Scott Brooks n’est plus l’homme de la situation

Scott Brooks a sans doute fait son temps à OKC. Après un run de 7 ans, le coach du Thunder semble à court de solutions pour sauver la situation.

Scott Brooks n’est plus l’homme de la situation
Lorsqu'un coach fait des miracles avec une équipe moyenne, il est immédiatement portée aux nues. Lorsqu'un coach fait bien fonctionner une équipe composée de stars, le mérite lui revient rarement. Et lorsqu'un coach galère à trouver des solutions alors qu'il possède deux des 5 ou 6 meilleurs joueurs de toute la NBA sur le plan individuel, une odeur de sapin commence à accompagner ses moindres faits et gestes... Scott Brooks n'est pas le premier venu, on parle tout de même du coach en poste depuis le plus longtemps sur le banc d'une même équipe derrière Gregg Popovich (à égalité avec Erik Spoelstra et Rick Carlisle). Pourtant, jamais son cycle débuté en 2008 n'a semblé aussi près de prendre fin. On savait que le début de saison serait compliqué, voire casse-gueule pour le Thunder avec les blessures consécutives de Kevin Durant et Russell Westbrook. Mais c'est justement dans ce genre de situations que le savoir-faire d'un coach et sa capacité à trouver des alternatives sont précieux. On pensait le voir faire de Serge Ibaka un All-Star, de Reggie Jackson un 6e homme de luxe, développer un jeu bien plus collectif à l'heure où les Hawks et d'autres équipes sans vraie star jouent cette carte, et faire en sorte que l'équipe traverse ces temps compliqués sans trop de heurts pour sa crédibilité. A mi-saison, on ne s'inquiète pas uniquement du risque de voir OKC manquer les playoffs, mais bien de la pérennisation d'un projet si séduisant au départ. Lorsque LeBron James et le Heat ont conquis leur première bague face au Thunder en 2012, il semblait évident que le duo KD-Westbrook avait de toute façon pris rendez-vous et gagnerait un titre à court ou moyen terme. Aujourd'hui, on se demande plutôt comment OKC va parvenir à conserver le MVP en titre et son comparse lorsqu'ils auront la liberté contractuelle de retourner "chez eux", à Washington pour Durant et en Californie pour Westbrook. Et évidemment, Brooks est en première ligne. [superquote pos="g"]Autant sur le plan tactique que sur le plan humain, les limites ont été atteintes.[/superquote]Sur le plan humain, on l'a vu plusieurs fois très effacé lorsque ses joueurs ont eu quelques échanges houleux (cf Ibaka et Westbrook) ou simplement lorsque son équipe a pris le bouillon face à certains adversaires. Le travail de l'ancien joueur NBA depuis son arrivée est à saluer, notamment pour sa capacité à faire progresser les talents qu'il a eu à sa disposition. Mais autant sur le plan tactique qu'humain, les limites semblent avoir été atteintes. Les schémas offensifs proposés par Brooks sont des plus simplistes et tournent tous autour de Durant et Westbrook, avec une tendance de ce dernier à foncer dans le tas pour chercher l'exploit. La circulation de balle, qui n'était déjà pas forcément l'atout numéro 1 de l'équipe lorsqu'elle tournait à plein régime, est devenu un vrai problème. La défaite contre les Knicks la nuit dernière a été symptomatique. En l'absence de KD, Westbrook a pris 30 shoots (pour marquer 40 points) et l'équipe dans son ensemble n'a réussi que 10 passes décisives... Ce n'est pas faute de proposer des entraînements innovants et intéressants, un mérite qu'il faut rendre à celui qui avait été élu coach de l'année en 2010.
"Il m'arrive de demander aux joueurs d'échanger leurs postes à l'entraînement pour qu'ils puissent mieux se comprendre. Sur une session offensive, je demande à Kendrick Perkins de jouer meneur et à Russell de passer pivot pour voir leur relation sur le pick and roll. Ils se rendent compte que ce que fait l'autre n'est pas aussi simple que ce qu'ils pensaient. Ça les aide à apprécier le rôle de chacun", expliquait-t-il récemment sur Bleacher Report.
[superquote pos="d"]Besoin d'un père-fouettard capable de mettre les joueurs face à leurs lacunes.[/superquote]Sauf qu'aujourd'hui ce n'est sans doute plus d'un éducateur plein de bonne volonté et de bonnes idées dont ont besoin les stars d'OKC, mais d'un père-fouettard tacticien capable de les mettre face à leurs lacunes et de leur imposer un style de jeu plus efficace. Depuis les Finales 2010, Scott Brooks a été critiqué et remis en question chaque saison par les observateurs et il semble que ses crédits ne soient plus illimités. Sur Twitter, les fans et les observateurs ne manquent pas d'interpeller la direction du Thunder. A 35 matches de la fin, OKC a un bilan tout juste à l'équilibre avec 23 victoires et 23 défaites. Des chiffres pour le moment insuffisants pour déloger Phoenix ou New Orleans des 8e et 9e places. Pas forcément de quoi inquiéter Brooks, persuadé que son équipe ne vaut pas moins qu'une autre même en ces temps difficiles.
"On parle de pression autour de nous mais je ne crois pas que ce soit le bon terme. Il y a un sentiment d'urgence et on est face à un défi, mais les gars ont toujours réussi à surmonter les épreuves. Je sais qu'ils le feront encore. Avec tous les soucis qu'on a eu, on sera bien heureux en fin de saison lorsque les résultats seront là. Notre but reste de remporter un titre, je sais qu'on en a les capacités".
On imagine que Scott Brooks a gagné le droit de finir la saison sur le banc, mais une fois l'exercice bouclé, il sera peut-être temps pour le Thunder de tourner une page pour s'éviter un avenir peu réjouissant...