Frank Ntilikina, deux semaines de belles promesses

Frank Ntilikina, deux semaines de belles promesses

Zoom sur les débuts en NBA de l’un des joueurs français les plus prometteurs.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Cette fois, c’est bon. La carrière NBA de Frank Ntilikina est bien lancée. Contrairement aux autres rookies de sa promotion, il a fallu attendre pour vraiment voir le Français dans ses œuvres. D’abord parce que des blessures l’ont écarté de la Summer League puis de la pré-saison (un match) tandis qu’une autre a légèrement ralenti ses débuts (7 minutes pour sa première sortie) en saison régulière. Deux semaines plus tard, voilà que le meneur s’est fait une place au sein de la rotation des New York Knicks. Statistiquement parlant, il ne fait pas exploser les compteurs. Mais son attitude et ses aptitudes lui ont permis de se distinguer. Elles présagent même d’un avenir long et brillant de l’ancien prodige de la SIG aux Etats-Unis. Alors pourquoi autant d’enthousiasme ? Retour rapide sur les cinq premiers matches du basketteur français le plus haut drafté (huitième choix) de l’Histoire.

Une défense remarquée

S’il y a bien un aspect du jeu qu’il faut souligner en premier chez Ntilikina, c’est sa défense. C’est elle qui fait chavirer le petit cœur des fans des Knicks, la plupart ayant d’ailleurs eu besoin d’être rassurés après la draft. Ces mêmes supporteurs qui se plaignaient que les dirigeants de leur équipe préférée n’aient pas sélectionné l’explosif Dennis Smith Jr sont ceux qui mettent aujourd’hui en avant les atouts défensifs du « French Prince ». Avec ses longs bras, sa mobilité et surtout son envie, il se démarque dans ce domaine. Les rookies ont généralement du mal à se montrer performant de ce côté du terrain. Par inexpérience, évidemment, mais aussi par manque de motivation. La plupart des scoreurs veulent faire des chiffres. Le natif de Bruxelles a un vrai goût pour la défense, comme il nous l’avait confié lors de notre rencontre avec le bonhomme à Strasbourg en avril dernier. Bloquer son vis-à-vis, de préférence un attaquant réputé, est quelque chose qui l’anime sur un terrain de basket. Et ça c’est clairement senti quand il a croisé la route de James Harden cette nuit. https://www.youtube.com/watch?v=ipTzDAp7tiI Les Houston Rockets ont baladé les Knicks (119-97) mais les vidéos de la défense agressive du Français ont déjà fait le tour de la toile. Il a d’ailleurs terminé le match avec cinq interceptions. Il figure au passage dans le top dix des joueurs qui volent le plus de ballons par rencontre (2 steals) alors qu’il passe presque deux fois moins de temps sur le parquet que tous les autres membres du classement ! Après, sa défaite n’est pas parfaite pour autant. Bien sûr qu’il a encore à apprendre, comme les autres débutants. Il a par exemple tendance à trop s’exposer sur les pick-and-roll. On l’a aussi vu passer sous des écrans alors qu’il se coltinait un shooteur d’élite comme Harden. Mais avec ce qu’il montre déjà et ce potentiel encore inexploité, Frank Ntilikina a tout pour s’imposer comme un stoppeur à son poste. Un luxe dans cette ligue où les meneurs scoreurs sont légions.

Une gestion rare à cet âge

En parlant de meneurs, le garçon est issu d’une race en voie d’extinction : c’est un pur gestionnaire. Ils sont de moins en moins nombreux en NBA. C’est un autre point sur lequel il se démarque de ses camarades. Ses 8 passes décisives ont fait sensation cette nuit. Sa vision du jeu est d’ailleurs fréquemment mise en avant par ses coéquipiers ravis de profiter des caviars de Frank. Il est même le troisième meilleur passeur – sur 48 minutes – parmi les rookies (9,8) derrière Ben Simmons et Lonzo Ball. Parce que si d’autres préfèrent foncer dans le tas, lui prône la patience, la variation des rythmes et la circulation du ballon. A 19 ans, il se comporte déjà comme un leader. Ou, en tout cas, il essaye de le faire. C’est déjà un signe de sa grande maturité – là encore très souvent citée par ceux qui le côtoient – et d’une certaine confiance. Il n’a pas peur. La balle ne reste jamais scotchée trop longtemps dans ses mains. Il cherche à mettre tout le monde en rythme. Parce que c’est son rôle en sortie de banc.

Un tir à parfaire

Il gagnerait sans doute à être plus agressif. Mais ça va venir. Ntilikina est un jeune homme qui aime bien d’abord gagner la confiance de ses coéquipiers et du staff avant toute chose. Il y va étape par étape. Et il est déjà en passe de gagner le respect. En jouant dur. C’est le genre de joueur sur lequel un coach peut compter. Même si Jeff Hornacek limite plus ou moins son temps de jeu (17 minutes), il semble l’avoir compris. Il ne serait pas étonnant que le rookie grappille peu à peu des places, et donc des minutes, dans la rotation. Son tir est pour l’instant la zone d’ombre au tableau. Seules 30% de ses tentatives ont trouvé leur cible. 25% à trois-points. Mais c’était prévisible. En NBA, il ne s’agit pas seulement d’être un bon shooteur. Le jeu est tellement plus rapide. Plus athlétique. Plus intense. Les nerfs et les neurones des basketteurs sont plus sollicités. Ils sont donc plus facilement exténués et moins en condition pour shooter. Cela demande du temps et une certaine adaptation. Il est n’est pas rare que les rookies, mêmes réputés comme des tireurs d’élite à l’université, descendent sous la barre des 40%. Sa mécanique est bonne, il va régler la mire. Il a juste besoin de garder confiance et de continuer à shooter. Le déclic viendra, notamment quand le jeu lui paraîtra moins rapide (ou plus lent, selon le point de vue). Il sera alors mentalement dans de meilleures dispositions pour shooter – et éviter les briques ou les airballs qu’il nous a offerts lors des deux premières semaines.

Frank Ntilikina sur les traces des glorieux anciens

Les statistiques pures ne justifient peut-être pas l’engouement national autour de Frank Ntilikina – enthousiasme qui peut parfois agacer certains – mais le néo-joueur de New York n’a rien à envier à ses glorieux aînés. Pour l’exemple, une petite comparaison de ses moyennes avec celles des plus grands basketteurs français en NBA après cinq matches. Tony Parker : 9,4 points, 35% aux tirs, 3 passes en 22 minutes Nicolas Batum : 5,8 points, 48% aux tirs, 2,8 rebonds en 16 minutes Boris Diaw : 1,6 point, 40% aux tirs, 2,2 rebonds en 16 minutes Evan Fournier : 4,2 points, 56% aux tirs, 1 passe en 9 minutes Rudy Gobert : 1 point, 16% aux tirs, 4 rebonds en 12 minutes Frank Ntilikina : 4,2 points, 30% aux tirs, 3,6 passes en 17 minutes Il ne peut que progresser. En attendant, il est fort probable que son temps de jeu soit peu à peu revu à la hausse, de même que ses stats. Mais les débuts de Frank Ntilikina en NBA sont déjà bien prometteurs.
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