Pourquoi on se plante tous au sujet des Denver Nuggets

Rarement mis en avant, les Denver Nuggets disposent d'un vivier de jeunes pépites talentueuses qui ne demandent qu'à exploser.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Pourquoi on se plante tous au sujet des Denver Nuggets
Les jeunes joueurs NBA au fort potentiel sont comme des Pokemons : tout le monde accourt pour se les arracher une fois qu'ils apparaissent sur le radar. L'important, donc, c'est de pouvoir les dénicher avant ou, à défaut, de parvenir à mettre la main dessus et de les développer le mieux possible. C'est la nouvelle tâche des Denver Nuggets, franchise sans vrai visage depuis le départ de Carmelo Anthony. Trop talentueuse pour réellement tanker et pas assez armée pour aller loin en playoffs, l'équipe du Colorado végète entre le milieu et le bas du tableau de la Conférence Ouest depuis plusieurs saisons sans vraiment décoller ni amasser les choix de draft très haut placés. Et pourtant, les dirigeants ont tout de même réussi à cumuler dans leur deck une multitude de jeunes talents qui ne demandent qu'à évoluer, à l'image de Nikola Jokic ou Emmanuel Mudiay. Ils sont sept de moins de 23 ans à pouvoir s'imposer dans cette ligue. Sept joueurs au profil et au destin différents. Tous ne seront pas des stars, et certains d'entre eux ne porteront peut-être même plus la tunique des Denver Nuggets d'ici deux ans, mais la franchise dispose là d'un vivier intéressant autour duquel elle peut se reconstruire. Tour d'horizon.

Nikola Jokic

21 ans - pivot/ailier-fort - 2,08 mètres et 113 kilos - sophomore Nikola Jokic est un phénomène rare. Un intérieur agile à la panoplie technique diversifiée. Le bijou de la collection de pépites des Denver Nuggets. Arrivé timidement au sein d'un effectif peuplé de 'Big Men', le Serbe est monté en puissance tout au long de son année rookie pour finalement s'affirmer comme un titulaire indiscutable. Si ses statistiques pour sa première saison dans la ligue ne sont pas aussi parlantes que celles des têtes d'affiche de sa cuvée -- Karl-Anthony Towns et Kristaps Porzingis -- elles laissent rêveur une fois rapportées sur 36 minutes : 16,5 points, 11,6 rebonds et 3,9 passes (contre 10 points et 7 rebonds en 21 minutes). Il devrait avoir plus de responsabilités ainsi qu'un temps de jeu accru cette saison. Une opportunité pour aligner des chiffres plus impressionnants et, surtout, pour s'installer progressivement au coeur du projet de sa franchise. [superquote pos="d"]Nikola Jokic, l'un des meilleurs pivots passeurs de la décennie chez les rookies[/superquote]Il a le talent pour. Son arsenal s'étend aux quatre coins du demi-terrain. Il peut faire la différence sous le cercle, en pick-and-roll, en pick-and-pop, dos au panier et son tir extérieur est une arme susceptible d'être développée dans un futur proche. Il tentait un peu plus d'un shoot lointain par rencontre l'an passé avec une réussite globale de 33%. Les défenses extérieures n'hésiteront pas à le laisser ouvert derrière l'arc mais ce premier échantillon est encourageant. Mais Nikola Jokic a un autre atout moins mis en avant mais ô combien important : c'est un très bon passeur. Avec 2,4 caviars par rencontre pour sa saison rookie, il est devenu le deuxième meilleur pivot passeur débutant -- derrière Pau Gasol (2,7) -- depuis 2000. Il a fait mieux que des center considérés comme d'excellents playmaker, à savoir Andrew Bogut, Marc Gasol, à qui il est comparé, ou Yao Ming. Le jeune serbe sait lire entre les lires, ce qui lui permet notamment de distribuer de bonnes passes dans les situations de pick-and-roll. Une qualité d'autant plus intéressante quand il est entouré de bons shooteurs comme ce pourrait être prochainement le cas aux Denver Nuggets. Le prochain challenge pour lui prend place de l'autre côté du parquet. Il doit évidemment continuer à développer son jeu offensif mais cette progression devrait se faire naturellement -- enfin, en bossant -- avec le temps. En revanche, le natif de Sombor va devoir s'affirmer en défense pour aider les Nuggets à passer un cap. La protection du cercle en défense est tout aussi importante que le spacing en attaque. Il a déjà des bases -- Denver était plus efficace en défense quand il était sur le parquet -- mais il doit prendre du gabarit pour tenir le choc face à des pivots plus lourds tout en conservant suffisamment de mobilité pour garder son avantage de vitesse en attaque. Le défi est de taille mais Nikola Jokic a le potentiel pour se hisser peu à peu tout en haut de la hiérarchie des pivots en NBA. http://www.dailymotion.com/video/x4t5k2p

