Nikola Mirotic, ou quand la patience paie

C'est aujourd'hui au tour de Nikola Mirotic de s'imposer comme le nouveau joueur indispensable de Tom Thibodeau.

Nikola Mirotic, ou quand la patience paie
Sa barbe n'est pas aussi grosse que celle de James Harden. Il n'a pas été drafté dans les toutes premières positions, n'a ni le shoot de Klay Thompson, ni les dunks de Kenneth Faried ou encore les skills de Kyrie Irving, trois joueurs draftés devant lui en 2011. Nikola Mirotic n'a pas non plus fait le grand pas immédiatement après avoir été drafté. Il a su prendre son mal en patience. Briller dans cette Europe qu'il connaît bien, lui qui est né dans l'ex-Yougoslavie, au Monténégro, et possède également la nationalité espagnole, où il a joué avant de rejoindre la NBA. Là où il tente aujourd'hui de faire son trou.

Un rookie qui a su saisir sa chance

A Chicago, Taj Gibson, Derrick Rose et Jimmy Butler sont tous à l'infirmerie. Tom Thibodeau n'a pas de chance. Les Bulls non plus. Quoique : en leur absence, Nikola Mirotic répond présent, s'imposant comme une lueur d'espoir dans un paysage plutôt sombre. Rassurant les fans des Bulls. Beaucoup. En ce mois de mars 2015, le rookie brille. Le premier du mois, il bat son record de point en carrière. 29 points, à 11/23 au shoot, dont 2 trois-points, et 9 rebonds en 31 minutes de jeu face aux Los Angeles Clippers. La victoire ne sera pas au rendez-vous. Il faut dire que sans lui, ses coéquipiers n'étaient qu'à 25% de réussite au shoot. Une réussite individuelle gâchée par un échec collectif. Tant pis, Nikola Mirotic retente sa chance. Le 3 mars, l'Espagnol, meilleur scoreur des Bulls ce soir-là, plante 23 points aux Wizards, à 6/13 au shoot, dont trois trois-points, ainsi que 8 rebonds. Mais à Chicago, Nikola Mirotic n'est pas que l'homme de ce début de mois de mars. Dans l'Illinois, ses performances ne surprennent pas : on sait de quoi il est capable. N'a-t-il pas été nommé rookie du mois de décembre  avant d'être nommé parmi les meilleurs joueurs non-américains au Rising Stars Challenge ? Chez les Bulls, on connaissait ses qualités bien avant ses 14 rebonds, son record en carrière, du 23 février face à Milwaukee. Ou ses 27 points qui ont participé à la victoire de Chicago sur Memphis le 19 décembre.

Concours de circonstances

Pourtant, Nikola Mirotic n'aurait jamais dû se voir confier autant de responsabilités, et de temps de jeu, du côté des Bulls. Il a su profiter des blessures en cascade au sein de l'effectif de Tom Thibodeau. Tout d'abord, de celle de Mike Dunleavy. Puis des trois piliers des Bulls : Gibson, Rose, Butler. Des profils de joueur différents, que Mirotic peut revêtir. Car la polyvalence est bien l'une des ses forces. Pour combler les absences, Tom Thibodeau a souhaité le positionner au poste d'ailier. Non sans attirer les critiques.
« Je me fiche de ce que les gens disent. Certaines personnes disent que je peux. D'autres que non. La chose la plus importante, c'est ce que mes coéquipiers et mon coach pensent » expliquait ainsi Nikola Mirotic au Chicago Tribune début janvier, racontant également avoir déjà un peu joué ailier avec le Real Madrid.
Son coach, lui, est séduit par cette facilité d'adaptation :
« C'est bien qu'il puisse jouer à différents postes. Il est intelligent à l'intérieur. Il est plus à l'aise en dehors de la raquette mais n'a pas peur de rentrer à l'intérieur. » « Au poste d'ailier, sa taille (2m08 pour 100 kgs, ndlr) nous aide à récupérer les rebonds. »
Dans tous les cas, Nikola Mirotic ne veut qu'une seule chose : jouer. Qu'importe le poste.
« Je me fiche de jouer ailier ou ailier fort. Je veux seulement jouer et aider mes coéquipiers à gagner. »  

