Avec McDermott et Gibson, le Thunder a dépouillé les Bulls

Les dirigeants des Bulls se sont enfin décidés à donner leur chance aux jeunes. Mais ils ont payé le prix fort au Thunder.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Avec McDermott et Gibson, le Thunder a dépouillé les Bulls
Le trade : Le Oklahoma City Thunder reçoit Taj Gibson et Doug McDermott ; les Chicago Bulls reçoivent Anthony Morrow, Joffrey Lauvergne, Cameron Payne et un second tour de draft (2018). Fire Gar et Pax (virer Gar et Pax, en VF). C’est avec ce slogan que la Bulls Nation a réagi aux choix opérés par ses deux dirigeants Gar Forman et John Paxson hier soir. Les supporteurs de Chicago ont des raisons d’être mécontents. Ils espéraient le héros local Jahlil Okafor, ex-superstar des lycées de la Windy City, et ils ont finalement pleuré le départ de l’un de leurs plus valeureux et fidèles soldats, Taj Gibson. Sale soirée. Sale temps pour la franchise.

Les Chicago Bulls vont entamer leur reconstruction… avec huit mois de décalage

[superquote pos="d"]Pourquoi ne pas avoir laisser plus tôt les jeunes jouer ? [/superquote]Avant d’analyser le transfert, léger flashback. Juste après la draft, les taureaux étaient en position pour aligner une équipe jeune avec Jimmy Butler en seul patron. L’effectif manquait alors de talents pour vraiment courir après un spot en playoffs. Mais il y avait là l’occasion d’opérer une belle transition, de tester des joueurs prometteurs (AVEC DU TEMPS DE JEU CONSTANT !!!!) sur une saison entière, éventuellement récupérer un bon pick en 2017 ou même, dans le meilleur des cas, espérer une saison similaire à celle réussie par les Portland Trail Blazers un an plus tôt. La franchise de l’Oregon avait accroché les PO malgré le départ de quatre de ses cinq titulaires. Un processus de reconstruction, même rapide, n’est pas facile à digérer mais les intentions de Chicago avaient au moins le mérite d’être claires. Tout a changé pendant la free agency. Rajon Rondo n’intéressait personne ou presque. Alors les Bulls lui ont filé 28 millions. Dwyane Wade s’est soudainement retrouvé sur le marché. Alors les Bulls l’ont fait venir à la maison. En deux mouvements, Chicago s’est retrouvé avec la pression de gagner maintenant malgré un effectif incohérent. Huit mois plus tard, après des clashs internes et des réunions agités entre les joueurs, la franchise occupe la septième place à l’Est. Une saison fade. Sans saveur. Et le management se met enfin à penser à reconstruire le groupe. C’est le but du transfert. Cameron Payne est le principal joueur visé par les dirigeants. Forman et Paxson espèrent que le joueur de 22 ans s’affirmera comme le meneur de Chicago pour les prochaines saisons à venir. Le poste est à lui. Il doit maintenant prouver. Un sacré pari pour un joueur de 22 ans qui cumule à peine 5 pts et 2 pds en 77 matches. Il y a tout de même des raisons d’y croire (ou au moins d’avoir de l’espoir). Les dirigeants du Thunder ont par exemple toujours loué les qualités de Payne, tout simplement barré par l’un des meilleurs joueurs du monde. Anthony Morrow a intérêt à retrouver son shoot (38% aux tirs, 29% à trois-points…) s’il veut se faire une place dans la rotation (et même rester en NBA…). A priori, il jouera peu. Joffrey Lauvergne a sans doute un peu plus d’opportunité mais il est en concurrence avec les jeunes joueurs déjà en place. Bobby Portis devrait récupérer le poste de Taj Gibson dans le cinq majeur. Le contrat du vétéran – terriblement respecté à Chicago – expire à la fin de la saison et il est déjà promis à une belle revalorisation salariale. L’organisation de l’Illinois préfère miser sur la jeunesse que payer Gibson et Portis, drafté en 2015 comme Payne, va avoir une nouvelle opportunité de se mettre en valeur. Il est talentueux. Il tourne d’ailleurs à un double-double (14 et 10) sur 36 minutes en carrière. Tout ce dont il avait besoin était une vraie occasion de se montrer. Les dirigeants lui donnent enfin, ainsi qu’à Denzel Valentine. Le rookie va enfin intégrer la rotation pour de bon en cette fin de saison. L’Allemand Paul Zipser a lui aussi gagné sa place. [caption id="attachment_264233" align="alignleft" width="318"] Jimmy Butler pourrait à nouveau être connecté aux Celtics en juin.[/caption] Selon Paxson, c’est d’ailleurs son émergence qui a poussé le staff à se séparer de Doug McDermott. Onzième choix en 2014, le shooteur est légèrement moins adroit derrière l’arc cette saison (37% contre 42%) mais il était tout de même en progression. Il a été sacrifié pour ce deal. Les Bulls perdent là l’un de leurs meilleurs shooteurs alors qu’ils sont parmi les plus maladroits de la NBA à trois-points. Dommage. En jouant enfin la carte jeune, Chicago va peut-être perdre quelques places au classement – même si les PO sont plus qu’atteignables. Mais les Bulls ne piocheront certainement pas dans le top 5 de la prochaine draft. Pas sans un transfert de Jimmy Butler. C’est même assez ironique. La franchise a repoussé à juin les négociations autour d’un trade de sa superstar (et celles pour Rondo dont le contrat non garanti sera plus facilement échangeable le soir de la draft). Si Paxson et Forman cèdent leur All-Star pour un choix haut placé, ils entameront pour de bon le long processus. Si la franchise avait simplement joué toute la saison avec Butler et ses jeunes, elle aurait peut-être pu chopper l’un des prospects les plus prometteurs de la cuvée… tout en gardant son meilleur joueur.

