Stephen Curry, started from the bottom

Joueur talentueux mais énigmatique en raison de ses blessures à répétition il y a deux ans, Stephen Curry est désormais une superstar, un MVP et surtout un champion NBA.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Stephen Curry, started from the bottom
Nous sommes le 17 juin 2015 et Stephen Curry est un champion NBA. Il y a deux ans, il se révélait au grand public en balançant missile après missile depuis la ligne à trois-points. A l’époque, le meneur des Golden State Warriors n’était même pas encore un All-Star. Klay Thompson, l’autre frangin flingueur de l’effectif, disputait sa deuxième saison NBA, sa première dans le cinq majeur. Qui aurait cru que ces deux jeunes joueurs décrocheraient le Graal avant Kevin Durant et Russell Westbrook, l’autre tandem dévastateur de la Conférence Ouest ? Il y a deux ans, Curry prouvait à ses détracteurs qu’il était capable de s’affirmer comme une star NBA. Si ce statut lui est désormais bien plus qu’acquis, n’oublions pas que le MVP de la saison est issu d’une université peu prestigieuse (Davidson, en Caroline du Nord), qu’il a été dans l’ombre de Monta Ellis lors de ses premières années à Oakland et surtout qu’il était sujet aux blessures à répétition aux chevilles. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Warriors ne lui ont proposé « que » 44 millions de dollars sur quatre lorsque les dirigeants lui ont offert une prolongation de contrat en octobre 2012. Une somme dérisoire au vu du niveau de jeu actuel de la superstar. Il y a deux ans, Stephen Curry n’avait pas encore intégré le gratin de la NBA. Il frappait seulement à la porte. Un an plus tard, il était enfin considéré comme l’un des meilleurs joueurs de la ligue sans pour autant disposer du même statut que les LeBron James, Kevin Durant, Russell Westbrook, Carmelo Anthony, Derrick Rose, Blake Griffin, Chris Paul et consorts. Hormis le King, aucun d’entre eux n’a remporté ne serait-ce qu’un seul titre de champion. A 27 ans et après une progression fulgurante, Curry est désormais sur le toit du monde.

Une progression vertigineuse en deux saisons

[caption id="attachment_281125" align="alignleft" width="318"] Stephen Curry et Klay Thompson ont décroché un titre avant Kevin Durant et Russell Westbrook, l'autre duo infernal de la Conférence Ouest.[/caption] Il y a deux ans, les Golden State Warriors disputaient les playoffs pour la première fois depuis 2007. Ils n’étaient même pas listés parmi les outsiders potentiels jusqu’au moment où ils ont éliminé les Denver Nuggets – troisièmes de la Conférence Ouest cette saison-là – avant de titiller les San Antonio Spurs au second tour (défaite 2-4). La franchise d’Oakland s’est refaite un nom au même rythme que Stephen Curry se créait une réputation d’assassin. Mais il était encore un guerrier aux chevilles fragiles. Un an auparavant, il cumulait 14,7 points de moyenne en 26 petites rencontres au cours d’une saison minée par les blessures à répétition. La prudence était de rigueur malgré les prestations déjà prometteuses du joueur drafté en septième position en 2009. Pour en arriver là où il en est aujourd’hui, le natif d’Akron s’est imposé un rythme de travail stakhanoviste. Il a renforcé son corps, des épaules jusqu’aux jambes en passant par ses hanches. Il s’est musclé. Il a même fait du yoga avec Keke Lyles, préparateur physique réputé dans la prévention des blessures, embauché par les Warriors il y a deux ans.
[superquote pos="d"]« Je n’ai jamais vu quelqu’un contrôler aussi bien son corps. Il est super rapide mais il garde toujours le contrôle. »[/superquote]« Stephen aimait se servir de ses chevilles pour contrôler son corps. Il se sert de ses hanches désormais. Il est probablement dix fois plus fort que ce que les gens pensent », explique l’entraîneur.
Stephen Curry est un être humain lambda comparé aux golgoths qui peuplent cette ligue. Il est grand pour son poste sans être gigantesque. Il n’est pas taillé dans la roche comme Russell Westbrook. Il n’est pas aussi aérien que John Wall. Les fans parviennent ainsi à s’identifier plus naturellement à lui, ce qui explique aussi l’explosion de sa cote de popularité. Curry dégage une impression de facilité lorsqu’il se défait de ses vis-à-vis les uns après les autres avant de dégainer depuis la ligne à trois-points. Mais derrière ce sentiment se cachent des heures et des heures de travail acharné.
« Je n’ai jamais vu quelqu’un contrôler aussi bien son corps. Il est super rapide mais il garde toujours le contrôle », poursuit Lyles.
En renforçant ses hanches et ses jambes, il a trouvé l’agilité et la puissance nécessaire pour se balader entre les défenses adverses à une vitesse défiant les lois de la nature humaine. Ses highlights et ses tirs improbables de n’importe quel coin du terrain ne sont que le fruit de mouvements répétés pendant de longues séances d’entraînement. La star a passé un cap chaque saison depuis l’arrivée de Keke Lyles au sein du staff des Warriors. Il n’a plus manqué plus de deux matches au cours du même exercice. Ses statistiques ont elles aussi augmenté année après année, de même que son efficacité. Aujourd’hui, Curry n’est pas seulement un excellent shooteur. C’est aussi un playmaker d’exception et un défenseur en progression.

