Les Atlanta Hawks et le dilemme Al Horford

Les Atlanta Hawks ont cherché à transférer Al Horford en cours de saison dernière. Un choix surprenant ? Pas tant que ça. Explications.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Les Atlanta Hawks et le dilemme Al Horford
Au travers de ses 33 prédictions pour le prochain exercice NBA, le journaliste Zach Lowe de Grantland a révélé l’intention des Atlanta Hawks de transférer Al Horford en cours de saison l’an passé. Lowe est un spécialiste des longues analyses et il n’a pas pour coutume de balancer des informations sans que ses sources soient solides. Cette rumeur – qui concerne donc la saison écoulée et non celle à venir – nous parait donc fiable. Nous avions à plusieurs reprises présentés Horford comme l’un des joueurs susceptibles d’être échangé par Atlanta dans différents papiers consacrés aux Hawks la saison dernière et vous étiez globalement surpris par cette idée. Effectivement, on peut se demander quels motifs pousseraient une franchise à se séparer de son meilleur joueur (18 pts et 8 rbds de moyenne en 29 matches l’an passé), d’autant plus que celui-ci a moins de 30 ans (28) et dont le salaire (12 millions de dollars annuels jusqu’en 2016) est plutôt honnête pour son poste, surtout quand l’on sait que le Salary Cap devrait exploser prochainement. Selon les informations de Zach Lowe, les Atlanta Hawks n’ont évidemment pas cherché à brader Al Horford. L’intérieur était disponible, mais au juste prix, à savoir un premier choix de draft non protégé lors de la dernière draft et éventuellement quelques éléments supplémentaires pour adoucir l’échange. Encore une fois, on a envie de demander pourquoi une telle rumeur ? Quel intérêt pour les Hawks ?

L’ingratitude du milieu de tableau

[superquote pos="d"]Bref, tout le monde s'en fiche des Hawks[/superquote]Pour le comprendre, il est d’abord nécessaire de bien cerner la situation de la franchise. Elle s’est qualifiée pour les playoffs sept saisons consécutives, série en cours. A quatre reprises, elle a été éliminée au premier tour et elle n’a jamais atteint les finales de Conférence. Les Hawks sont bons depuis des années mais ils ne remplissent pas leur salle. Ils sont performants mais restent dans l’anonymat le plus complet. L’an passé, les hommes de Mike Budenholzer (ancien assistant de Gregg Popovich) pratiquaient un basket offensif attrayant. Leur jeu se rapprochait de celui des San Antonio Spurs. Mais ils n’ont pas pour autant fait vibrer les foules. Atlanta est dans la plus mauvaise situation possible dans cette ligue : c’est une équipe du milieu de tableau. Ce n’est pas un petit marché, au contraire, plusieurs multinationales y ont implanté leur siège, mais elle n’attire aucune superstar susceptible de faire rêver les supporteurs. Chris Paul, Carmelo Anthony et LeBron James ont tous été convoités par les Hawks. Ils n’ont même pas prêté attention au pitch des dirigeants. Dwight Howard, pourtant originaire de la ville, n’a pas fait d’Atlanta l’un des sérieux prétendants pour l’accueillir malgré le supporting cast de qualité. Bref, tout le monde s’en fiche des Hawks ou presque. Revenons-en à Al Horford. Il est l’un des meilleurs joueurs de la ligue à son poste… au détail près qu’il ne joue pas à son poste de prédilection justement. L’ancien joueur de Florida évoluait ailier-fort à l’université et il a été contraint de basculer en pivot depuis le début de sa carrière NBA. Il a déjà manifesté son désir de retrouver sa place favorite mais il est toujours dans l’attente. Il est un intérieur solide capable de marquer au poste bas ou à mi-distance. C’est aussi un rebondeur solide. Mais ce n’est pas une superstar. Or, les dirigeants des Hawks (en attendant la vente de la franchise) ont bien compris qu’il était essentiel de posséder dans ses rangs l’un des quinze meilleurs joueurs de la ligue afin de lutter pour le titre ou – à défaut – une place en finale de Conférence. C’est ainsi que Joe Johnson (expédié aux Brooklyn Nets) et Josh Smith (signé par les Detroit Pistons à l’été 2013) ont été priés d’aller voir ailleurs. Les Hawks étaient prêt à s’affaiblir et à cumuler les tours de draft et autres assets afin de récupérer un « alpha dog » : a) via la draft b) via un transfert. [caption id="attachment_124004" align="alignleft" width="300"] Les Hawks ont une belle équipe mais peut-elle vraiment viser plus haut qu'un deuxième tour à l'Est ?[/caption] La Conférence Est étant nettement plus faible que sa voisine de l’Ouest, Atlanta a pu s’inviter dans le haut de tableau en début de saison dernière. Notons que les performances d’Horford mais aussi celles de Paul Millsap, Jeff Teague et Kyle Korver, ainsi que les systèmes de Mike Budenholzer ne sont absolument pas étrangers à ces résultats positifs. Mais n’oublions pas non plus qu’avec leur pivot dominicain, les Hawks n’affichaient que 55% de victoires avant que ce dernier se blesse durement et manque la fin de la saison. Cela nous donne une base de 45 victoires sur une saison entière avec Horford (en 2012-2013, Atlanta a gagné… 44 matches). Or, il est rare qu’une équipe sous la barre symbolique des 55 victoires se hisse en finale de Conférence. Il ne s’agit là que d’une hypothèse mathématique certes un peu tirée par les cheveux mais l’idée est là : Une franchise avec Al Horford en première option ne joue pas le titre. D’autant plus que ce dernier a manqué la bagatelle de 115 matches sur blessure en trois ans. Al Horford est un super asset et si les Hawks avaient eu l’occasion de s’immiscer dans les négociations pour Kevin Love, considéré comme l’un des douze meilleurs joueurs de la ligue par la majorité des dirigeants, ils l’auraient fait. Ils auraient sacrifié leur intérieur All-Star – ainsi que d’autres role players et des tours de draft. C’est ce que l’on appelle le juste prix. Un premier choix de draft en est un autre. On rappellera que les Hawks ont voulu « tanker » en fin de saison dernière afin de manquer les playoffs et de récupérer ainsi le dixième choix de la draft 2014 ainsi qu’une infime chance de remporter la loterie. On peut féliciter la franchise pour son respect de la compétition après sept saisons consécutives en playoffs. Mais on peut aussi comprendre que les dirigeants préfèrent sacrifier une élimination au premier tour en l’échange d’un pourcentage ne serait-ce que minime de mettre la main sur Andrew Wiggins ou Jabari Parker.