Le Oklahoma City Thunder répond à des besoins immédiats

« Je pense que nous sommes une meilleure équipe ce soir que nous l’étions ce matin parce que nous avons ajouté des joueurs qui peuvent nous aider », commentait Sam Presti après la deadline.
[superquote pos="d"]Le Thunder peut aligner un cinq défensif impressionnant ![/superquote]Un résumé simple mais efficace. Le Thunder avait besoin de renforts sur le banc. La franchise en récupère deux sans se séparer de l’un de ses huit joueurs majeurs. Un sacré coup. Les contrats expirants de Morrow et Lauvergne – tous les deux utilisés avec parcimonie – ont été swapés par celui de Gibson, le meilleur joueur du deal. Le vétéran va apporter son expérience, son énergie, sa sagesse, sa défense et même sa petite patte près du cercle (et à mi-distance). De quoi combler les lacunes défensives béantes d’Enes Kanter quand les deux intérieurs seront alignés ensemble. Gibson peut également prendre la place de Domantas Sabonis dans le cinq. OKC se retrouverait avec un groupe terrible en défense : Russell Westbrook, Victor Oladipo, Andre Roberson, Steven Adams et donc la nouvelle recrue en provenance de Chicago. De quoi faire souffrir les attaquants adverses. Roberson était d’ailleurs convoité par les Bulls mais les dirigeants ont refusé de le lâcher. Ils entendent bien le prolonger. Avec McDermott, le Thunder met la main sur un shooteur. Enfin. Un ailier capable de se faire une vraie place dans la rotation, là où Morrow, Kyle Singler et Alex Abrines ont échoué à tour de rôle cette saison. Il devrait se régaler avec Westbrook. OKC sort gagnant du deal dans l’immédiat. Le Thunder ne s’est pas renforcé au point de jouer le titre mais la franchise va au moins pouvoir livrer une belle bataille en playoffs avec un effectif plus solide et plus cohérent.
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