Steve Nash : « Probablement stupide de jouer ce soir »

Cette saison, Steve Nash aurait pu lâcher l'affaire des dizaines de fois sans que personne ne lui en veuille. Mais son amour du jeu est décidément trop fort.

Steve Nash : « Probablement stupide de jouer ce soir »
On ne pourra pas reprocher à Steve Nash de ne pas aimer le basket plus que tout. Combien de joueurs dans son cas auraient arrêté depuis longtemps ? Mais son amour du jeu n’a pas changé d’un iota depuis sa saison rookie, quand bien même il a 40 piges et que son corps lui envoie tout un tas de signaux pour qu’il arrête. Hier, contre toute attente, il a donc décidé de jouer. S’il a tenté depuis de nombreuses semaines de se maintenir en condition tout en soignant ses problèmes, il n’a pris part avant cette rencontre qu’à un seul entraînement collectif depuis le 11 février, date de son dernier match. C’était jeudi, et c’était un entraînement sans opposition. Bien maigre pour décider de jouer. Mais l’envie était trop forte.
« Nash a dit qu’il se sentait bien et qu’il veut essayer », expliquait Mike D’Antoni avant la rencontre.
Il se sentait bien, mais n’avait aucune certitude quant à sa capacité de jouer un match NBA :
« Je suis excité. Malheureusement, je ne sais pas vraiment où j’en suis parce que je n’ai pas vraiment fait d’alle-retours sur un terrain ou participé à des matches d’entrainement depuis cinq semaines, mais j’ai essayé de me garder en condition au cas où l’opportunité se présenterait. »
Avec un seul point-guard disponible, Kendall Marshall, Steve Nash a décidé de se lancer. Sans véritable test de jeu avec opposition :
« C’était probablement stupide pour moi de jouer ce soir », racontait-il après la partie. « Mais je voulais juste jouer. »
Il a donc pu relayer Marshall pendant près de 19 minutes. S’il s’est contenté de 5 pts et a perdu 4 balles, il a prouvé qu’il n’avait rien perdu de sa vista en distribuant 11 pds (oui, en 19 minutes…), en réalisant 3 interceptions et quelques éclairs de génie comme sa passe dans le dos alors qu'il drivait au cercle à un peu moins de 2 minutes de la fin du 1er quart. Et s’il espère rejouer cette année, puis la saison prochaine, ce n’est pas pour devenir le 3ème meilleur passeur de l’histoire de la NBA (il n’est plus qu’à 27 assists derrière Mark Jackson). Ni même pour les 9,7 millions de dollars que lui rapportera son contrat l’année prochaine. Bien sûr, il a raison de les vouloir, comme il l’expliquait très justement . Mais ça vient loin derrière son amour du jeu. Car ceux qui lui reprochent d'être motivé uniquement par l'argent que sa dernière année de contrat lui rapportera se trompent. Interrogé sur les critiques de certains fans dans le somptueux documentaire de Grantland, il dit très clairement - et avec une franchise qui l'honore - qu'il tient à cette somme et qu'elle fait partie de sa motivation. C'est juste une réponse franche à une question posée. Certains (fans des Lakers ou pas) ont profité de ce passage pour faire des raccourcis et affirmer que son seul objectif est financier. Mais ils oublient, à dessein ou pas, le reste du docu, dans lequel transpire à chaque instant son amour du jeu, dans lequel il affirme à quel point il a envie de rejouer et combien c'était important pour lui de refouler les parquets lors des deux matches qu'il a pu jouer avant la rencontre de cette nuit. Il suffit de se souvenir de son inquiétude dans l'épisode 2 du même documentaire quand il comprend qu'il pourrait ne plus jouer si les Lakers le décidaient alors même qu'il toucherait quand même ses 9,7 millions pour s'en apercevoir : oui, s'il peut toucher cet argent, il n'a aucune raison de ne pas le prendre (et tout le monde le ferait à sa place), mais cette motivation vient après sa passion pour le jeu et son envie pure de rejouer. Une passion qui lui a fait prendre un immense plaisir hier, même en perdant un nouveau match avec une équipe qui se débat avec peine dans les tréfonds de la conférence Ouest :
« Juste traverser le terrain du Staples Center avec ces gars, devant ces fans, ça n’a tout simplement pas de prix pour moi. »
A l’heure où beaucoup de jeunes Lakers ne paraissent même pas se donner à fond alors qu’ils sont en fin de contrat (à l’exception de Robert Sacre qui affirme voir en Nash une vraie source d’inspiration), il faut profiter des derniers tirs, des derniers dribbles et surtout dernières dimes de cette légende du basket. Car si la plupart des joueurs sont passionnés par leur sport, rares sont ceux qui ont un tel love of the game.

Le match de Steve Nash

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