Emmanuel Mudiay

20 ans - meneur de jeu - 1,96 mètre et 91 kilos - sophomore  Emmanuel Mudiay, septième pick de la draft 2015, avait fait le choix de sauter la case NCAA pour se mesurer à des "professionnels" dans le championnat chinois. Une tactique plus ou moins payante. Le natif de Kinshasa a été drafté assez haut l'an passé et il a déjà montré de belles choses pour sa saison rookie terminée avec 12,8 points, 3,4 rebonds et 5,5 passes de moyenne (en 30 minute) en 68 matches. Le tout en étant gêné par des blessures. Plutôt prometteur donc. [superquote pos="d"]Mudiay est encore trop naïf quand il attaque le cercle [/superquote]Le meneur athlétique comparé à John Wall a effectivement du talent. Contrairement à ce qui a parfois été présenté comme un point faible, il n'est pas un mauvais gestionnaire. Ou disons qu'il n'a pas tendance à foncer dans le tas comme certains combo-guards à leur arrivée en NBA. Emmanuel Mudiay reste un diamant à polir. Il est encore naïf. Encore timide. Il a tendance à parfois attaquer le cercle et à tenter des moves qui passeraient certainement contre des jeunes joueurs de son âge mais qui se terminent le plus souvent pas une belle perdue ou un tir contré lorsque de vrais défenseurs NBA ont pour mission de le stopper. Il perdait beaucoup de ballons la saison dernière (3,2 en moyenne) même s'il avait fait des progrès dans ce domaine en février et mars. Il devrait prendre de la bouteille et donc parvenir à limiter ces fautes d'inattention saison après saison. Il n'est pas encore prêt pour s'affirmer comme l'un des meilleurs meneurs de la ligue mais il a déjà le niveau pour glaner ses galons de titulaire aux Denver Nuggets. Il va apprendre. Il aussi devoir bosser sa mécanique de tir (36% dans le champs et 32% à trois-points) pour espérer franchir les prochains paliers. Mais le talent est là. http://www.dailymotion.com/video/x4t5pvm

Jusuf Nurkic

22 ans - pivot - 2,13 mètres et 127 kilos - troisième année  Un temps présenté comme le sauveur d'une équipe des Denver Nuggets bien pâle il y a deux ans, l'intérieur bosnien Jusuf Nurkic a finalement laissé ce statut à Nikola Jokic. Une vilaine blessure l'a même sorti du cinq majeur et il a manqué 50 matches l'an passé. Il était donc un peu rouillé à son retour, d'où des statistiques pas à la hauteur des espérances pour un sophomore (8,2 points à 41% et 5,5 rebonds de moyenne). [superquote pos="d"]Dans le pire des cas, Nurkic est un défenseur spécifique [/superquote]Jusuf Nurkic est bestial au poste bas mais il n'a pas le touché de son coéquipier serbe ni l'adresse extérieure pour s'écarter du cercle. Il va au charbon. Et c'est peut-être ce qui fait de lui un bon joueur de complément pour les Nuggets. En attendant une éventuelle progression en attaque, le joueur au caractère bien trempé a l'avantage d'être un meilleur défenseur près du panier que tous les autres intérieurs des Denver Nuggets. Il postait même 1,4 block en à peine 17 minutes de temps de jeu la saison passée. Sa défense au poste bas et son attitude lui permettront sans doute d'avoir une longue carrière en NBA -- dans la peau d'un titulaire s'il évolue en attaque ou d'un remplaçant assigné à des missions spécifiques s'il peine à franchir les caps.

Gary Harris

22 ans - arrière - 1,93 mètre et 95 kilos - troisième année  Les Denver Nuggets ont drafté Jamal Murray, un autre arrière, en juin dernier. Un joueur venu faire de l'ombre à Gary Harris, dont le GM a pourtant assuré la présence dans le cinq pour cette saison. Pour l'instant, le job appartient donc toujours à l'ancienne star de Michigan State. Un statut qu'il a gagné suite au départ d'Arron Afflalo et qu'il a plutôt bien rentabilisé avec 12,3 points de moyenne à 47% aux tirs et 35% derrière l'arc en 32 minutes. [superquote pos="d"]Gary Harris doit se défoncer en défense pour faire la différence[/superquote]Son shoot extérieur est un atout. Et c'est presque un gage de survie pour Harris. Le jeune homme est légèrement sous-dimensionné pour sa taille et son arsenal offensif est peu diversifié. Il peut couper dans le dos de la défense ici-et-là mais ce n'est pas un excellent dribbleur. Il a donc intérêt à planter ses tirs ouverts pour assurer une certaine productivité. Mais la vraie clé se trouve peut-être de l'autre côté du parquet, en défense. Il sera donc en concurrence avec Jamal Murray, ancien prodige de Kentucky drafté en septième position en juin dernier, un prospect perçu comme une gâchette extérieure mais un mauvais défenseur. Les lacunes du Canadien dans ce domaine devraient profiter à Harris. Ce dernier va devoir verrouiller ses vis-à-vis pour prouver à son coach -- Mike Malone, un amateur de la défense -- qu'il peut faire la différence de ce côté du terrain. Il a peut-être intérêt à s'affirmer comme un joueur au profil "3 and D" pour vraiment garder une place en NBA, du moins aux Denver Nuggets. Dans le cas contraire, il risque de se retrouver coincé sur le banc en attendant de rebondir ailleurs.

