Ils ont libéré Bobby Portis !

Réclamé par les supporteurs de Chicago depuis le début de la saison, Bobby Portis a enfin eu l'opportunité de se montrer sous la tunique des Bulls.

Ils ont libéré Bobby Portis !
"Come on !" Les bras levés, Bobby Portis incite les supporteurs des Bulls à donner de la voix. Le jeune joueur de Chicago vient d'inscrire un nouveau panier primé, offrant ainsi quatre points d'avance à son équipe à deux minutes de la fin du troisième quart temps. Deux autres paniers et deux lancers ponctuent la soirée pleine du rookie, auteur de 16 points et 10 rebonds. Plus important encore, les Bulls décrochent ce soir-là un troisième succès consécutif en disposant des New York Knicks. Portis bouclait là son troisième match à plus de 12 points. Une nouvelle prestation solide pour le chouchou des supporteurs, chaudement acclamé et demandé par le public du United Center. Les pancartes "Free Portis" ont finalement trouvé écho auprès de Fred Hoiberg.
"Nous allons continuer à donner du temps de jeu à Bobby", promet le coach de Chicago. "Cela ne fait aucun doute. Il joue très bien. Il est confiant et il joue dur. C'est tout ce que l'on demande."

Plus qu'un simple rookie, un basketteur sûr de sa force

[caption id="attachment_112645" align="alignleft" width="318"] Hoiberg a promis : Bobby Portis jouera même après le retour de Joakim Noah.[/caption] Il a pourtant fallu attendre la blessure de Joakim Noah pour que le natif de Little Rock ait finalement une opportunité de montrer ce dont il est capable en NBA. Et même après une série de trois matches pleins, le jeune homme refusait de s'enflammer.
"Je dois toujours faire mes preuves. C'est quelque chose que j'aime bien chez les Bulls. Ils ne font pas jouer les rookies facilement. Il faut d'abord gagner sa place."
[superquote pos="d"]"L'adversité lui a donné la rage de vaincre." Corliss Williamson[/superquote]La concurrence est rude à Chicago. Pau Gasol, Taj Gibson, Nikola Mirotic et Joakim Noah forment le quatuor d'intérieurs des taureaux, laissant à l'ex-pensionnaire d'Arkansas que peu de chances de se faire une place au sein de la rotation. Et pourtant, après deux mois de compétition, Bobby Portis est déjà en passe de reléguer sur le banc des joueurs plus expérimentés que lui. Rien d'anormal pour un battant de vingt ans élevé par sa mère dans l'un des quartiers dangereux de Little Rock. La misère, les disputes entre sa mère et son beau père et les autres expériences difficiles de la vie ont forgé le caractère du jeune homme qui a appris à canaliser son énergie et à contenir ses émotions.
"L'adversité lui a donné la rage de vaincre", confiait Corliss Williamson, ancien joueur NBA qui a eu l'occasion de coacher... et d'héberger Portis lorsqu'il était encore un lycéen.

L'attitude de guerrier taillée pour les Bulls

[caption id="attachment_306415" align="alignleft" width="318"] Mobile, adroit de loin et adepte du tir à mi-distance, Bobby Portis a les qualités requises pour se faire une place aux Bulls.[/caption] Les Chicagoans aiment les durs à cuire capables de se faire violence et de se donner à fond sur le parquet. Plus qu'une mentalité, cette attitude de guerrier était la marque de fabrique des Bulls sous l'égide de Tom Thibodeau, notamment lorsque la franchise était ravagée par les blessures. Une identité légèrement perdue de vue après le licenciement du coach à la voix rauque, remplacé par Fred Hoiberg. Le tacticien, brillant en NCAA, est arrivé dans l'Illinois avec une nouvelle philosophie plus offensive et plus en adéquation avec le jeu pratiqué en NBA. Mais son état d'esprit contraste avec celui de Thibodeau, habitué à rabrouer ses joueurs depuis le banc de touche. Au point où Jimmy Butler, nouveau patron de l'équipe, en est venu à pointer du doigt dans la presse l'attitude de son coach, l'incitant à "être plus dur" avec ses joueurs. Chicago traversait alors une période délicate entre conflits internes et crise identitaire sur le parquet. Moment choisi par Hoiberg pour finalement lancer Portis dans le grand bain. Le gamin était prêt depuis un moment. "Bobby peut jouer mec. Il chambre beaucoup à l'entraînement aussi. Il ne se laisse pas impressionner. Mais il écoute. Quand il fait une erreur, il pose une question. Ce gars là va être bon", témoignait Jimmy Butler au Chicago Tribune. Portis est confiant "mais pas insolent", assure Mike Anderson, son ancien mentor à Arkansas. C'est un bosseur. Un dur au mal qui a su convaincre le public mais aussi les coaches et ses coéquipiers à Chicago. Ses performances en sortie de banc ont coïncidé avec la belle passe des Bulls, relancés après quatre victoires de suite. De quoi attirer un peu la couverture médiatique vers lui, laissant de côté les sujets plus polémiques comme les nouvelles douleurs aux genoux de Derrick Rose. Sa prestation contre Toronto hier soir - 4 points et 6 rebonds - nous rappelle qu'il reste en phase d'apprentissage. Il y aura des hauts et des bas. Mais son talent couplé à son attitude lui présage un bel avenir à Chicago. Mais Bobby Portis n'a pas été libéré. Il a simplement lui-même brisé ses chaînes.