Stephen Brun : « Contre l’Espagne, je savais qu’on allait revenir »

Au lendemain du titre historique remporté par l'équipe de France à l'Eurobasket, Stephen Brun fait le point sur 72 heures de folie.

Stephen Brun : « Contre l’Espagne, je savais qu’on allait revenir »
Champion de France 2013 avec Nanterre et consultant pour Sport +, Stephen Brun a commenté et décrypté pour nous l’Eurobasket 2013 ainsi que les résultats de l’équipe de France durant toute la compétition. Voici sa dernière analyse. BasketSession : Dans quelles conditions tu as pu suivre la finale, hier ? Stephen Brun : Je me suis retrouvé avec Alexis Rambur, un ami d’enfance de Tony et on a regardé ça tous les deux. Toute la journée déjà j’avais pensé au match du soir, j’avais forcément un petit stress et puis voilà, tout du long on était un peu tendu et, quand on a vu qu’on faisait le match parfait et qu’on avait pris le large, c’est vite redescendu et on a compris qu’on allait être champions d’Europe. On était content et très émus en voyant les images de Tony et des autres qui montaient dans les tribunes avec les supporteurs. On avait vraiment des frissons. BasketSession : Et pendant la demie finale, ton cœur a tenu le choc ? SB : Là, c’était chaud par contre ! J’étais tout seul chez moi, j’étais comme un dingue ! Je sautais sur mon canapé et je n’arrêtais pas de twitter en même temps. Un match comme ça, c’est dur pour le palpitant (rires). Il aurait fallu me brancher sur un électrocardiogramme pour me surveiller. Le stress est monté, je criais tout seul, mais c’est un des meilleurs matches de basket que j’ai eu la chance de voir à la télé. [superquote pos="d"]"Il y a des millions de sélectionneurs qui ont la science infuse du basket alors qu’ils n’y connaissent rien du tout."[/superquote]BasketSession : Quand l’Espagne a fait le break, tu as continué d’y croire ? SB : (Déterminé) Je savais qu’on allait revenir. Sur Twitter, je voyais tous les gens qui commençaient à tailler et à dire « Ah, voilà, super cette demie finale… » C’est là que tu vois qu’il y a des millions de sélectionneurs qui ont la science infuse du basket alors qu’ils n’y connaissent rien du tout. C’est le genre de trucs qui m’insupporte. Je savais qu’on allait revenir dans le match, d’ailleurs j’avais pronostiqué qu’on allait gagner de peu mais qu’on allait gagner. Bien sûr que ça me faisait chier qu’on soit à -14 à la mi-temps, mais j’y croyais encore. BasketSession : Avec le recul, quel a été la clé face à l’Espagne ? SB : Je pense qu’il y a du avoir le coup de gueule de Tony et de Boris à la mi-temps. J’espère qu’on aura la chance de le voir dans le reportage que va nous sortir Canal +, parce que je sais qu’il y avait quelqu’un qui tournait des images depuis le début. En plus ça tombe bien, on est champions donc ça va faire un magnifique documentaire. Tony a dit qu’il ne faudrait pas montrer les images du vestiaire parce que c’était violent, mais justement nous on a envie de voir ça, parce que ça a remobilisé les gars. Quand tu es à moins quatorze à la mi-temps face à la meilleure équipe d’Europe, ou du moins ce qui était anciennement la meilleure équipe d’Europe, qu’est-ce qu’il te reste à faire ? A te lâcher et à, au moins, jouer au basket quitte à perdre, mais à ce que ce soit la tête haute puisqu’on n’avait pas existé pendant les vingt premières minutes. Au final, on revient, Antoine Diot se lâche, rentre les trois-points qui font revenir et après Tony ferme la boutique. Flo Pietrus a fait don de son corps à la science en envoyant quelques coups de coudes bien placés, Boris a été bon et voilà, on passe. [caption id="attachment_121577" align="alignright" width="300"] "Antoine Diot se lâche, rentre les trois-points qui font revenir et après Tony ferme la boutique."[/caption] BasketSession : Justement, est-ce que tu avais déjà eu le souvenir de voir une performance comme celle de Tony Parker lors de cette demie finale ? SB : Je vais te dire que Dirk Nowitzki a fait des cartons comme ça, mais mettre 32 points face à l’Espagne, dont on connait la ligne arrière monstrueuse, c’est monumental. En première mi-temps, on est à moins quatorze, mais heureusement qu’il est là sinon on serait à moins vingt-cinq. C’est l’une des plus belles performances offensives que j’ai vues, même si j’ai eu la chance de jouer avec Tony quand il en avait mis 37 – son record en carrière avec l’équipe de France – contre la Turquie à Limoges, même si on avait perdu. Faire ça face aux double-champions d’Europe en titre, c’est phénoménal. BasketSession : Un récent sondage, réalisé auprès des joueurs de l’Eurobasket, mettait Tony Parker à la deuxième place des meilleurs Européens de l’histoire. A ton avis, quelle place est-ce qu’il est en train de prendre dans l’histoire du basket européen et mondial ? SB : Il se place très, très haut. Après, ce sont toujours des débats sans fin parce que tu as des gens qui prennent parti pour tel ou tel joueur. Ce ne sont pas les mêmes générations, ni le même basket qui est proposé. Mais c’est clair qu’il se place tout en haut des meilleurs joueurs européens, avec les Drazen Petrovic, les Sabonis, les Dirk Nowitzki et compagnie. BasketSession : Au final, comment est-ce que tu analyses les deux visages que l’équipe de France a pu montrer : durant les phases de poule et durant les phases finales ? SB : Peut-être qu’ils avaient calculé leur coup et qu’ils s’étaient dit « Pas besoin d’être à fond, on a de la marge pour se qualifier et, même si on perd un ou deux matches, ça ne sera pas dramatique ». Ils avaient déjà fait un Euro où, en ne perdant qu’une fois, ils avaient fini 5èmes. Le basket proposé était un petit peu inquiétant, surtout au niveau de la cohésion de l’équipe, du jeu offensif proposé et même de la défense. Donc nous, supporteurs, journalistes et consultants, on était inquiet et on se disait « A un moment donné, il va falloir avoir un match référence et une base sur laquelle on peut se poser pour les matches couperets ». Tony a toujours expliqué que le quart de finale était le match le plus important, donc lui dans sa tête, je pense qu’il était programmé pour jouer son meilleur basket à partir de là. C’est ça qui est fort dans cette équipe, c’est qu’ils ont su tout à coup retrouver une agressivité et une cohésion qu’ils n’avaient pas montrées lors des deux premiers tours. Est-ce que c’était prévu et calculé ? Seuls ceux qui sont dans le groupe le savent, mais il faut leur tirer un grand coup de chapeau pour avoir su se surpasser lors des matches importants. BasketSession : Bon, et l’épisode de la piscine, on en parle ? SB : (Rires) C’était le match contre l’Espagne, en prolongation, j’ai craqué ! J’avais dit que si on gagnait je le faisais et je tiens toujours ma parole. Donc j’y suis allé et j’ai mis une petite vidéo sympa pour montrer qu’ils m’avaient rendu dingue et que j’étais tellement content que j’ai fait une petite bombe dans la piscine. Elle était un peu fraiche mais ça m’a fait du bien, ça m’a détendu après le stress du match (rires). Suivez Stephen Brun sur twitter Récaps de matches, perfs, réactions, équipe de France, retrouvez toutes les infos concernant l’Eurobasket 2013 en cliquant ici.