Le tanking, la meilleure stratégie pour les Lakers

Dernière de la Conférence Ouest, l'équipe de Los Angeles a peut-être tout intérêt à tout tenter pour conserver son pick, protégé dans le top 3.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Le tanking, la meilleure stratégie pour les Lakers
Quand les Los Angeles Lakers ont associé Steve Nash à Dwight Howard, Pau Gasol et Kobe Bryant en juillet 2012, ils ne s’imaginaient certainement pas être confrontés à un long processus de reconstruction moins de quatre ans plus tard. Difficile de penser, à ce moment-là, qu'un simple premier tour de la draft 2015 pourrait s'avérer crucial pour l'avenir de la franchise alors qu'elle a pour ambition de décrocher de nouveaux titres. Le move s'est avéré catastrophique. Constamment blessé au dos, Nash n'a jamais pu insuffler son génie à l'attaque des Lakers. Howard est resté une saison avant d'aller bouder ailleurs. Gasol a quitté L.A. pour de bon. Kobe a eu le droit à son tour d'adieu. Les Phoenix Suns n'ont pas non plus compris la valeur du pick en question. Ils l'ont envoyé aux Philadelphie Sixers en échange de Brandon Knight (dans un transfert impliquant trois équipes). Il cire aujourd'hui le banc d'une équipe en reconstruction. Ce choix de draft, les Lakers ont réussi à le garder en 2015 puis en 2016, grâce aux protections négociées au préalable lors du deal (top 6 en 2015, top 5 en 2016 et top 3 en 2017). Ils l'ont surtout conservé parce que l'organisation sort de trois des plus mauvais exercices de son histoire. Ils ont mis la main sur des jeunes prospects prometteurs. Il était donc temps de redonner un nouveau souffle aux Lakers et donc de faire une croix sur le pick. C'était en tout cas l'objectif annoncé en début de saison : prendre le temps de développer le groupe sans errer dans les profondeurs des classements. A mi-saison, un changement de direction est envisageable. Les Lakers viennent d'encaisser leur plus lourde défaite de tous les temps et ils sont derniers à l'Ouest. Conserver le choix ne devrait pas seulement être une option, cela pourrait même être la stratégie.

Tanker, une dernière fois

Faire avaler la pilule du tanking à ses supporteurs n'est pas facile, surtout depuis que le terme a été diabolisé par les Sixers de Sam Hinkie et leur entreprise de démolition massive et constante de l'effectif dans le but de récupérer un maximum d'assets. Mais perdre beaucoup pour gagner plus n'est pas un phénomène nouveau. Il y a, dans l'histoire, de nombreux exemples de franchises qui ont sacrifié une saison ou deux dans l'espoir de mettre la main sur un phénomène lors de la draft. [superquote pos="d"]Le niveau est homogène mais médiocre... il n'a jamais été aussi facile de tanker [/superquote]La cuvée 2017 est plus chargée en talents que la précédente. Surtout, tanker n'a jamais été aussi facile. Avec la hausse brutale du Salary Cap en juillet dernier, toutes les équipes ont presque se sont mises en tête de courir après un spot en playoffs en dépensant des dollars par trentaine de millions. Il n'y a que cinq victoires d'écart entre le huitième de la Conférence Ouest - les Denver Nuggets - et la dernière place occupée par les Lakers. Il n'y a donc pas besoin de se saboter complètement, pas besoin de se ridiculiser en gagnant seulement douze à quinze matches, pour obtenir l'un des meilleurs choix de la prochaine draft. Les rêves de playoffs ne se sont pas complètement envolés pour les Californiens mais se relancer dans la course à la qualification - tout ça pour prendre une piquette contre les Golden State Warriors - signifieraient sans doute le sacrifice d'un jeune joueur pour acquérir un vétéran en location. Aucun intérêt. Autant laisser cette décision aux Sacramento Kings ou aux Minnesota Timberwolves. En un sens, les Lakers ont déjà fait mieux que l'an dernier. Si l'euphorie du début de saison s'est estompée, ils ne sont plus qu'à une victoire de leur total de l'exercice précédent (ils sont à 16 succès en 47 matches contre 17 petites victoires sur toute la saison l'an passé). Et les progrès ne se lisent pas seulement sur le plan comptable.

