Mais pourquoi personne ne veut embaucher Patrick Ewing ?

Malgré son statut d'Hall Of Famer et sa longue expérience d'assistant coach, Patrick Ewing attend toujours la franchise qui osera lui confier les clés de l'équipe.

Mais pourquoi personne ne veut embaucher Patrick Ewing ?
Paraît-il qu’il est plus facile d’être un bon basketteur quand l’on est grand. On a tous entendu cette rengaine au moins une fois dans notre vie. A l’inverse, il semble préférable d’avoir été un ancien joueur NBA de petite taille – comprenez-ici un meneur de jeu – pour espérer devenir coach. Patrick Ewing est un ancien bon joueur NBA. C’est même une ancienne légende, un Hall Of Famer. Mais il est aussi grand, très grand. L’ancienne star des New York Knicks est considérée comme l’un des meilleurs pivots de l’histoire de la ligue. Si cela semblait être une force pour jouer au basket, son poste freine sérieusement l’ascension de sa deuxième carrière. Depuis des années, le grand Pat a l’ambition de devenir coach. Les entretiens se sont succédé, les refus et les postes d’assistants coach en charge des « big men » aussi. Malgré son expérience (plusieurs postes occupés dans un staff à Orlando, Washington, Houston et maintenant à Charlotte), Ewing n’a toujours pas trouvé une franchise prête à lui confier les clés de l’équipe. Pourtant, plusieurs « novices » ont débarqué récemment. Brian Shaw, un ancien meneur, Mark Jackson, un ancien meneur ou encore Jason Kidd, un ancien meneur. Certains d’entre eux n’ont pas la carrière de l’ancien pivot des Knicks. Mais voilà, ces derniers occupaient un poste « mieux vu » de la part des dirigeants.
« Les grands sont mis à l’écart pour je ne sais quelle(s) raison(s) », explique Steve Clifford, le coach actuel des Charlotte Bobcats, lui aussi entraîneur rookie.   « Je pense que les arrières ont une vision plus globale de ce qui se passe sur le terrain », assure Dan Issel, un ancien pivot devenu coach. « Les pivots se concentrent essentiellement sur ce qui se passe dans la raquette. Cette théorie a un certain sens. »
Effectivement, qui dit meneur de jeu dit organisation, gestion, vision du jeu – enfin en principe. Les meneurs ont bien souvent les qualités requises pour devenir coach une fois leur carrière de joueur terminée. On suppose que Rajon Rondo et Chris Paul ont déjà leur place au chaud. Parmi les 30 coaches NBA, 13 sont des anciens arrières. Aucun d’entre eux n’a jamais joué pivot (comme le rappelle Yahoo ! Sports, Kevin McHale est le coach qui se rapproche le plus d’un pivot). Pour l’instant, aucune équipe n’a osé casser les codes pour donner sa chance à Patrick Ewing. Pourtant ce dernier a passé une à une toutes les étapes nécessaires pour se voir offrir une opportunité.
« En général, les anciens joueurs n’aiment pas faire tout ça. Lui c’est tout l’inverse. Il a fait tout ce qu’il y avait à faire. Il veut devenir un bon coach. Il le mérite. »
Patrick Ewing a été très patient. Les Pistons lui ont préféré Lawrence Frank en 2011. Ce dernier rédige désormais des rapports pour Jason Kidd, un ancien meneur passé directement coach sans jamais avoir été assistant. Les Bobcats lui ont préféré Mike Dunlap, un type sorti de nulle part, en 2012. Ce dernier a été remplacé par Steve Clifford et… Patrick Ewing, qui occupe officiellement un rôle d’ « Assistant Head Coach ». Clifford demeure cependant le maître à bord. Evidemment, Ewing s’est vu confier la gestion des pivots. A ses côtés, Al Jefferson a progressé, lui qui était déjà fort à Utah. La star des Bobcats est enfin capable de protéger le cercle et il fait des cartons en attaque. Il reconnaît que son assistant coach l’a beaucoup aidé.
« Vous avez l’impression de parler à un type normal lorsque vous discutez avec lui. Vous oubliez presque qu’il s’agit d’un Hall Of Famer. Il ferait un super coach », raconte le joueur.
Humble, Patrick Ewing attend son heure. Il a déjà eu l’occasion de goûter aux joies et au stress du coaching lors d’une rencontre face… Knicks cette saison. Steve Clifford étant convalescent, il a assuré l’intérim. Les Bobcats ont perdu mais le Hall Of Famer a apprécié.
« C’était une super expérience. J’étais nerveux de coacher contre les Knicks. Les assistants m’ont bien aidé et je me suis senti prêt. Je savais que c’était ce que j’avais toujours voulu faire. »
Patrick Ewing aurait pu prendre – seul – la tête d’une équipe. Mais il s’agit en l’occurrence de la franchise de D-League affiliée aux New York Knicks. Il a refusé.
« Je ne l’ai pas pris comme une insulte mais ce n’est pas ce que je veux faire. Je ne veux pas coacher dans le D-League, je veux coacher dans la grande ligue. »
Le microcosme des coaches NBA serait-il trop petit pour un géant comme Patrick Ewing ? On espère qu'un dirigeant osera lui donner sa chance...