Comment Billy King a coulé les Nets : Retour sur ses pires décisions

Rétrogradé à un simple poste de consultant en attendant son éviction, Billy King a coulé les Brooklyn Nets en cinq ans. Rétrospectives et explications.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Comment Billy King a coulé les Nets : Retour sur ses pires décisions
Les Brooklyn Nets étaient dirigés par le "plus mauvais GM de l'histoire de la NBA", dixit Chad Ford. Ils s'en sont finalement débarrassés. "Trois ou quatre ans trop tard", poursuivait l'insider d'ESPN. Le plus mauvais de l'histoire ? Vraiment ? Billy King a fait très fort pour parvenir à mettre la main sur ce statut peu prestigieux. Entre deals trop hâtifs, signatures mal calculées ou transferts incompréhensibles, l'ex-patron de la franchise new-yorkaise a réussi à plomber un projet flambant neuf et déjà aussi rouillé que le Barclay Center.

Février 2011 : Deron Williams débarque

New Jersey transfère : Devin Harris, Derrick Favors, premier tour de draft 2011 (Enes Kanter sera sélectionné avec le troisième choix), premier tour de draft 2013 (Gorgui Dieng sera sélectionné avec le vingt-et-unième choix). New Jersey acquière : Deron Williams. Le début de l'enfer. Les cartons étaient déjà chargés dans le camion, prêts à prendre la destination de Brooklyn. Nouvelle ville, nouvelles opportunités pour une franchise coincée dans la banlieue de New York. Le New Jersey, ça craint. Brooklyn, ça fait nouveau riche. Encore faut-il attirer la foule. Devin Harris, Derrick Favors et compagnie ne sont pas des joueurs qui font rêver les supporteurs. Deron Williams, si. Enfin, à l'époque. Le meneur du Jazz tournait encore à plus de 21 points et 9 passes avec Utah lorsque King a passé un coup de bigo au GM de la franchise mormone. Il était au sommet de son art. Jusqu'ici tout va bien. Harris était un All-Star deux ans auparavant. Il postait encore 15 points et 7 passes. Derrick Favors avait été drafté en troisième position quelques mois plus tôt. C'était encore un rookie prometteur. Mais ça n'a pas suffi. Pourquoi avoir ajouté DEUX choix au premier tour, qui plus est non protégé ???? Le choix de la draft 2011, promis d'être assez haut vu les résultats piteux des Nets au moment, était déjà un asset particulièrement juteux ! Généreux, King a aussi ajouté son choix au premier tour de la draft 2013. Deux tours de draft, un meneur confirmé et un jeune prometteur contre un All-Star. L'échange peut encore passer. Le contexte de l'époque était différent. D-Will n'a jamais été à Brooklyn le joueur qu'il était à Utah. Une seule sélection au All-Star Game pendant son aventure new-yorkaise. Des blessures en cascade. Une descente progressive avant sa renaissance à Dallas cette saison. Billy King a licencié le meneur deux ans avant l'expiration de son contrat gigantesque - 100 millions sur cinq ans - qu'il lui avait fait paraphé en 2012. La franchise va dépenser 27,5 millions sur les cinq prochaines années juste en coupant Williams. Les Nets n'ont clairement pas eu le nez creux. Pas eu de bol non plus. Mais on refuse de croire à de la simple malchance vu les péripéties suivantes.

Mars 2012 : Billy King lâche Damian Lillard pour Gerald Wallace

Brooklyn transfère : Mehmet Okur, Shawne Williams, un premier tour de draft protégé top 3 (Damian Lillard sera sélectionné avec le sixième choix). Brooklyn acquière : Gerald Wallace. Nous sommes taquins. Billy King n'a pas vraiment transféré Damian Lillard mais plutôt un nouveau choix de draft au premier tour, à peine plus d'un an après déjà lâché un pick au Jazz. Un nouveau tour balancé aux Trail Blazers en l'échange d'un titulaire vieillissant. Un joueur du standing de Gerald Wallace, 13 points et 6 rebonds de moyenne avec Portland avant l'échange, vaudrait à peine mieux qu'un second tour de draft dans la ligue actuelle. L'ancien dirigeant, lui, n'a pas hésité à envoyer du lourd dans l'espoir de convaincre Deron Williams, dont le contrat arrivait à expiration, de rester à Brooklyn. Pourquoi une si faible protection du pick (top 3) ? Les Blazers auraient-ils vraiment refusé s'il avait été protégé top 10 ? King était persuadé que seuls trois joueurs de la cuvée 2012 étaient incontournables : Anthony Davis, Thomas Robinson (...) et Michael Kidd-Gilchrist. Lillard a terminé ROY. Harrison Barnes, Bradley Beal ou encore Andre Drummond ont été draftés en 2012. Un sacré visionnaire, ce Billy. Pour en revenir à Wallace, il a été signé pour 40 millions sur quatre ans quelques mois après son transfert. Ah oui, un tour de draft et deux joueurs pour un deal expirant. Du génie. Le vétéran a été transféré à Boston moins d'un an et demi après son arrivée. Il cumulait 7,7 points à moins de 40% aux tirs lors de sa seule saison complète avec les Nets.

