San Antonio, les raisons d’un échec

Les San Antonio Spurs ne s'attendaient pas à quitter les playoffs aussi tôt. Retour sur ce qui n'a pas fonctionné dans cette série contre OKC.

San Antonio, les raisons d’un échec
Les San Antonio Spurs ont donc pris la porte en demi-finale de Conférence après avoir pourtant réussi la meilleure saison régulière de leur histoire. Il n'y a pas si longtemps, beaucoup imaginaient les Texans comme les seuls à pouvoir empêcher les Warriors de retrouver les Finales NBA et, de fait, la deuxième équipe la plus à même de remporter le titre. C'est avec classe et humilité, sans jamais évoquer l'arbitrage ou une quelconque excuse extérieure qu'ils ont quitté la scène au sortir d'un game 6 à nouveau perdu face au Thunder. Viendra bientôt l'heure d'aborder en interne des questions cruciales qui détermineront le futur proche de la franchise, après ce qui ressemble quand même fort à un échec. Voici quelques pistes pour comprendre comment les Spurs sont passés à côté d'un choc au sommet contre Golden State.

Kawhi Leonard

Être le dauphin de Stephen Curry dans la course au MVP l'année où il est élu à l'unanimité n'est pas anodin. Kawhi Leonard a réussi une saison exceptionnelle et a confirmé qu'il était bien de la race des cyborgs capables de traumatiser l'opposition des deux côtés du terrain. Malheureusement, comme en 2015 face aux Clippers, Leonard s'est petit à petit étiolé dans cette série. S'il a toujours maintenu une certaine productivité et même été époustouflant dans le game 3, celui que l'on identifie désormais comme le franchise player des Spurs a eu du mal à éviter certains creux lors des trois dernières rencontres, là où Kevin Durant a maintenu des standards extrêmement élevés. Lors du game 6, celui de l'élimination, le meilleur défenseur de l'année a inscrit 22 points sur 23 tirs et a été incapable de limiter "KD" (37 points). Avant la mi-temps, Leonard n'avait pris que 9 tirs alors que son équipe vivait un calvaire. Il ne peut plus se le permettre maintenant qu'il est devenu celui sur qui les Texans s'appuient et se reposent. Alors qu'il n'a montré aucune émotion durant la saison régulière, surclassant ses adversaires un à un, le MVP des Finales 2014 a paru perturbé (et même usé, ce qui est plutôt inattendu) par le traitement que lui avait réservé le Thunder avec la défense agressive d'Andre Roberson et de Kevin Durant, qui se sont relayés pour l'empêcher de rayonner. Kawhi Leonard n'a que 24 ans et un potentiel dont on ne perçoit probablement pas encore la totalité. Il a prouvé qu'il restait quelques failles dans son jeu. Une fois que celles-ci seront réglées (et probablement lorsque les glorieux anciens auront tiré leur révérence), rien ni personne ne devrait être en mesure de le rendre aussi vulnérable que la nuit dernière...

Cette action

Après avoir compté jusqu'à 28 points de retard, les Spurs ont réussi un joli run et n'en comptaient plus que 11 à 3 minutes de la fin. C'est le moment choisi par Serge Ibaka pour nous rappeler à la fois qu'il est un formidable contreur, mais aussi que Tim Duncan n'est plus tout vert... OKC était alors en mode panique et un autre panier aurait rendu ce comeback possible.

Le banc de touche

"Il faut le reconnaître, le banc n'a pas été aussi productif qu'on aurait pu l'espérer", a expliqué Gregg Popovich après le match. C'est effectivement un facteur qui a décidé de cette série, notamment sur les dernières rencontres. Manu Ginobili, malgré une vingtaine de minutes par matches, n'a pas été le 6e homme détonant capable de mettre le feu dans un match comme par le passé. L'Argentin n'a pas été très heureux dans ses choix de passes en particulier, abusant de services dans le dos ou de recherches d'intervalles qui, autrefois, magnifiaient le jeu des Spurs. Patty Mills, David West, Kyle Anderson ou Kevin Martin n'ont eu que peu d'impact, particulièrement dans ce game 6, où "Pop" a tenté de maintenir ses titulaires sur le terrain le plus longtemps possible. Et que dire de Boris Diaw, pas sorti une seule seconde du banc cette nuit alors qu'il avait été l'une des armes secrètes préférées de Popovich lors des campagnes précédentes ? On se dit que, même en méforme physique (ce qu'a laissé entendre Popovich), "Babac" aurait pu apporter d'autres solutions face à la défense intérieure agressive du Thunder... RC Buford va probablement plancher sur des renforts capables d'aider les Spurs à ne pas se retrouver démunis lorsque les titulaires piochent un peu.

