Quand Bob Cousy et les meilleurs streetballers brillaient à la montagne

Quand Bob Cousy et les meilleurs streetballers brillaient à la montagne

La première fois que des streetballers ont pu se mesurer aux pros, ça s'est passé dans des ligues... hôtelières.

Julien DeschuyteneerPar Julien Deschuyteneer  | Publié  | BasketSession.com / HOOP CULTURE / Streetball
Tout au long de l’été, nous vous ferons redécouvrir (ou découvrir) des articles, interviews, portraits ou dossiers que nous avons publiés dans REVERSE depuis les débuts du magazine. Nous vous proposons aujourd’hui un retour sur les ligues hôtelières des Catskill Mountains, là où il fallait être dans les années 40 quand on voulait jouer au plus haut niveau du streetball US. Dans les années 1940, pendant l’été, les meilleures ligues street n'étaient pas à New York, Chicago ou encore Philadelphie. Pour trouver le meilleur basket, il fallait aller du côté des Catskill Mountains, dans l'état de New York, et assister aux matches des ligues... hôtelières. Petit retour au début du 20ème siècle. Un groupe de fermiers juifs s'installe dans les montagnes de Catskill avec l'espoir d'y cultiver la terre. Le sol s'avère trop pauvre et ils survivent en louant des chambres à leurs relations de la ville. Bientôt ils construisent des hôtels dans lesquels les Juifs pauvres de New York d'abord, ceux-là même qui dominaient le basket de rue au début du siècle (voir REVERSE #1), viennent passer des vacances. Et naturellement, les matches de basket, organisés parmi d'autres activités, deviennent un spectacle pour les clients des hôtels. Spectacle grâce auquel le tourisme dans les Catskills se développe à grande vitesse, attirant des familles de plus en plus aisées. Les proprios savent que les clients viennent pour voir du basketball et s'attachent à faire venir les meilleurs joueurs, pour lesquels les Catskills deviennent un passage obligé tant le niveau y est élevé. Rien n'est trop beau pour attirer les clients dans son hôtel et des pros comme George Mikan ou Dolph Schayes viennent disputer trois matches par semaine, en échange de la pension complète pour leur famille pendant l'été. Ils y affrontent les meilleurs streetballers et/ou lycéens et universitaires du pays. Parmi eux, Bob Cousy, qui domine le circuit à la fin des années 1940, battant même les teams de Mikan et Schayes. Quand ils ne jouent pas, les ballers (du moins ceux qui ne sont pas pros) se font un paquet d'argent en bossant pour l'hôtel : les pourboires pleuvent pour les stars du basket. Ce n'est malheureusement pas le seul argent qui tourne. Avec la guerre, l'économie est plus que prospère et les paris deviennent un loisir que l'on peut se permettre. Des centaines de clients misent sur de simples rencontres opposant deux équipes d'hôtel. Certains joueurs veulent leur part et commencent à truquer des matches qui perdent peu à peu de leur intérêt. Si bien que des hôtels à la fin des 40’s retirent le basket de leur programme d'entertainment. Surtout, les ballers deviennent des cibles faciles pour des bookmakers qui veulent initier des contacts avant le début de la saison universitaire. C'est dans les Catskills qu'Eddie Gard et Salvatore Sollazo approchent les joueurs du Community College of New York, sans doute la meilleure fac de l'époque, et initient un business qui deviendra le plus gros scandale de matches truqués de l'histoire du sport universitaire. Un scandale qui porte le coup de grâce aux ligues hôtelières. Mais qui ne les empêche pas de garder une place essentielle dans l'histoire du streetball. Car avant Rucker et tous les autres tournois, c'est bien là que pour la première fois les meilleurs taffeurs du bitume ont pu se mesurer aux pros.
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