Derrick Rose a-t-il vraiment un avenir en NBA ?

On a de plus en plus l'impression que l'ex-MVP est condamné à sortir du banc... ou même à aller jouer ailleurs, dans une autre ligue.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Derrick Rose a-t-il vraiment un avenir en NBA ?
Derrick Rose est-il toujours l’un des quinze meilleurs meneurs NBA ? Ou même l’un des vingt meilleurs joueurs à son poste ? Cette question, complètement absurde il y a quelques années quand il enflammait le public de Chicago, est devenue légitime. Allez, sans forcer. Chris Paul, Stephen Curry, Russell Westbrook, Kyle Lowry, Isaiah Thomas, John Wall, Kyrie Irving, Kemba Walker, Mike Conley, Damian Lillard. En extrapolant un peu (il peut y avoir matière à débat avec cette liste). George Hill, Eric Bledsoe, Jeff Teague, Dennis Schroder, Goran Dragic, Reggie Jackson, D’Angelo Russell, Jrue Holiday. C’est sans même compter Giannis Antetokounmpo et James Harden qui occupent désormais des rôles de meneurs au sein de leur équipe. Les Milwaukee Bucks et les Houston Rockets n’ont sans doute plus l’intention d’ajouter un joueur qui monopolise la balle. Cette tâche revient à leur superstar. D’où une autre question : mais quelle équipe va donc vouloir de Rose une fois son contrat arrivé à expiration en juillet prochain ?

La (rapide) perte de confiance des New York Knicks

[superquote pos="d"]Il est complètement déconnecté de la réalité s'il pense vraiment signer pour le max cet été [/superquote]Là, c’est l’effet inverse. Difficile de trouver des candidats crédibles, même en se creusant les méninges. Selon ESPN, le joueur de 28 ans espère toujours signer pour le montant maximum avec les New York Knicks. Il a toujours affiché une grande confiance en lui. C’est compréhensible d’essayer de tirer le plus de profit. C’est presque logique à ce niveau. C’est un business. Compréhensible, logique mais… irréaliste. Offrir le maximum à Rose serait pour l’organisation new-yorkaise la meilleure façon de se tirer une balle dans le pied. Un deal aussi massif (150 millions sur cinq ans… vraiment ?) limiterait grandement la marge de manœuvre des dirigeants qui se retrouveraient presque sans espace pour recruter. D’un point de vue purement basket, Rose mérite-t-il que la franchise se mette dans le rouge financièrement ? Il n’est plus un « game changer ». Il n’est pas assez déterminant sur le parquet pour que les Knicks se contentent de liquider leur cap space pour le prolonger. Les Knicks n’excluaient pas de garder l’ex-All-Star sur le long terme – sans non plus le garantir – lorsqu’ils l’ont récupéré en provenance des Chicago Bulls. Mais la confiance accordée au joueur n’a cessé de s’éroder, toujours selon ESPN, en seulement quelques mois. Car c’est bien le problème : en plus de ne plus être l’un des meilleurs joueurs de la ligue sur le terrain, le natif de la Windy City accumule les problèmes extra-sportifs. Il y a d’abord eu le procès pour viol qui a entaché sa réputation d’une manière ou d’une autre (pas forcément par sa faute mais les SMS et les détails personnels divulgués au cours de l’affaire n’ont pas aidé), et ce même s’il a été disculpé de toutes charges. Ses commentaires sur la « super team » des Knicks laissaient déjà planer l’image d’un joueur complètement déconnecté de la réalité. Les rumeurs concernant son envie de signer un contrat au montant maximum vont dans le même sens. [superquote pos="d"]Les joueurs de son profil sont désormais des hommes du banc, pas des starters [/superquote]Les derniers événements ne vont pas arranger son cas à quelques mois de la fin de la saison régulière. Là encore, que Rose privilégie sa famille et quitte brutalement New York pour rejoindre Chicago n’est pas illogique. La famille devrait toujours passer en priorité. Ses actes ne sont pas jugés ici. Analysons simplement les conséquences. Le joueur n’a pas prévenu le staff et les Knicks sont restés cinq ou six heures sans nouvelles alors qu’un match était planifié. Une attitude qui peut inquiéter et refroidir toute franchise éventuellement intéressée, même un tout petit peu, par D-Rose. Les émotions auraient été tellement fortes qu’il aurait même envisagé de mettre un terme à sa carrière. C’est triste pour l’homme et ses proches. Mais cette accumulation de détails, de coups durs, pourraient finalement le pousser peu à peu vers la sortie.