Juillet 2012 : Joe Johnson contre quatre joueurs et deux tours de draft

Brooklyn transfère : Jordan Farmar, Anthony Morrow, Jordan Williams, Johan Pétro, premier tour de draft 2013 (Shane Larkin sera sélectionné avec le dix-huitième choix), premier tour de draft 2017, le droit pour les Hawks d'échanger les tours de draft en 2014 et 2015 (Kelly Oubre sera récupéré par les Hawks avec le quinzième choix). Brooklyn acquière : Joe Johnson. Du grand art. Billy King dans ses oeuvres. Les contrats expirants de Farmar, Morrow, Williams et Petro n'étaient pas une grande perte. Mais lâcher autant de tours de draft, compromettant ainsi sérieusement l'avenir de son équipe, pour récupérer une star au contrat faramineux ? Du grand art. Le deal - 123 millions (!!!!!!!) sur six ans - de Joe Johnson courait encore sur quatre ans. Danny Ferry a réussi à s'en débarrasser. Plus fort encore, il a obtenu des choix au premier tour pourtant si précieux au sein du CBA actuel (CBA qui était déjà signé à l'époque).
- Danny Ferry : "Je veux deux choix de draft au premier" - Billy King : "Done." - D.F : "Je veux aussi que l'on puisse échanger nos choix en 2014" - B.K : "Done." - D.F : "En 2015 aussi." - B.K : "Done."
L'ultime preuve qu'il est toujours important de réclamer un asset supplémentaire. Il y aura toujours un GM assez stupide pour accepter. Ce GM, c'est Billy King. A noter que les Hawks ont franchi un cap sans Johnson, disputant même les finales de Conférence l'an passé. Pendant ce temps, JJ est toujours l'un des joueurs les plus grassement payés de la ligue.

Juillet 2013 : Billy King coule les Nets pour de bon

Brooklyn transfère : Kris Humphries, MarShon Brooks, Gerald Wallace, premier choix de draft 2016, premier choix de draft 2018, premier choix de draft 2014 (James Young sera sélectionné avec le dix-septième choix), droit pour les Celtics d'échanger les choix en 2017. Brooklyn acquière : Paul Pierce, Jason Terry, Kevin Garnett. Le bouquet final. Le feu d'artifice. L'apothéose. En ce mois de juillet 2013, Billy King a définitivement plombé les finances et le basket à Brooklyn. Une multitude de choix de draft partis en fumée pour faire venir trois vétérans. L'un, Terry, a vite déguerpi. L'autre, Garnett, a été limité dans son temps de jeu en raison de son âge. Le dernier, Pierce, a fait bonne figure avant de s'évader du côté de Washington dès qu'il en a eu l'occasion. Un transfert calamiteux. En embauchant Pierce et KG, les Nets se sont offerts un cinq de All-Stars, tous blessés, critiqués ou trop vieux. Un cinq de départ à plus de 80 millions de dollars. Billy King a fait sauter la banque avec ce transfert. Rien qu'avec cet échange, Danny Ainge mérite le prix de meilleur dirigeant pendant les trois saisons à venir. Déjà compétitifs, les Celtics sont alimentés en choix de draft par Brooklyn jusqu'en 2018. 2018 ! Boston devrait piocher dans le top 6 de la prochaine draft. Si ce n'est mieux. Et vue la direction floue prise par les Nets, la franchise du Massachusetts aura sans doute un autre choix bien placé en 2017. Un régal. Brooklyn ne s'est jamais relevé de cet échange. Conclusion : Les Nets ne contrôlent pas leur choix de draft avant 2019. Les finances de la franchise sont dans le rouge, ce qui complique tout transfert. La franchise a une mauvaise réputation, ce qui pourrait refroidir les éventuels free agents. Tout ça pour quoi ? Une série de playoffs gagnée. Une seule. Et un seul joueur conservé, Joe Johnson. Mais Billy King n'est pas le seul à blâmer. C'est d'abord vers le sommet de la pyramide qu'il faut chercher un coupable. Car si Mikhaïl Prokhorov a finalement coupé la tête de son GM et de son coach, ses ambitions démesurées ont eu raison de son projet de remporter le titre NBA en cinq ans.
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