Pourquoi et comment le Thunder peut battre les Warriors

Oklahoma City s'est incliné contre Golden State samedi soir mais le Thunder a su inquiéter les Warriors. Focus sur les motifs d'espoir de KD et sa bande.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Pourquoi et comment le Thunder peut battre les Warriors
L'enfer leur a été promis pour leur retour à la Quicken Loans Arena de Cleveland lorsque les Golden State Warriors se sont rendus récemment sur les terres de leurs exploits pour y affronter les Cavaliers au complet. Un choc qui s'est terminé par une gifle sur la joue de LeBron James et ses coéquipiers. +34. Une correction en direct sur la chaîne nationale qui a provoqué l'éviction de David Blatt quelques jours plus tard. Le bilan des champions en titre comprenait toujours une petite (mais vraiment petite) astérisque lorsque les Californiens ont croisé la route des San Antonio Spurs, machine à dérouiller des franchises NBA lancée sur une série de 13 succès consécutifs avant... de s'incliner lourdement, très lourdement, sur le parquet de l'Oracle Arena. +30. Restait encore un adversaire de taille pour Stephen Curry et ses partenaires. Le Thunder d'Oklahoma City. Equipe légèrement en retrait mais terriblement armé pour faire chuter n'importe quelle formation aux quatre coins du pays. Test concluant. Samedi dernier, les Warriors ont donné un peu plus de piquant aux rumeurs d'une éventuelle arrivée de Kevin Durant sur la Bay cet été en résistant aux 40 points, 14 rebonds et 5 passes de l'ex-MVP pour décrocher une nouvelle victoire. La 46ème de la saison. En 50 matches. Le Thunder n'a pas pris une fessée déculottée. Et c'est la tête haute que KD, Russell Westbrook et leurs coéquipiers sont repartis d'Oakland. "Aucune équipe ne nous fait peur", insistait Durant. "Personne dans ce vestiaire n'a peur." Les Golden State Warriors suscitent la crainte. La crainte de se faire botter le derrière chaque soir où Steph Curry, Klay Thompson, Draymond Green et compagnie sont de passage en ville. La crainte d'être embarrassé, de s'incliner dans la douleur sous une pluie de trois-points. La crainte d'être affiché dans les highlights le lendemain, les chevilles brisées par une série de dribbles. Mais non, le Thunder n'a pas peur. Mieux, il a même des raisons d'y croire après ce premier affrontement contre l'une des équipes les plus impressionnantes des deux dernières décennies. L'occasion de lister quelques motifs d'espoir - et quelques conseils - pour les troupes de Billy Donovan.

Le Thunder, un serpent à deux têtes

[caption id="attachment_308767" align="alignleft" width="318"] Le Thunder, seule équipe à compter deux des cinq meilleurs joueurs dans ses rangs.[/caption] Même si les Warriors s'articulent autour de Stephen Curry, le basketteur le plus génial de la planète, Oklahoma City est la seule équipe de la ligue qui dispose dans ses rangs de deux des cinq meilleurs joueurs de la ligue. Kevin Durant et Russell Westbrook, bien évidemment. Leur association n'est pas un gage de succès au plus haut niveau - pour l'instant. Ils ont disputé une finale NBA perdue en 2012 et n'ont pas réussi à atteindre à nouveau ce stade de la compétition depuis (Rappel : Westbrook blessé en 2013, Ibaka en 2014, Durant en 2015). Mais les deux superstars n'ont jamais été aussi brillantes ensembles que cette saison. RW est un distributeur plus altruiste - 10 caviars par match en moyenne - et son coéquipier profite de ses offrandes pour évoluer dans un registre plus simple tout en conservant sa part d'isolations. Ils se tirent chacun vers le haut. Et c'est une force redoutable, surtout en playoffs, lorsque le jeu est plus lent, les défenses plus attentives et l'intensité plus élevée. KD a marqué 40 points malgré la présence de Draymond Green, Harrison Barnes ou Andre Iguodala face à lui. Westbrook a cumulé un double-double tout en étant maladroit. Dans un bon soir, ces gars-là peuvent faire autant de dégâts, si ce n'est plus, que Curry et Thompson.