Jamal Murray

19 ans - arrière/meneur - 1,93 mètre et 94 kilos - rookie  [superquote pos="d"]Murray va-t-il déloger Harris du cinq ? [/superquote]Le natif de l'Ontario mesure la même taille que Gary Harris mais il a trois ans de moins et c'est un meilleur shooteur. Il a la réputation de pouvoir faire exploser une défense grâce à son adresse extérieure. Une aptitude pour l'instant peu mise en valeur lors de ses débuts sous les couleurs des Denver Nuggets en Summer League (42% dans le champs et 27% à trois-points mais tout de même 19,8 points de moyenne). Jamal Murray a la capacité à scorer et c'est l'une des raisons pour lesquelles il pourrait rapidement gagner sa place dans le cinq majeur de Mike Malone. Mais il n'a pas encore l'aisance d'un second playmaker de qualité, ce qui peut poser problème au côté d'un meneur encore timide comme Mudiay. Il doit apprendre à mieux maîtriser le pick-and-roll. Comme pour Harris, la défense sera là encore un secteur-clé même si les attaquants prolifiques sont plus facilement pardonnés de l'autre côté du terrain lorsqu'ils plantent en attaque. Quoi qu'il en soit, il faudra se montrer patient avec l'ancien protégé de John Calipari. http://www.dailymotion.com/video/x4t5ubq

Juan Hernangomez

20 ans - ailier-fort - 2,06 mètres et 104 kilos - rookie L'arrivée du quinzième choix de la dernière draft a plus ou moins poussé Joffrey Lauvergne vers le Oklahoma City Thunder. Les Denver Nuggets étaient peuplés d'intérieurs et ils ont préféré transférer le Français. Juan Hernangomez, la dernière pépite espagnole, est considéré comme un steal à ce stade de la draft. Avec légèrement moins de 10 points et 6 rebonds de moyenne avec Estudiantes, il a été élu meilleur jeune de la Liga ACB l'an passé. Sa capacité à s'écarter du cercle a probablement séduit les Nuggets qui manquaient d'un vrai "stretch four" autre que Danilo Gallinari, ailier de formation. Si, comme Murray, il n'a pas vraiment mis cette qualité à profit lors de la Summer League (25% de réussite derrière l'arc), il s'est tout de même mis en valeur avec plus de 10 points et 8 rebonds cumulés. Il aura certainement quelques occasions de se montrer en cours de saison. A lui de saisir les opportunités tout en continuant à apprendre.

Malik Beasley

19 ans - arrière - 1,96 mètres et 89 kilos - rookie Un autre arrière. Un autre steal potentiel. Le dix-neuvième choix de la dernière draft est apprécié des scouts après une très belle première saison universitaire à Florida State. Il a compilé 15,6 points et 5,3 rebonds, le tout à 47% de réussite aux tirs. Le garçon n'a pas eu la chance de participer aux workouts pré-draft en raison d'une blessure à la jambe, ce qui a pu par ailleurs faire baisser sa cote. Tant mieux pour la franchise du Colorado. [superquote pos="d"]Suivre l'exemple du Jazz[/superquote]Le verdict pour les Denver Nuggets ? La franchise a du talent à la pelle. Ces jeunes joueurs, associés à des éléments plus confirmés comme Danilo Gallinari, Wilson Chandler ou encore Kenneth Faried, peuvent surprendre du monde. Hormis Jokic, aucun d'entre eux n'a réellement le potentiel d'un All-Star -- éventuellement Mudiay -- mais il est intéressant d'établir un parallèle entre Denver et Utah. Le Jazz a aussi pris le temps de se développer avec une belle brochette de jeunes hommes promis à une carrière de joueur solide en NBA. La franchise de Salt Lake City vise désormais les playoffs après avoir su développer ses jeunes talents et elle a même réussi à mettre la main sur des éléments confirmés (Joe Johnson, George Hill, Boris Diaw). Les Denver Nuggets peuvent suivre le même chemin. Ils ont deux saisons devant eux pour établir une hiérarchie parmi leurs meilleurs prospects avant d'éventuellement profiter de la valeur marchande de certains d'entre eux. Les playoffs ne seront pas pour tout de suite au sein d'une Conférence aussi relevée mais la franchise se remet peu à peu dans la bonne voie.  
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