Pierre Vincent : « La seule façon d’exister, c’est de gagner »

Quoi qu’il arrive en finale contre les USA, Pierre Vincent a remporté son pari.

Pierre Vincent : « La seule façon d’exister, c’est de gagner »
Depuis le début de la compétition, Pierre Vincent affichait chaque jour le même visage. Celui d’un entraineur concentré, mais serein. Répétant inlassablement qu’il fallait prendre les matches les uns après les autres, sans se projeter, sans se croire arrivé, sans penser à la suite. Et maintenant, il n’y a de toute façon plus qu’un match à jouer, le plus beau de tous. Un scenario idyllique qui paraissait tellement loin il y a un an, que le sélectionneur ne pouvait cette fois nier l’émotion énorme suscitée par la magnifique démonstration de son équipe en demi-finale.
« Beaucoup d’émotion, je ne sais pas. C’est un moment unique », expliquait-il avant qu’Émilie Gomis et Jennifer Digbeu ne viennent le prendre dans leurs bras pour lui faire un câlin improvisé en zone mixte.
Un moment unique pour lequel le sélectionneur avait parfaitement préparé ses troupes, pas seulement durant le tournoi de qualification et la préparation, mais également et surtout durant tout ce tournoi olympique. La route des Françaises n’a pas été aisée (deux victoires en prolongation, un exploit face à l’Australie…), mais c’est justement ce qui leur a donné au final tant de force et d’assurance. Edwige Lawson-Wade ne cessait d’ailleurs de mettre en valeur la force mentale dont ont fait preuve les filles, notamment après le match couperet face à la République Tchèque en quart de finale, mais également lors du match très compliqué face à la Grande-Bretagne au premier tour. Deux rencontres durant lesquelles Pierre Vincent s’est accroché à ses valeurs en faisant tourner son effectif et en puisant dans son banc même dans les moments durs et quand des joueuses "cadres" étaient en confiance, pour trouver des solutions et impliquer tout le monde. Le résultat ? C’est que derrière une Céline Dumerc extraordinaire et une Edwige Lawson incroyable de régularité et de sûreté, d’autres joueuses ont systématiquement haussé leur niveau – sur un match ou sur une ou deux séquences – pour que cette équipe arrive en finale sans avoir encaissé le moindre revers. Un bilan immaculé qui met en valeur à la fois le travail technique du staff et des joueuses, mais surtout l’état d’esprit que Vincent a su insuffler à son équipe. Hier encore, à quelques heures de la demi-finale, il avait trouvé le moyen de remobiliser encore un peu plus ses troupes en leur rapportant les propos d’Ilona Korstin et en rappelant que les Espagnols n’avaient peut-être pas été les seuls à faires des calculs dans ce tournoi.
« Ce matin (hier – ndlr), Ilona disait qu’elle n’était pas inquiète parce que le banc de son équipe était de meilleure qualité. Mais on a une équipe qui a confiance, c’est quelque chose de fort. Trop de confiance, c’est une forme d’arrogance et c’est une lame tranchante qui peut coûter cher. Le match d’avant, elles ne l’avaient pas joué parce qu’elles ne voulaient pas rencontrer les Tchèques. On avait déjà eu ça en 2009. Le chef de délégation était venu me voir en me disant “Vous savez, pour nous les matches de poule ça ne compte pas. Pour nous c’est les quarts de finale qui comptent. On sera meilleures quand on vous recroisera”. Je l’avais écouté et je lui avais dit “Nous aussi”. »
Bref exactement le même scenario que cette année, puisque les Russes avaient lâché en poule face à l’EdF assez nettement, pensant sans doute pouvoir repasser un cap quand elles le voudraient. Espérons pour elles que ça sera samedi dans le match pour le bronze face à l’Australie, parce que face à la France, ça n’a pas été le cas ! Ce match était d’ailleurs le plus abouti ou du moins le plus dominé pour les Tricolores depuis le début des Jeux Olympiques. Un événement qui arrive à point nommé vu le regain d’intérêt soudain pour le basket féminin. Le nombre de journalistes de la presse généraliste qui sont subitement venus suivre les Bleues n’est pas anodin et Vincent n’en était pas du tout surpris.
« On ne parle pas de nous ici, on n’existe pas dans ces Jeux Olympiques. La seule façon d’exister, c’est de gagner. On a fait des exploits, gagné des matches difficiles. Mais c’est aujourd’hui qu’il fallait gagner pour exister. »
C’est désormais chose faite. La France du basket existe désormais à travers les filles qui s’apprêtent désormais à jouer une finale « bonus », pour le plaisir avant tout mais sur un match de 40 minutes entre les deux seules formations invaincues de la compétition qui sait ?
« Les Américaines sont intouchables », prévient tout de même le coach en souriant. « La seule équipe qui peut les toucher, c’est l’Australie parce qu’elles sont armées pour. Aujourd’hui, elles les ont accrochées mais il leur manquait de bonnes arrières pour les faire douter. La meilleure arme pour nous, ça va être de prendre du plaisir sur le terrain. Les entraîneurs sont un peu malades. Même s’il n’y a qu’une chance sur un million, on va la chercher, faites nous confiance. »
Une promesse que l’on est prêts à croire à sans broncher venant de celui que les filles appellent d’elles-mêmes "Le Magicien"…