Une superstar au service d'une franchise ambitieuse

[caption id="attachment_281127" align="alignleft" width="318"] Les Golden State Warriors, champions mon frère.[/caption] Les Warriors ont évolué au même rythme que leur meilleur joueur. La franchise a créé la surprise lors des playoffs 2013, était présentée comme un outsider en 2014 avant de dominer la NBA lors de l’exercice écoulée (67 victoires). Dominer, le terme est relatif. Golden State disposait de la meilleure équipe d’un championnat composé de plusieurs excellentes formations. Pourtant, les San Antonio Spurs sacrés en 2014 ou même le Miami Heat champion en 2013 semblaient plus « forts » - le terme est subjectif – que les Warriors 2015. Les Californiens ont su profiter des blessures des uns et des autres – on pense à celles de Kevin Durant et Russell Westbrook pour Oklahoma City, Kevin Love et Kyrie Irving pour Cleveland – et de la faiblesse de la Conférence Est (remporter la Conférence Ouest était presque une assurance de décrocher le titre) pour se hisser sur la plus haute marche du podium. [superquote pos="d"]Les Warriors ont pris des risques chaque saison... tous ont payé ! [/superquote]Il ne s’agit pas de dévaloriser le superbe titre de l’organisation, bien au contraire. Un champion reste un champion. Les Warriors ont su saisir leur chance au bon moment mais il ne faut pas non plus oublier qu’ils ont su se mettre en excellente position pour surfer sur la moindre opportunité. Les Warriors ont prolongé Stephen Curry malgré ses problèmes aux chevilles. Ils ont osé lui confier les rênes de la franchise en bazardant Monta Ellis, échangé aux Milwaukee Bucks contre Andrew Bogut. Si ce choix ne souffre d’aucune contestation aujourd’hui, il ne faut pas oublier non plus qu’une large partie des supporteurs de la Baie ont boudé cette décision. Ellis était adulé à Oakland et Bogut était considéré comme un ancien premier choix de draft lui aussi sujet aux blessures à répétition lorsque les Warriors ont mis la main dessus. Sa présence a pourtant propulsé l’équipe dans une autre dimension. Il est le point d’ancrage d’une défense d’élite construire en quelques saisons par Mark Jackson et ses assistants. Stephen Curry a d’ailleurs tenu à rendre hommage au travail effectué par son ancien entraîneur.
« Quand Steve (Kerr) est arrivé, il y avait déjà de solides fondations qui avaient été construites les trois années précédentes. Evidemment, coach Jackson a une grande place dans notre changement d’identité. »
Mark Jackson était apprécié par ses joueurs – c’est un euphémisme. Il a insufflé une confiance incroyable à son groupe, et principalement aux deux Splash Brothers. La direction des Warriors n’a pourtant pas hésité à s’en séparer l’été dernier. Là encore, ce choix a été fortement critiqué par le public et une partie de la presse. Les Warriors ont pris le risque de se séparer d’un coach respecté pat son groupe pour le remplacer par un entraîneur débutant (en l’occurrence Steve Kerr). Là encore, ce choix a été payant et plus personne ne remet en question les décisions du management. Kerr s’est armé d’un staff d’assistants redoutables (Alvin Gentry, Ron Adams) et ses choix tactiques ont fait leur preuve tout au long de la saison et des finales NBA. [caption id="attachment_281131" align="alignleft" width="318"] David Lee, Harrison Barnes, Stephen Curry et les autres... Les Warriors ont construit une superbe équipe.[/caption] Sur le parquet aussi, les Warriors ont pris des risques pour entourer au mieux leur superstar. Ils ont donc bazardé Ellis et récupéré Bogut avant d’embaucher Andre Iguodala lors de l’intersaison 2013. Ils ont pris le risque de se mettre financièrement dans le rouge pour embaucher l’ancien joueur des Sixers et des Nuggets. Ils ont drafté Draymond Green et Harrison Barnes. Ils ont offert une place dans le cinq à Klay Thompson. Mieux, ils n’ont pas cédé aux avances des Minnesota Timberwolves l’été dernier, lorsqu’ils avaient la possibilité d’associer Curry à un autre All-Star, Kevin Love. Les Warriors n’ont pas voulu casser leur dynamique et ils ont préféré conserver Thompson, devenu All-Star cette année après avoir prolongé pour environ 70 millions sur cinq ans. A peine arrivé à la tête de l’équipe, Steve Kerr a lui osé lancer Draymond Green dans le groupe de départ tout en laissant David Lee, un ancien All-Star sur le banc. Il a redonné sa chance à Barnes, jeune joueur prometteur auteur d’une saison sophomore en demi-teinte, et a placé Iguodala sur le banc malgré son contrat imposant. Il a composé un cinq mobile et sans lacune. Le meilleur de la ligue, sans aucun doute. Personne n’aurait cru à un pareil destin pour Stephen Curry et les Golden State Warriors il y a deux ans. La star et la franchise se sont donné les moyens pour assouvir leur rêve de titre. Elles y ont cru et leur travail a fini par payer à une vitesse surprenante. Finalement, nous sommes le 17 juin 2015 et la NBA tient en Stephen Curry et les Warriors de superbes champions. Started from the bottom now they're here.  
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