[Streetball Legend] Demetrius « Hook » Mitchell : accro au bitume

Si le basket avait été sa seule drogue, Demetrius "Hook" Mitchell aurait pu devenir l'un des plus grands.

[Streetball Legend] Demetrius « Hook » Mitchell : accro au bitume

Toucher le fond et reprendre son appel

Mitchell ne s’en rend compte qu’aujourd’hui, mais en se chiant dessus comme ça, c’est la réputation et l’amour de ceux qui voulaient le meilleur pour lui qu’il a salis.

« J’ai repoussé tous les gens qui voulaient m’aider, parce que j’avais cette mentalité de lascar et cette culture de la rue tellement ancrée en moi que je n’étais pas prêt à me laisser bousculer, même pour mon bien. »

L’appel des substances avait fini par étouffer celui de son amour-propre. Mais le fond, c’est le 27 décembre 1999 au matin qu’il l’a vraiment touché, dans un vidéoclub. Bouffé de l’intérieur par toutes les merdes qu’il ingérait depuis des années, la détresse l’a poussé à braquer un Blockbuster... sans arme. Comme dans les polars de série Z, le magasin a vite été encerclé par la police et Hook a plongé : 5 ans fermes. Il avait beau lui avoir cassé les chevilles pendant des années, l’avoir crossé sur tous les terrains de Cali, Mitchell se retrouvait finalement face à son moment de vérité. Pour dire vrai, c’était déjà dingue qu’il soit toujours en vie. Une bonne étoile et un dégoût pour la pipe à crack et les seringues peuvent avoir cet effet. Coincé entre trois murs et des barres, Demetrius a enfin pris le temps de contempler sa vie. Un coup d’œil à gauche, le passé, avec son lot de «aurait pu, aurait dû, si seulement», et surtout un long regard vers la droite, le chemin encore à parcourir. C’est à ce moment que Hook a enfin compris que ce à quoi il était profondément accro, ce n’était ni la came ni même le basket, c’était l’espoir ! Compter, être quelqu’un, faire bouger les choses, pas besoin de jump pour faire ça, même si ça peut aider... Hook a tiré son temps. Méditation, course à pied, exercice, il s’est refait une santé. La prison de béton l’a aidé à quitter le ghetto de la drogue et l’a recraché sur le pavement plus libre qu’il ne l’avait jamais été. Demetrius Mitchell est resté dedans, Waliy Abdur Rahim en est ressorti. Avec l’Islam comme cadre et le soutien de ceux qui ont toujours cru en lui, même à leurs dépens, Hook a rebondi. Appel deux-pieds pour effacer les galères et rattraper le temps perdu juste au-dessus du cercle. Aujourd’hui, il s’efforce d’utiliser son vécu pour faciliter celui des plus jeunes. Redonner à la rue tout ce qu’elle lui a pris en priant pour qu’elle laisse les «baby-hooks» tranquilles. Kenny Smith et le reste du monde ne sauront jamais, mais Oakland n’oublie pas.

« Ce qui différencie Hook d’autres légendes des playgrounds, c’est que les gens qui te parlent de lui ne sont pas des inconnus », note Scoop Jackson. « Ce sont des All-Stars ! »

Parole de l’un d’entre eux, son pote de toujours, Gary Payton :

« Il est sans doute le meilleur joueur – pas seulement à venir d’Oakland, mais de n’importe où dans le monde – à ne jamais avoir joué en NBA. »

Peu importe, Hook, la légende, a fait son temps, c’est Waliy Abdur Rahim qui doit maintenant tracer sa route et il se shoote à l’espoir... pur  !