Le Thunder a résisté au "cinq de la mort"

[superquote pos="d"]Le Thunder a laissé deux intérieurs classiques face au "super small ball" des Warriors[/superquote]Curry, Thompson, Barnes, Iguodala, Green. Cinq noms qui résonnent encore dans la tête de LeBron James, de David Blatt et des Cavaliers depuis les dernières finales NBA. Baptisé le "cinq de la mort", ce cinq de très petite taille a pris pour habitude de dézinguer ses adversaires soir après soir. Ce groupe cumule tellement d'atouts qu'aucune équipe n'a encore trouver la solution pour déjouer les plans de Steve Kerr lorsqu'il déclenche son arme de destruction massive. Ce cinq affichait un différentiel de +3 en 7 minutes lors du match de samedi. Le Thunder a tenu le choc. Et même un peu plus. Billy Donovan a pris le pari de conserver une raquette "classique" avec Serge Ibaka et surtout la passoire Enes Kanter dans la peinture. [caption id="attachment_298082" align="alignleft" width="318"] Enes Kanter a été prolifique avec 14 points et 15 rebonds en 19 minutes.[/caption] Le Turc a pris l'eau en première période lorsque les Warriors l'ont agressé en permanence sur le pick&roll, prenant rapidement un avantage d'une quinzaine de pions au score. Donovan s'est ajusté. Kanter était sur le parquet dans les moments les plus chauds de la rencontre. Pour palier à ses lacunes défensives, le pivot a été placé sur Iguodala. Le dernier MVP des finales convertit 39% de ses tirs extérieurs cette saison mais c'était un risque à prendre. En laissant son géant sur un extérieur, le Thunder a pu resserrer la vice sur les pick&roll impliquant notamment Curry et Green. Le "super small ball" avec Livingston à la place d'Iguodala - avec Kanter en défense sur le long meneur remplaçant - a même déjoué, prenant l'eau en deux petites minutes avant que Kerr relance 'Iggy'. L'ancien joueur du Jazz a cumulé 14 points et 15 rebonds en 19 minutes. Il a détruit les Warriors sous le cercle sans trop pénaliser son équipe en défense en deuxième période. C'est un signe très encourageant pour Donovan et son staff, qui a trouvé une manière d'exploiter le talent de Kanter contre les meilleures équipes de la NBA.

Le Thunder a toujours le meilleur cinq de la NBA...

Peut-être pas sur le papier mais dans les chiffres... Westbrook, Durant, Ibaka accompagnés de Dion Waiters et Steven Adams, ont terminé avec un différentiel positif contre Golden State : +4 en 21 minutes. Andre Robertson occupe habituellement la place de Waiters dans le backcourt - il est actuellement blessé - et Oklahoma City est encore plus redoutable avec un spécialiste défensif supplémentaire. Le cinq majeur, le vrai, du Thunder est le plus efficace de la NBA avec un net rating de +21,5. Un classement à nuancer étant donné qu'Harrison Barnes, ailier titulaire des Warriors, a manqué plusieurs matches sur blessure.

... Mais le Thunder doit renforcer son banc !

[caption id="attachment_300203" align="alignleft" width="318"] Dion Waiters peut-il avoir un vrai impact en PO ?[/caption] Oklahoma City n'occupe pas une place encore plus élevée au classement parce que son banc de touche est loin d'être aussi performant que son cinq majeur. Le second groupe ne manque pas de talent avec l'expérimenté et rigoureux Nick Collison, le jeune meneur prometteur Cameron Payne, les shooteurs Anthony Morrow et Kyle Singler, le puissant Kanter et le feu follet Waiters. Mais les meilleurs joueurs de ce cinq manquent d'expérience du très, très, très haut niveau. Une différence qui s'est fait sentir samedi soir. Les remplaçants des Warriors ont dérouté ceux du Thunder dans le deuxième QT remporté 37-28 par Golden State. Le Thunder a perdu le match à ce moment-là. [superquote pos="d"]Le Thunder est à un joueur de prétendre au titre NBA[/superquote]Il manque un ou deux remplaçants de qualité à la franchise pour vraiment faire figurer de deuxième cador de la Conférence Ouest. Lors de sa longue analyse sur l'équipe de Durant et Westbrook, Zach Lowe a fait part de l'intérêt des dirigeants pour un ailier supplémentaire. Dion Waiters a du talent mais a-t-il les épaules pour s'affirmer comme le facteur X du Thunder dans une série de sept matches contre Golden State ou San Antonio ? Il a manqué de punch contre les Warriors malgré la présence de Curry face à lui. A l'inverse, un joueur de devoir comme Harrison Barnes a profité de chaque opportunité qui lui a été laissée par la défense adverse pour terminer avec 19 points au compteur. Bien sûr, toutes ces "analyses" sont faites sur un seul et unique match, parfois même sur des petites séquences de ce même et unique match. Les deux équipes sont susceptibles de s'adapter d'ici les playoffs, voire même d'ici leurs prochaines retrouvailles. Kevin Durant ne marquera pas 40 points à chaque rencontre. Stephen Curry est toujours susceptible de prendre feu, ce qui n'était pas le cas samedi. Westbrook peut caler un triple-double en une vingtaine de minutes. Les incertitudes sont encore nombreuses au sujet d'une éventuelle confrontation entre les Warriors et le Thunder en playoffs. Mais c'est ce les rend aussi excitantes.
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