Le bon boulot de Billy Donovan

On a souvent dit cette saison que l'ancien coach des Florida Gators n'avait fait que récupérer le travail de Scott Brooks sans apporter de véritable patte à cette équipe. Depuis le début des playoffs, Billy Donovan nous prouve le contraire. On ne bat pas une machine de guerre comme les Spurs simplement en s'appuyant sur ses deux stars. Après la gifle du game 1, Donovan a su remotiver ses troupes et apporter des réponses tactiques cohérentes aux problèmes de son équipe. Son souhait de maintenir une pression constante sur Aldridge et Leonard en envoyant Ibaka et Adams au charbon sur le premier, puis Durant et Roberson sur le second, a payé. Sa volonté d'impliquer davantage Steven Adams et, lors du game 7, Andre Roberson est en soi un coup de génie qui a pesé dans la balance. Trop souvent cette saison, Enes Kanter a été le seul capable de prendre feu lorsque KD et Westbrook avaient besoin de souffler. Le danger commence à venir de partout, sans que cela ne limite les effets du "dynamic duo". On a hâte de voir ce que proposera Billy Donovan face à Steve Kerr pour sa première finale de Conférence.

Tony Parker

TP a alterné le bon et le discret dans cette série contre le Thunder. S'il a confirmé qu'il était toujours un excellent général pour initier les actions et profiter des ouvertures laissées par la défense, le meneur des Bleus a affiché ses limites en défense lors des trois derniers matches. Gregg Popovich n'a pas réussi à le cacher aussi souvent qu'il l'aurait voulu lors des raids meurtriers de Russell Westbrook. Nettement moins dissipé qu'en début de série, ce dernier a sanctionné chacun de ses duels avec le Français. Parker reste un atout important pour San Antonio, mais on peut commencer à se demander s'il ne serait pas plus efficace (et moins exposé) en sortie de banc à compter de la saison prochaine. Connaissant Popovich et le respect qu'il a pour ses "historiques" (Tim Duncan était toujours starter cette saison), cette issue est peu probable, même si elle mériterait d'être testée pour que les dernières années du meilleur joueur tricolore de tous les temps soient productives.

Les dieux du basket vs San Antonio Spurs

Tony Parker a expliqué que les Spurs n'avaient eu aucune réussite durant cette série et que c'était simplement dû au choix des "dieux du basket". Une manière détournée d'évoquer les deux fins de matches houleuses où les coups de sifflet ont été en défaveur des Texans, mais aussi le fait que certains joueurs adverses soient sortis du bois de manière parfaitement inattendue. Qu'Andre Roberson inscrive 14 points à 3/4 à 3 points alors qu'il n'avait pas inscrit 2 paniers extérieurs consécutifs depuis ses années en NCAA l'a plutôt contrarié. "Ce sont des choses comme ça, qui ne sont pas censées se produire, que j'appelle des décisions des dieux du basket", a précisé TP.

L'entêtement de Popovich

Gregg Popovich est l'un des meilleurs coaches de tous les temps, c'est un fait. Mais force est de reconnaître qu'il a probablement tardé à proposer du small ball contre OKC dans ce dernier match et, plus largement, lors des trois revers consécutifs et fatals. Le journaliste qui a osé lui soumettre cet état de fait en conférence de presse d'après-match a en tout cas pu constater la susceptibilité de "Pop" en matière de tactique. "Tu t'es mis au coaching toi ? Ce n'est pas une bonne idée, tu ne devrais pas faire ces choses-là", a rétorqué le boss des Spurs sans le moindre sourire... Peut-être faudra-t-il que San Antonio se penche sur des recrues capables d'occuper la raquette dans une approche plus small. Après avoir volontairement fait le choix de se passer de Boris Diaw dans le game 6, Popovich n'avait ainsi comme alternative au poste 5 que David West et Boban Marjanovic...