortent le même éternel refrain - à en croire les révélations des joueurs eux-mêmes - à chaque fois qu’ils ont l’occasion de séduire l’un des meilleurs free agents. Ils misent encore et toujours sur la gloire passée d’une franchise qui compte seize bannières de champion NBA. Une référence. Mais une référence obsolète pour cette génération élevée par l’immédiateté du web. Les stars actuelles veulent suivre les traces des plus grandes légendes. Mais pas en enfilant simplement la même tunique. Plutôt en gagnant des bagues. LaMarcus Aldridge, par exemple, a été déçu de la vision sportive très limitée - voire inexistante - des Lakers lors de son entretien avec l’organisation mythique l’été dernier. Les mythes passés n’intéressent par les joueurs. Ils veulent écrire ceux de demain. Ce n’est pas un hasard si Dwight Howard a préféré rejoindre les Houston Rockets ou si Kevin Durant et Al Horford n’ont même pas considéré les Lakers comme un point de chute potentiel. Ils ne se sont même pas entretenus avec les responsables de la franchise. Des choix qui s’explique par les mauvais résultats de l’équipe depuis plusieurs saisons et son incapacité à viser le titre dans les deux ou trois années à venir mais aussi parce que les dirigeants n’ont justement pas su comprendre quelle était leur place actuelle l’échiquier de la NBA. Ils ont été trop longtemps coincés dans le passé. L’intersaison de L.A. prouve bien une chose : le front office a su réévaluer sa position et faire des choix en conséquence.

La jeunesse au pouvoir

[caption id="attachment_315039" align="alignleft" width="318"] D'Angelo Russell, symbole de l'avenir brillant des Los Angeles Lakers.[/caption] Luke Walton a été nommé à la tête de l’équipe pendant les playoffs et il a pris ses nouvelles fonctions au lendemain de la défaite des Golden State Warriors en finale NBA. Charismatique, respecté mais encore peu expérimenté, l’ancien assistant de Steve Kerr a pour mission de développer les jeunes pousses que sont D’Angelo Russell, Jordan Clarkson, Julius Randle et le deuxième choix de la dernière draft Brandon Ingram. Développer le potentiel des jeunes talents demande du temps et donc de la patience. Russell sera peut-être un jour un All-Star mais il est encore loin du compte. Ingram présente quelques similitudes avec Kevin Durant mais il n’est pas encore prêt. [superquote pos="d"]Deux ans que les Lakers vantent leur glorieux passé : nobody care[/superquote]Il est donc nécessaire de bien les entourer avec des vétérans capables de leur apprendre les ficelles du métier, de les guider dans leur quotidien de nouveaux millionnaires à peine sortis de l’adolescence mais aussi de leur montrer comment se gagnent des matches NBA. Il ne suffit parfois pas d’avoir du talent. La ligue est la plus relevée du monde. Les exigences physiques et tactiques demandent au moins une - voire plusieurs - saisons d’adaptation. En ce sens, les signatures de Luol Deng, Timofey Mozgov et le transfert de José Calderon (via les Chicago Bulls) sont idéales. Des joueurs bien moins glamours que Durant, Horford et compagnie. Ce ne sont pas des All-Stars, même si Deng a déjà été invité deux fois au match des étoiles. Ils font le boulot. Ils défendent dur. Ils jouent juste. Ils font ce qui leur ait demandé. Et c’est exactement ce dont les jeunes Lakers ont besoin après avoir été encadré par Nick Young - avec les dérives que ça implique -, Roy Hibbert, dont le mental et le leadership n’ont jamais été des points forts, ou encore Lou Williams. Le tout lors de la tournée d’adieu programmée de Kobe Bryant...

Recruter maintenant pour gagner plus tard

[caption id="attachment_297687" align="alignleft" width="318"] Luol Deng, un vétéran respecté partout où il est passé.[/caption] A 30 ans, Deng a entamé son déclin progressif et ses 18 millions annuels feront peut-être tâche dans la masse salariale des Lakers d’ici trois ans (il a signé pour 72 millions sur quatre saisons). Mais c’est un joueur polyvalent capable d’évoluer sur plusieurs positions des deux côtés du terrain. Il tournait encore à plus de 13 points et 6 rebonds (47% de réussite, 42% derrière l’arc) lors des derniers playoffs. L’Anglais est une assurance à Brandon Ingram, encore très frêle physiquement. Surtout, c’est un professionnel modèle respecté partout où il est passé. Il en va de même pour José Calderon. L’Espagnol est un « nice guy » (sauf pendant les compétitions internationales paraît-il) apprécié par ses coéquipiers. C’est aussi un meneur altruiste, gestionnaire et bon shooteur. Un vétéran expérimenté. [superquote pos="d"]Les vétérans doivent souder un vestiaire jeune et chamboulé[/superquote]La signature de Timofey Mozgov a fait plus de bruit. D’abord parce qu’elle a lancé un marché complètement débridé par l’explosion du Salary Cap. Ensuite parce que les Lakers lui ont offert 64 millions sur quatre ans. Un salaire sacrément élevé pour un joueur qui à peine plus de quinze minutes sur les parquets la saison dernière et dont le dossier médical peut susciter l’inquiétude. Comme pour Deng, il est facile de supposer que le contrat du pivot russe pèsera lourd dans les comptes de la franchise d’ici quelques années. Mais les deals expirants sont plus faciles à transférer - en général. Les sommes perçues par d’autres pivots (Joakim Noah, Bismack Biyombo, Festus Ezeli) laissent penser que les Lakers auraient pu faire une meilleure affaire en plaçant leur argent sur un autre intérieur peut-être plus jeune. Mais cette signature a donné le ton de l’intersaison pour Los Angeles et Walton envisage un rôle à la Andrew Bogut pour l’ancien joueur des Cleveland Cavaliers. Les Lakers savent au moins dans quelle voie ils s’engagent désormais. Deng, Mozgov ou encore Calderon sont des coéquipiers idéaux pour les jeunes Russell, Randle, Clarkson et Ingram. Ils vont gagner quelques matches, plus que l’an dernier, et ils vont en perdre d’autres. Ils vont progresser. Ils vont apprendre. Et ils commenceront seulement à arriver à maturité quand les contrats des vétérans expireront. Si tout se passe comme prévu, Los Angeles aura alors un noyau dur de jeunes stars compétitives. Et là, à ce moment-là seulement, les dirigeants pourront à nouveau ressortir leur cirque habituel sur la gloire passée des Lakers, les opportunités supplémentaires à Los Angeles ou encore le climat californien. Autant d’arguments qui redeviendront des atouts quand l’équipe se remettra à gagner...