L’ado improbable qui a découvert Anthony Davis

Personne ne connaissait Anthony Davis avant que Daniel Poneman, un lycéen avec qui il jouait sur les playgrounds de Chicago, ne balance une vidéo de la future star des Pelicans sur la toile.

Daniel Poneman n'est pas venu dans la baie de San Francisco pour voir Anthony Davis se dresser face aux Golden State Warriors. Et ce même s'il n'avait jamais vu « Unibrow » sous le maillot d'une franchise NBA. Non, l'homme qui a donné un formidable coup d'accélérateur à la carrière d'Anthony Davis, et dont Bleacher Report retrace la trajectoire dans un portrait, était simplement venu rendre visite à sa mère et en a profité pour assister au Game 2 de la série entre les Californiens et les Pelicans. Avant d'enfin découvrir de quoi ont accouché les premières vidéos de sa carrière de scout.

Coup de projecteur

Car avant de croiser le chemin de Daniel Poneman, Anthony Davis n'était qu'un jeune de Chicago parmi d'autres. Le lycéen AD était encore bien loin de la star « Unibrow ». L'égal de Daniel Poneman, en somme, qui s'adonnait au basket dans la même catégorie d'âge. Le talent en plus. L'envie de percer et de devenir professionnel, aussi.
« J'étais tellement concentré sur mon site internet que je voulais faire du scouting tous les jours au lieu d'aller à l'entraînement », raconte ainsi celui qui n'en était alors qu'à ses premiers pas dans la découverte de talents.
Une passion qui lui a permis de voir le futur de la grande ligue dans un gymnase de l'Indiana. Avant tout le monde. Et, surtout, de le filmer. Résultat : des dunks, des blocks et des jumps à l'image. Surtout, une vidéo mise sur la toile, un buzz immédiat, et des recruteurs universitaires se pressant à la porte d'un lycéen qui, jusqu'ici, ne savait pas s'il aurait l'opportunité d'évoluer en NCAA. C'est bien grâce aux vidéos tournées lors des premières rencontres d'AAU d'Anthony Davis que ce dernier rejoindra les Kentucky Wildcats. Et connaîtra une ascension fulgurante. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=NetioYFKI6I[/youtube]

Frères ennemis

Ce jeune scout amateur n'a pas fait que filmer celui qu'il surnomme « Ant ». Il est devenu son ami et a connu le plaisir d'évoluer à ses côtés, lors de parties improvisées avec des joueurs de l'université de Chicago. Puis, dans le camp d'en face, les peines que connaissent aujourd'hui ses adversaires en NBA. Décidément précurseur, il raconte :
« Je l'attrapais comme pour lui faire un calin pour l'empêcher de me dunker dessus. Rien que pour ça, tous mes coéquipiers me félicitaient. »
Mais pas autant qu'AD. Daniel Poneman le sait : il a eu le mérite d'assister à l'extraordinaire. Pas de le produire. Il ne s'adjuge pas le rôle de co-auteur de la fabuleuse destinée d' « Unibrow ». L'homme n'a jamais voulu interférer avec la carrière du NBAer et ne le contacte que très rarement. Il ne lui a même pas demandé de billet pour ce Game 2 à l'Oracle Arena et a donc patienté trois années avant de le voir jouer en NBA. Avec, comme seul souvenir d'AD sur un parquet, cette finale du tournoi NCAA remportée par Kentucky en 2012. Une fois ce rêve réalisé, Poneman en avait un autre : voir le nouveau NBAer Anthony Davis évoluer dans la ville qui les a rassemblés, Chicago. Mais le joueur a été blessé lors de ses premiers déplacements à Windy City et Poneman a laissé tomber, jusqu'à ce passage à Oakland, en playoffs s'il vous plaît.

Retrouvailles

« Les arbitres lui donnent la faute parce qu'il est moche. » « Tu as toujours un monosourcil. » « Ferme-la, Davis. » Les fans des Warriors n'ont pas été tendres avec la star des Pelicans. Mais s'il a entendu des noms d'oiseaux toute la soirée à l'encontre de son ami, Daniel Poneman est reparti de l'enceinte des Warriors l'esprit satisfait. «  Je serai toujours son fan n°1 », prévient-il. Celui qui a révélé aux yeux de tous le talent d'Anthony Davis est depuis passionné par le scouting et la vidéo. Son plus grand plaisir ne fut pas de voir AD à l’œuvre face aux Warriors, mais de pouvoir se remémorer quelques vieux souvenirs avec lui après le match. Comme à chaque été, à Chicago. Fin observateur, il explique :
« Je ressens la même chose que lorsque nous étions à Merrillville Fieldhouse, en AAU », raconte-t-il en faisant référence au gymnase de l'Indiana lors duquel il a filmé et rencontré pour la première fois AD. « Il joue toujours pareil. Rien n'a changé, le stade est juste plus grand et il fait ça face à de meilleurs joueurs. C'est comme si je regardais la vidéo que j'ai faite le jour où je l'ai vu pour la première fois, il score de la même manière, fait les mêmes choses. »
Aujourd’hui, Daniel Poneman bosse sur un documentaire. L'histoire ? Un jeune lycéen de Chicago revient mener son école vers la finale du titre d’État, neuf jours après avoir été victime d'une fusillade. Demain, il s'envolera vers San Barbara pour voir Frank Kaminsky à l’œuvre lors des work-out pré-draft. Un autre joueur vers qui il s'est tourné alors que les regards ne se pressaient pas vers lui. Un autre joueur qui s'est mis en avant lors du tournoi NCAA. Et un autre joueur qui pourrait, comme Anthony Davis aujourd'hui, incarner le futur de la NBA.