Quand tu te lèves pour Curry, et que tu finis sur Boogie…

On a espéré voir un match de rêve entre les Warriors et les Spurs cette nuit. Au final, la nuit a été marquée par deux extraterrestres : Stephen Curry et DeMarcus Cousins.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Edito
Quand tu te lèves pour Curry, et que tu finis sur Boogie…
On se disait que cette fois ce serait la bonne. Qu’on se lèverait à 4h30 pour un match à suspense, une finale de l’Ouest avant l’heure où les Stephen Curry et les Golden State Warriors allaient au moins galérer un peu. Forcément, par les temps qui courent, toute résistance est la bienvenue pour préserver le suspense. Le sandwich coupable de 5h du matin, celui qui file des ballonnements mais aide à décoller les yeux, allait forcément bien passer vu la forme que tiennent les Spurs et le problème toujours épineux que représente leur jeu collectif pour l’adversaire. Ce que Kevin Durant avait décrit la veille comme « faire 30 passes avant de marquer » en exagérant à peine. On se disait, comme avant le match contre les Pacers, comme les deux précédents contre les Cavs, que le coach adverse trouverait de quoi poser des problèmes aux champions. Toute légende vivante qu’il est, Gregg Popovich n’est pas un magicien. Contre Stephen Curry, il n’y a, à l’heure actuelle, pas de miracle possible. La team de la Bay Area a balayé San Antonio sans ménagement. Et aujourd'hui, même si la saison est encore longue et qu'il reste un paquet de casse-croûtes nocturnes à digérer avant les Finales NBA, on ne voit pas comment Golden State et son alchimiste vont pouvoir manquer le back-to-back. [caption id="attachment_309430" align="alignnone" width="636"] La tronche de Pop après avoir mis Kawhi Leonard, le meilleur défenseur de la ligue, sur Stephen Curry sans le moindre effet.[/caption]

Stephen Curry, le Shaq des arrières

C'est simple, aucun joueur n’a donné une telle impression de domination individuelle depuis Shaq en 2001. Pas même Tim Duncan. Pas même ce cyborg de LeBron. C’est bien au Big Cactus qu’il faut comparer Stephen Curry désormais, plus qu’à d’autres meneurs ou arrières contemporains. Si O’Neal brutalisait les adversaires dans la peinture en force et avec toucher, Curry le fait depuis n’importe quel endroit du terrain.  On a tous un pote un peu primitif qui se demande pourquoi personne ne lui met d’énormes taquets. Pourquoi aucun coach ne demande à l'un de ses joueurs de faire une "Cantona sur Der Zakarian" pour abîmer un peu la gueule d'ange du MVP. Tout simplement parce qu'il faut pouvoir suivre ses déplacements, épouser son rythme, ou même le toucher quand il dégaine ou pénètre. Tony Parker et sa vitesse ? Voilà ce que Stephen Curry en fait. Kawhi Leonard et sa virtuosité défensive. Voilà ce que Stephen Curry en fait. La passe la plus bizarre de la saison de la part de Festus Ezeli ? Voilà ce que Stephen Curry en fait. En deux quart-temps et demi, Stephen Curry a tué tout suspense. Et même si chacune de ses explosions est un petit moment d'histoire dont on se délectera dans 20 ans, on a pesté. Pesté contre cette prestation impuissante des Spurs, qui n'avaient pas pris une telle tannée depuis... 1989. Pesté contre LaMarcus Aldridge, capable de faire mumuse contre des franchises médiocres, mais terriblement muet et inutile cette nuit. Pesté contre génie du "Baby-Faced Assassin" qui nous a encore privés de suspense.

DeMarcus Cousins a sauvé la nuit

Heureusement, le League Pass existe pour donner un peu moins d'aigreur aux yeux collés du lendemain, et on a pu zapper entre deux temps morts et durant tout le 4e quart-temps sur les autres rencontres. Dans l'idée, le Sacramento-Charlotte n'était pas la plus sexy des affiches, même si les Kings jouent bien en ce moment et que les Hornets, même sans Nicolas Batum, sont divertissants. Mais quelques tweets nous ont mis la puce à l'oreille et indiqué que quelque chose de lourd se produisait sur le parquet de la Sleep Train Arena pendant que les Warriors humiliaient tout le Texas. "Boogie has decided to end the world tonight" ("Boogie a décidé d'anéantir le monde ce soir" en VF). Et effectivement, DeMarcus Cousins a redonné un peu de piment à la nuit. [superquote pos="g"]Comme si soudainement il avait accepté son destin : celui d'être le meilleur pivot de la ligue.[/superquote]Sacramento a paumé, certes, par la grâce de l'improbable Troy Daniels (8/11 à 3 points et un game-winner), qui avait visiblement emprunté un peu de mojo à Stephen Curry, mais quel pied de voir Cousins en action ! On parlait de Shaq un peu plus tôt et il y avait aussi de ça dans les gestes féroces mais très maîtrisés du sale gosse de l'Alabama, auteur de 56 points (record de la franchise) et privé d'un carton encore plus large après une 6e faute très discutable au début de la prolongation. Depuis son arrivée en NBA, "Boogie" nous a fait criser, nous a frustrés, agacés... Avec autant de basket dans les mains et un tel potentiel physique, pourquoi tout foutre en l'air avec un comportement hautain, malpoli et parfois paresseux ? Depuis un mois, il avait déjà égayé quelques insomnies en enchaînant les matches à plus de 30 points et en adoptant une attitude plus positive. C'est ce "DMC" là que l'on rêve de voir tous les soirs. Des moves splendides près du cercle, des drives + dunks meurtriers en dépit de son gabarit, quelques petits shoots à mi-distance histoire de dire "je vous fais ce que je veux". Un récital. C'est comme s'il avait soudainement accepté son destin, celui d'être le meilleur pivot de toute la ligue. On se souviendra peut-être plus tard de cette période où "Boogie" a pris conscience de qui il était. On est encore loin d'un retour des Kings et de leurs cloches à vaches en playoffs. Mais avec des performances comme celle-ci, on n'hésitera bientôt plus à préférer un match de Sacto à une nouvelle démonstration des Warriors...
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