L'équipe a déjà passé un cap, même sans gagner

A vrai dire, ils se constatent surtout sur tout le reste. L'attitude, les efforts, l'ambiance. Luke Walton a prouvé en seulement quelques mois qu'il avait l'étoffe d'un très bon coach NBA. Il est adulé par ses ouailles. Il est respecté. Il les responsabilise. Il leur donne du mérite et il sait les réprimander. Dur, mais juste. Lui aussi est en période d'apprentissage mais la cohésion qu'il est en train d'instaurer au sein de son groupe est une bénédiction pour des Lakers pourris par deux années avec Byron Scott sur le banc. [superquote pos="d"]Les Lakers ont de toute façon déjà fait mieux que l'an dernier [/superquote]Ses jeunes joueurs donnent quelques signes de maturité. Ils montrent aussi des flashs de leur potentiel, à commencer par le rookie Brandon Ingram, encore trop frêle pour peser mais dont l'adaptation à la NBA est parfaitement gérée par Walton. Le vestiaire est à nouveau uni et, après l'épisode impliquant D'Angelo Russell et Nick Young, la tâche ne s'annonçait pas facile. Les jeunes Lakers ne gagnent pas beaucoup mais ils font preuve d'envie. Ils engrangent de l'expérience. Et surtout de l'expérience positive. Si cette équipe ne gagne pas, c'est justement parce qu'elle est encore trop jeune et limitée en talents pour vraiment prétendre à un spot en playoffs. Elle a aussi été handicapée par des blessures, un autre prétexte qui peut aider à justifier une courte période de récession. Les progrès effectués évoqués plus haut peuvent eux adoucir quelques dizaines de défaites supplémentaires.

Pourquoi les Los Angeles Lakers doivent perdre

Le tanking, ce n'est pas faire exprès de perdre (si jamais quelqu'un en doute encore). C'est faciliter le chemin de la défaite en faisant jouer plus longtemps des jeunes joueurs au dépend des vétérans plus qualifiés pour gagner des matches (ce qui, en plus, accélère le développement des meilleurs prospects), en tentant des expériences (par exemple un ailier placé à la mène) ou en laissant plus souvent et plus longtemps au repos des joueurs légèrement blessé. Autant vous dire qu'il ne reste plus beaucoup de temps avant que les "Sore knee" de Luol Deng ou D'Angelo Russell se multiplient sur les feuilles de matches. [superquote pos="d"]Les Lakers ont des jeunes prometteurs mais pas de potentiel future superstar[/superquote]Il faut aussi se pencher sur les conséquences du tanking. Les Lakers ont beau avoir plusieurs jeunes joueurs au potentiel intéressant, combien d'entre eux ont vraiment les atouts d'un futur franchise player ? Ingram est peut-être celui qui s'en rapproche le plus et il a encore beaucoup à apprendre. Conserver un pick dans le top 3 d'une cuvée compacte est une chance de récupérer un talent de demain peut-être encore plus intéressant. C'est aussi une opportunité pour les Lakers de cumuler les jeunes joueurs et d'en offrir certains à une autre franchise afin de récupérer un All-Star tout en conservant d'autres jeunes. Jim Buss est peut-être le seul obstacle entre la franchise et le tanking. Le copropriétaire a promis de céder sa place - il gère les affaires sportives de l'organisation avec le GM Mitch Kupchak - si jamais les Los Angeles Lakers ne retrouvaient pas les playoffs avant 2017. C'est mal parti. On ne sait pas vraiment s'il compte tenir sa parole ou non mais Buss a donc des raisons de refuser une telle stratégie. C'est peut-être pourtant ce qu'il y a de mieux pour son équipe : un dernier petit pas en arrière avant d'enfin tenter le grand saut.
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