Dwyane Wade, le premier match parfait à Chicago

Dwyane Wade pouvait difficilement rêver meilleur départ pour sa première sortie devant le public du United Center sous les couleurs des Chicago Bulls.

Dwyane Wade, le premier match parfait à Chicago
« Dwyane bossait son tir à trois-points. C’est mon gars. » Plein d’humour une fois la tension du match retombée, Jimmy Butler saluait l’attitude de ses coéquipiers lors de son altercation avec Jae Crowder (son ancien partenaire à l’université de Marquette). Alors que la majorité de ses camarades sont venus jouer des coudes et hurler devant les joueurs des Boston Celtics, Dwyane Wade, en vieux sage, a préféré s’écarter de la mêlée, prendre une balle et dégainer derrière la ligne à trois-points en guise d’échauffement. A 34 ans, le vétéran n’avait pas de temps à perdre en séparant des hommes d’une centaine de kilos plein de testostérone. Il sait bien que la défense va lui laisser des tirs ouverts derrière l’arc soir après soir, alors autant se mettre en condition. Laisser Dwyane Wade, Jimmy Butler ou Rajon Rondo shooter à trois-points, c’est sans doute la première consigne donnée par les coaches adverses à leurs joueurs avant d’affronter les Chicago Bulls collection 2016-2017. [caption id="attachment_343905" align="alignnone" width="636"] Dwyane Wade a la balle depuis quelques secondes. Personne ne vient l'agresser quand il est derrière l'arc.[/caption] [superquote pos="d"]A l'ère du pace-and-space, les Bulls ont attaqué le match avec aucun shooteur dans le cinq [/superquote]La NBA est entrée à deux pieds joints dans l’ère du pace-and-space et les équipes veulent jouer de plus en plus vite, shooter de plus en plus de loin et étirer le jeu le plus possible. Apparemment pas les Bulls. La formation coachée par Fred Hoiberg, un adepte de la philosophie de jeu « moderne », a débuté sa saison avec cinq titulaires… incapables de claquer plus de 38% à trois-points. Cinq non-shooters. Le recrutement des dirigeants a laissé les analystes perplexes. Comment diable les taureaux vont réussir à jouer ensemble sans se marcher sur les pieds en attaque avec autant de slashers attirés par la gonfle ? Ce premier match contre Boston était donc attendu afin d’avoir quelques éléments de réponse. Premier constat, et ce n’est pas une surprise, Chicago a une équipe vraiment séduisante quand… les stars mettent dedans de loin. C’était justement le cas hier. Jimmy « Buckets » a claqué quatre de ses six shoots derrière la ligne. Un record en carrière égalé. Il a fini meilleur marqueur de son équipe avec 24 points (mais aussi 7 rebonds). Il n’a pas été le seul à dérouler derrière l’arc. Dwyane Wade a ajouté quatre autres shoots primés dont le panier pour la gagne à une vingtaine de secondes du buzzer. http://www.dailymotion.com/video/x4zgyv9_dwyane-wade-plante-le-trois-points-clutch-pour-chicago_sport
« J’étais habitué à le voir faire ça contre nous », commentait Taj Gibson, solide à l’intérieur avec 18 points et 10 rebonds postés hier.
Gibson fait là référence aux années cultes de « Flash » avec le Miami Heat, quand les Floridiens étaient alors en compétition avec les Bulls, notamment après la signature de LeBron James à South Beach. Mais les temps changent. Wade est maintenant un joueur de « Chi-Town », sa ville natale (il est originaire de la banlieue de Chicago, Robbins, Illinois). Un homecoming conclu avec une première victoire et 22 points, 6 rebonds et 5 passes pour le triple champion NBA. Avec quatre paniers à trois-points, il n’est plus qu’à trois longueurs de son total sur l’ensemble de la saison dernière !
« Je ne veux pas tomber amoureux du tir à trois-points, je veux juste être à l’aise. J’ai une bonne opportunité d’apprendre avec un coach qui a été un très bon shooteur tout au long de sa carrière. »
Fred Hoiberg, 39% derrière l’arc en carrière, a personnellement pris en charge l’entraînement de sa nouvelle star. Il lui a filé quelques conseils qui semblent s’avérer payants pour l’instant. Wade était déjà adroit pendant la pré-saison et il récidivé hier soir. Les Bulls ont manqué de réussite dans l’ensemble (39% contre 50% pour les Celtics) mais leur adresse extérieure les a sorti d’une situation délicate avec onze tirs primés inscrits, dont huit pour le duo Butler-Wade. Ils ont assuré une courte victoire contre un concurrent sérieux au top quatre de la Conférence Est grâce à cette capacité à shooter from downtown. [superquote pos="d"]Le talent aide parfois à résoudre des situations complexes[/superquote]Il est trop tôt pour tirer des enseignements. Les Celtics sortaient d’une rencontre disputée face aux Brooklyn Nets la veille et ils sont eux aussi en rodage. Wade et Butler peuvent-ils vraiment planter de façon constante derrière l’arc et frôler ne serait-ce que la barre des 36, 37% sur l’ensemble de la saison ? Quelles seront les solutions des Bulls quand les stars ne seront pas en réussite, offrant ainsi à la défense l’opportunité de blinder encore un peu plus la peinture ? Le talent aide parfois à résoudre des situations complexes, voire à effacer certaines incompatibilités. Et Chicago ne manque pas de talents avec trois All-Stars dans son cinq majeur mais aussi des éléments solides comme Gibson, Nikola Mirotic (15 pts et 9 rbds) mais aussi des jeunes joueurs doués sur le banc. Cela demande du temps, de la communication, de la cohésion et donc une certaine alchimie. Mais les signes sont encourageants. Surtout au sujet de l’entente entre les différents cadres. Les réactions lors de l’altercation de Jimmy Butler le prouvent.
« J’aimerai remercier Rajon qui est tout de suite venu assurer mes arrières. Vous savez que vous pouvez partir en guerre avec ces gars-là. »
La saison régulière risque d’avoir des allures de jeu d’échec géant pour les Bulls, contraints de déjouer les plans adverses avec leur adresse et leur ingéniosité. Mais cette première sortie est évidemment positive. « C’est un bon début », conclut Butler. « Maintenant, il faut construire là-dessus. »