Made in Spain

« Gagner » : un mot qui signifie beaucoup pour Mirotic. Car à 24 ans, ce dernier connaît déjà beaucoup le goût de la victoire. Et ce grâce à son parcours. Drafté en 2011 en 23ème position par les Rockets, âgé alors de 20 ans, puis envoyé chez les Bulls, Mirotic ne mettra les pieds à Chicago qu'en 2014. En attendant, il reste en Espagne. Une bonne école, dans laquelle il collectionne les bonnes notes. Quand certains se brûlent les ailes dans la Ligue la plus relevée au monde, lui s'est construit sur le Vieux Continent. Meilleur espoir de l'Euroligue deux années consécutives (2011 et 2012), Nikola Mirotic est également régulièrement désigné meilleur joueur lors des différentes journées de Liga. Il brille en sélection, participant grandement à la victoire de la sélection espagnole des moins de 20 ans à l'Euro 2011, lors duquel il est désigné meilleur joueur de la compétition. Enfin, lors de sa dernière saison à Madrid, le bi-national aurait pu obtenir un joli 20/20 : le Real remporte la Coupe du Roi et Mirotic remporte (encore) un nouveau titre individuel de meilleur joueur de la compétition. Mais son club s'incline en finale d'Euroligue face au Maccabi. Et de Liga face au FC Barcelone. Néanmoins, Mirotic est nommé dans le meilleur cinq de Liga. Une autre récompense, avant de rejoindre la NBA.

Déjà un exemple

Lorsqu'il débarque à Chicago, Nikola Mirotic épate. Avant même le début de la saison régulière, ses coéquipiers sont sous le charme. Notamment Joakim Noah, qui s'est confié au Chicago Tribune :
« Je ne fais que de le complimenter depuis le camp d'entraînement grâce à sa mentalité. Je sais à quel point il veut s'améliorer. »
Même son de cloche du côté de Derrick Rose :
« En ce moment, on peut dire qu'il a beaucoup confiance en lui. Il sait qu'il mérite d'être là. Il est toujours ici en train de shooter et de travailler son jeu. »
Lors de la victoire des Bulls sur les Wizards, Aaron Brooks a presque égalé Nikola Mirotic, inscrivant 22 points. Et n'a pas tari d'éloge sur le remplaçant de luxe :
« Il a très bien joué, il a très bien lu le jeu. A chaque match, il a l'air d'être plus intelligent. Il a un bon jeu, et il est en train de l'ajuster à la NBA. »  

L'anti-Wiggins

Plus que d'autres, Nikola Mirotic semble être sur le bon chemin pour connaitre la transition nécessaire pour passer du basket européen à la NBA. Sa plus grosse difficulté lors de son arrivée dans la Ligue ? La rigueur défensive, répond-il.
« Mon plus gros défi, c'était la défense. Je n'étais pas sûr de pouvoir le faire. » a-t-il avoué au Chicago Tribune.
En définitive, Nikola Mirotic est l'anti-Wiggins par excellence. Il est ce joueur qui n'a pas concentré les projecteurs au moment de la draft, qui a répété ses gammes en Europe puis qui est arrivé relativement tardivement dans la Grande Ligue. Avec, en guise d'année rookie, une première au sein d'un effectif de qualité, qui n'aurait eu besoin de lui qu'en deuxième, voie troisième couteau sans les blessures subies par certains Bulls. Il est donc ce joueur qui n'est parfois même pas sorti du banc, a brillé par à coup, et ses statistiques en ont payé le prix. Mirotic tourne ainsi à 8 points, 4 rebonds et 1 assist par match. Trop peu pour obtenir le titre de rookie de l'année. Mais de part son histoire, il le sait plus que quiconque : la patience paie.