Al Horford, toujours transférable ?

[caption id="attachment_71679" align="alignright" width="300"] Joakim Noah - Al Horford, une raquette dont auraient rêvé les Bulls...[/caption] Atlanta est dans la tourmente depuis plusieurs longues semaines suite au scandale provoqué par la publication des propos déplacés (c’est un euphémisme) de Danny Ferry à l’égard de Luol Deng. Malgré cette situation délicate, les Hawks sont candidats aux playoffs. L’effectif n’a pas beaucoup bougé (Cf. notre preview, ici) et les interrogations liées à d’autres franchises de la Conférence Est laissent à penser que les troupes de Mike Budenholzer peuvent encore atteindre l’une des huit premières places du classement. Les Hawks auront donc besoin d’un Al Horford en forme. Si ce dernier monte en puissance comme ont pu le faire LaMarcus Aldridge (pas le même potentiel) et Al Jefferson à l’approche de la trentaine, il y a fort à parier que les dirigeants d’Atlanta encensent le Dominicain et réfutent à jamais toute théorie selon laquelle ils étaient prêts à se séparer du joueur. Mais s’il connait quelques pépins physiques par-ci, par-là ? Si Atlanta manque son début de saison et se retrouve coincé juste devant la brochette des cancres (Boston, Milwaukee, Orlando, Philadelphie) à l’Est ? La franchise sondera-t-elle à nouveau le marché pour son meilleur joueur afin de s’offrir une meilleure chance de remporter la loterie ? Cette dernière pourrait être réformée cette saison et les six premiers choix seront peut-être déterminés par la loterie lors de la prochaine draft. De quoi accroître les chances des Hawks de tirer un bon choix. Cependant, en attendant la vente de la franchise, Mike Budenholzer est aux manettes. On l’imagine mal transférer l’un de ses joueurs cadres. Il a été formé à l’école des Spurs. On l’imagine mal sacrifier son pivot. En tout cas pas pour l'instant.
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