Grant Hill : Les diamants ne sont pas éternels

Grant Hill : Les diamants ne sont pas éternels

Alors qu'il fête aujourd'hui ses 51 ans et occupe le poste de directeur de Team USA, nous tenions à rendre hommage à ce joueur extraordinaire qui a été malheureusement stoppé dans son élan par des blessures à la cheville à répétitions. Voici le portrait que nous lui avions dédié dans le numéro 42 de REVERSE.

Jean-Sébastien BlondelPar Jean-Sébastien Blondel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / G.O.D.
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Des regrets ? Oui, forcément, la carrière de Grant Hill en laisse beaucoup. On ne saura jamais son mental était à la hauteur de son talent et de ses capacités physiques. On ne saura jamais s’il était parti pour dominer sa génération ou pour aligner les sorties prématurées et décevantes. Ce qu’on sait, c’est qu’il aimait suffisamment le basket pour mettre ses regrets derrière lui et se réinventer malgré les déceptions et la souffrance. Ça nous suffit.

Le vieil homme et l’amer

REVERSE n°42
Ce portrait de Grant Hill est extrait du numéro 42 de REVERSE

Avoir Grant Hill sur son banc pour apporter une grosse défense, de l’altruisme et du leadership pour encadrer les jeunes starlettes, c’est un peu comme avoir une vieille Ferrari 388 GTO dans son garage et la retaper complètement pour aller acheter le pain et REVERSE. Ça marche, mais dans l’absolu, ça reste un gros gâchis et ça fait mal au cœur de voir un tel spécimen évoluer aussi loin de son terrain de jeu de prédilection. Un circuit fermé, dans le cas de notre bolide. Les hautes sphères du Hall of Fame, dans celui de notre athlète.

D’autant que si la GTO a été produite à 272 exemplaires, les amoureux de basket n’avaient qu’une chance de voir Grant Hill exploiter tout son potentiel, et n’ont eu que quelques splendides années à Duke et six saisons NBA pour se faire une idée du joueur qu’il s’apprêtait à être. Le Grant Hill que la jeune génération a connu à Orlando, à Phoenix, puis aux Clippers n’est qu’une version atrocement diminuée du vrai ailier à tout faire qui éblouissait la ligue et les États-Unis tout entiers quelques années auparavant.

Un vétéran extrêmement intelligent et miraculeusement bien entretenu par le staff médical des Suns qui a su renaître des cendres de son basket pré-blessures pour devenir indispensable à son équipe sans montrer la moindre trace d’aigreur vis-à-vis de sa splendeur passée. Un miracle, quand on connaît l’égo des joueurs pros. Une évidence, quand on a vu Hill évoluer lors de ses belles années.

Grant Hill n’a jamais eu à se transformer en joueur d’équipe après ses blessures. Il l’a toujours été.

Il n’y a pas d’amertume chez Grant Hill. Ou alors elle est enfouie si profondément qu’elle n’est jamais apparue au grand jour, même après les cinq opérations de la cheville et les innombrables heures de rééducation qu’il a dû endurer pour espérer refouler à nouveau les parquets.

« Chez moi, j’ai toutes les sortes de béquilles imaginables », trouvait-il même la force de plaisanter.

« Sur une période de trois ans, j’ai passé quasiment 12 mois en béquilles. »

Rares sont les joueurs autrefois dominateurs qui ont su si bien se faire à l’idée qu’ils ne le seront plus sans jamais être tentés d’en faire trop, ne serait-ce que le temps d’un match contre une équipe minable, juste pour essayer de revivre le frisson et l’ivresse que ressent un athlète lorsqu’il est au sommet de sa discipline. Il faut dire que ceux qui ont dominé en étant aussi complets que lui se comptent sur les doigts d’une main. Seuls cinq autres joueurs (chronologiquement : Wilt Chamberlain, Oscar Robertson, John Havlicek, Larry Bird et Kevin Garnett) ont déjà tourné à plus de 20 points, 9 rebonds et 6 passes de moyenne sur une saison. Avec Bird (7 fois), Oscar (4) et Wilt (2), Grant Hill est le seul à l’avoir fait plus d’une fois.

Durant ses premières années à Detroit, il était indispensable au jeu des Pistons sans pour autant tirer la couverture à lui. Tous les ballons passaient par lui. La plupart revenaient généralement à ses coéquipiers dans de meilleures conditions que quand ils les lui avaient confiés. Grant n’a donc jamais eu à se transformer en joueur d’équipe après ses blessures. Il l’a toujours été. Il lui a par contre fallu trouver le moyen de contribuer au succès des siens sans avoir le contrôle total du match que lui offraient autrefois son explosivité et son agilité.

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