Euro : Le match Italie Vs Lituanie décrypté

Italie Vs Lituanie, c'était le grand match des quarts de finale de l'Eurobasket 2013. Retour et analyse sur cette opposition de styles, entre deux équipes qui ont de l'avenir.

Euro : Le match Italie Vs Lituanie décrypté
La Lituanie, en sortant l’Italie en quart de finale de cet Eurobasket 2013, retrouve le dernier carré d’une compétition internationale, trois ans après sa médaille de bronze au défunt Championnat du Monde. Plus lucides et plus opportunistes, les Baltes ont su se sortir du traquenard italien. L’Italie ne démérite pas, cependant, et quelque soit son classement final, semble continuer sa progression. Dans des styles très différents, les deux équipes se sont livrées 30 minutes de combat parfois âpre, souvent intense. Pourquoi seulement 30 ? Tout simplement parce que les Italiens ont totalement explosé à l’issue du 3ème QT, encaissant ensuite un 12-0 rédhibitoire, surtout sur un match qui se jouait alors autour de la soixantaine de points marqués. Les clés du succès lituanien ou les raisons de l’échec transalpin, sont à chercher à différents niveaux.

L'Italie ou le risque de jouer à la rupture

Hormis son passage à vide dans le 3ème QT, la Lituanie a globalement contrôlé le match en maîtrisant deux aspects fondamentaux du jeu : Le rythme, comme priorité. Moins enclins à jouer au bord de la rupture, les Lituaniens ont limité les options de jeu rapide, axant énormément leur jeu sur ½ terrain. La raison la plus évidente reste l’objectif stratégique de forcer les Italiens à défendre longtemps, pour les impacter. Disposant d’un effectif moins dense qualitativement, Simone Pianigiani s’est au final montré “court” au plus mauvais moment, dans le 4ème QT, donc. Le jeu italien, construit avec les moyens du bord, a touché ses limites quand le manque de fraîcheur physique s’est fait ressentir. Bien loin des standards académiques de Sienne et de son jeu léché, coach Piniagiani, 2ème importateur mondial de Pento après Sergio Scariolol, a organisé son attaque de la manière la plus simple qui soit, avec 4 extérieurs et une sorte de pivot rugueux, énigmatique et efficace malgré tout, en la personne de Marco Cusin. Electron libre dans un rôle de 3, voire de 4 naviguant au large, Gigi Datome a parfois porté l’équipe sur ses épaules. Le talent offensif des Italiens, plus axé sur le scoring que la création s’est exprimé dans un jeu simplissime : pick-and-roll, fixation, passe, et jeu sans ballon élémentaire à l’opposé. Sans gros meneur, et avec Gentile balle en main, rien d’étonnant. L’option choisie se justifie parfaitement, mais demande un volume physique constant. Vu l’intensité des efforts, le rythme demandé pour rester efficace en attaque, et surtout, la débauche d’énergie nécessaire pour défendre face aux Baltes –et le manque de viande dessous!-, rien d’étonnant à se retrouver en difficultés... Quand l’Italie a pris feu, et fait le break dans le 3ème, nous avons, en fait, assisté au chant du cygne de l’équipe. C’était quitte ou double, le up-tempo, mais ça n’a pas duré assez longtemps. Passé l’orage, la Lituanie a remis la main sur le cuir, resserré les rangs et repris son rythme de croisière : Jeu long, saupoudré de quelques éclats de génie en transition (Seibutis, Pocius...). Quand, sentant le match tourner, Simone Pianigiani demande temps mort, à 8’20 de la fin environ, c’est déjà ficelé ou presque. Les dynamiques s’inversent et le chantier restera inachevé.

La Lituanie joue la carte de la sûreté

Le rendement des arrières baltes, avec 45 pts pour le trio Pocius/Seibutis/Kalnietis, en dit long sur le manque d’impact défensif –principalement en transition et dans les duels- de l’Italie. Bien sûr, en face, Gentile -de manière parfois bordélique- et Belinelli ont su répondre, mais le manque global de densité s’est avéré déterminant. Que ce soit au début de la débâcle, au cœur de la bataille, quand Donatas Motiejunas –élu plus belle crête de type toulonnaise de la compétition-, par exemple, est sorti de sa boite, ou encore que Jonas Valanciunas a fait parler sa puissance, sans pour autant faire rêver les foules. Autre axe maîtrisé par la Lituanie, aussi essentiel que le rythme: Le Rebond. 38-25, c’est trop déséquilibré pour espérer tenir. Surtout qu’à la lecture des stats, on se rend compte que le pivot italien Cusin totalise presque autant de prises (8) que Kalnietis (7) ou Seibutis (6) dont ce n’est pas le rôle premier. Mauvaise gestion des rythmes + Non maîtrise du rebond = Pourcentage d’adresse de l’adversaire difficile à juguler. 53,6% aux tirs pour les Baltes (59,5% à 2, 35,7% à 3) contre 44,6% pour les Transalpins (48,9% à 2, 33,3% à 3). Les lituaniens ne sont pas des monstres défensifs, mais en faisant les stops au bon moment, et en ne laissant pas de 2ème chance à leurs adversaires, ils ont mis de l’argent à la banque. L’Italie n’a pas su pleinement exploiter les 19 balles perdues lituaniennes, malgré un contrôle chirurgical de son jeu (seulement 12 BP). Les 9 petites passes décisives italiennes illustrent la concrétisation de la stratégie de Jonas Kazlauskas et de son staff, dont l’objectif est atteint.

On a aimé

  • Gigi Datome, vrai joueur d’Euroleague qu’on a hâte de découvrir du côté des Pistons
  • Voir que Gentile est toujours aussi grave, mais que Pianigiani le canalise plus que bien.
  • Pianigiani, justement, injustement jeté aux orties après sa délicate expérience turque. Un grand, qui reconstruit la Squadra, campagne après campagne.
  • L’engagement de Cusin. Un joueur comme la France n’en a finalement pas: Pose d’écrans, dureté, combat, engagement, dissuasion. L’intérieur italien type, comme on en trouvait dans les années 80-90 en Roligue.
  • Voir qu’en l’absence d’un vrai meneur, Jonas Kazlauskas a responsabilisé ses arrières, et que ça fonctionne plutôt bien. Kalnietis n’est pas vraiment un poste 1 pur, mais assure.
  • Renaldas Seibutis. Dangereux.

En vrac

  • Y’a pas à dire et malgré ses perfs récentes, Motiejunas est insupportable. Valanciunas est au dessus.
  • Il nous manque, ce putain de Saras.
  • Avec deux joueurs de plus, et un peu de volume physique, l’Italie sera bientôt une plaie à jouer.
  • La FIBA est candidat pour le LNB Award de la compétition mal organisée, en mettant les ½ finales pour les Croates et les Lituaniens moins de 24h après la fin de leurs ¼. Dire que Samedi, il n’y a que des matches de classement…