Derrick Rose, un joueur au profil de moins en moins recherché

Car même sur le plan basket – et revenons au jeu – il ne compense pas tous ces à-côtés inquiétants. Derrick Rose est toujours capable de fulgurances. Déjà, il est en meilleure santé (physique en tout cas) par rapport aux saisons précédentes. Il claque un peu plus de 17 points par match. Mais ce n’est pas tant les points marqués qui posent problème, c’est la façon dont il les marque. Explications. Son jeu repose essentiellement sur le un-contre-un, une tendance de moins en moins à la mode en NBA. Nous ne sommes plus dans les 90’s. Kobe Bryant a pris sa retraite. Les organisations ont de plus en plus d’outils, de plus en plus de statistiques, pour analyser les meilleures façons de gagner un match de basket. Et il n’y a pas besoin de faire Harvard pour comprendre que 3 est supérieur à 2. Pas besoin de pratiquer un sport collectif pendant dix ans pour comprendre que faire tourner la balle et impliquer tous les joueurs en attaque est le meilleur moyen pour maintenir un groupe motivé et surtout s’offrir des tirs ouverts, donc plus faciles à marquer. Rose inscrit beaucoup de paniers, mais il est inefficace : 44% aux tirs et seulement 24% derrière l’arc. Il n’est pas en accord avec les principes de jeu de la ligue moderne. Les joueurs de un-contre-un sont désormais relégués sur le banc, qu’il s’agisse des combo-guards spécialisés dans le scoring ou des intérieurs dont la principale force reste leur arsenal dos au panier (Greg Monroe, Enes Kanter). Il n’a plus l’étoffe d’un titulaire et il y a peu de chances que les GM des autres franchises le voient comme tel. Qui, aujourd’hui, peut offrir son poste dans le cinq à Rose ? Il n’est pas un distributeur et il peut difficilement évoluer sans la gonfle. La plupart des « mauvaises » formations actuelles vont pouvoir piocher l’un des meneurs très prometteurs dont regorge la prochaine cuvée de rookies (Markelle Fultz, Dennis Smith Jr, Lonzo Ball) et elles n’auront donc aucun intérêt à le recruter. A l’heure actuelle, difficile d’imaginer une équipe mettre le prix fort. Il lui faudra sûrement revoir ses prétentions salariales. Peut-être même accepter un contrat d’une saison ou deux. Voire même un deal sur deux ans mais partiellement garanti. Rajon Rondo a été très bon aux Sacramento Kings l’an passé (11,7 passes, double-double de moyenne et 36% à trois-points) et il n’a pas pu signer un deal sur le long terme. Les Bulls lui ont offert 28 millions sur deux saisons mais son contrat n’est presque pas garanti pour la deuxième année. [superquote pos="d"]Le constat est glacial pour tous ceux qui l'ont connu à son apogée[/superquote]D’ailleurs, vous pouvez changer le nom de Rose par Rondo tout au long de cet article et arrivez à la même conclusion : ils sont condamnés à disparaître de la ligue. Cela peut sembler brutal comme réflexion, surtout pour tous ceux qui ont encore en tête les exploits pas si lointains. Certains refusent le constat glacial simplement parce qu’ils se souviennent que, non, ce gars était trop fort pour être juste un paria. Peut-être que l’avenir leur donnera raison. Mais tout va très vite en NBA. Même pour le plus jeune MVP de l’histoire. Les légendes se font et se défont. N’oublions pas la vitesse à laquelle la carrière d’Allen Iverson, une icône, s’est dégradée. Il était certes un peu plus vieux, 33 ans, mais la superstar a fini par tomber dans l’anonymat en moins de deux saisons après son transfert aux Denver Nuggets. Son jeu, fantasque pour les fans, était perçu comme celui d’un sixième homme de luxe par la plupart des dirigeants NBA. Iverson a eu du mal à l’accepter et il a fini par quitter la ligue dont il était l’un des meilleurs joueurs. Et que dire de Gilbert Arenas ? OK, ses soucis extra-sportifs posaient certainement plus de problèmes à une franchise que ceux de Rose mais tout de même, le numéro zéro était l’un des meilleurs joueurs NBA !!!! A 28 ans, il est devenu un paria et il a complètement disparu des radars alors qu’il était une superstar. Les situations sont différentes et les enjeux aussi mais ces deux exemples servent à rappeler à quel point un joueur peut rapidement être entraîné vers l’anonymat. La saison prochaine, Derrick Rose ne sera peut-être pas titulaire en NBA. Et s’il ne l’accepte pas, il finira peut-être par jouer en Chine avant ses trente balais.
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