George Eddy : « Miami a trouvé son rythme »

Les finales NBA, le titre de Nanterre, l'Euro féminin : George Eddy décrypte toute l’actualité sur BasketSession sans compromis et surtout sans bullshit.

George Eddy : « Miami a trouvé son rythme »
Dans « No BS avec George Eddy », George Eddy, la voix de la NBA en France, analyse l’actualité marquante du monde du basket. Le vendredi sur BS, c’est « George Eddy time messieurs-dames » !

NBA Finals : Le réveil des Tres Amigos

On a vu dans le match 4 que quand les trois stars de Miami retrouvent leur niveau en même temps, ils deviennent quasi-imbattables. C’était un peu la même chose pour San Antonio jusqu’à présent. Quand tout va bien à trois-points et que Tony Parker et Tim Duncan sont en forme, ils sont difficilement prenables. Hier soir, Dwyane Wade a fait son meilleur match des playoffs. On peut même dire qu’il a joué son meilleur match depuis très longtemps. Chris Bosh inscrit 20 points, prend 12 rebonds pendant que LeBron marque plus de 30 points. Dans ce scénario, le Heat l’emportera 9 fois sur 10, si ce n’est pas 19 fois sur 20. LeBron James a quant à lui compris qu’il ne pouvait pas être attentiste comme il l’avait été dans les matches précédents et notamment dans les deux défaites. Il a retrouvé toute son agressivité dans le jeu en transition et dans le jeu dos au panier. Cela offre plus de liberté à ses coéquipiers car les Spurs sont obligés de défendre sur LeBron à plusieurs. On a désormais l'impression que Miami a trouvé son rythme et est parvenu à contourner les plans anti-LeBron de Gregg Popovich. Le Heat est redevenu l’équipe conquérante que l’on avait vue en saison régulière et pendant les playoffs. Si je les vois désormais favoris, ils restent quand même une équipe inconstante et si la série se prolonge jusqu’au Game 7, l’expérience des Spurs peut leur permettre de créer la surprise comme ils l’avaient fait lors du premier match. Dans tous les cas, la différence ne sera pas énorme.

Les Spurs ont besoin d'un Tony Parker à 100%

[superquote pos="d"]Tim Duncan permet aux Spurs de trouver les ouvertures mais c’est Tony le créateur.[/superquote]Le tournant, c’est certainement la blessure à la cuisse de Tony. Je l’ai trouvé diminué au niveau de sa vitesse dans le dernier match. Il a maintenant deux jours pour se soigner avant le match de dimanche. Mais s’il n’est pas à 100%, cela dérègle la machine de San Antonio. C’est lui qui crée du jeu et qui, par ses pénétrations, permet à Danny Green et Gary Neal de trouver les shoots. Green et Neal sont des shooteurs purs. Ils dépendent vraiment de la vitesse de pointe de Parker et de son sens du jeu qui est à l’origine des deux victoires de San Antonio. Par ses écrans, ses passes et son jeu dos au panier, Tim Duncan permet lui aussi aux Spurs de trouver les ouvertures mais c’est Tony le créateur. Je dirais même que s’il n’est pas à 100%, Miami peut gagner les deux prochains matches et remporter la série 4-2.

Manu Ginobili dans la même situation que Dwyane Wade avant le Game 4

Les deux jours de repos vont faire du bien à Tony Parker et Tim Duncan, mais surtout à Manu Ginobili qui a été très médiocre dans le Game 4. Gregg Popovich commence déjà à se passer de lui depuis quelques temps. Il a eu un temps de jeu plus réduit cette année et il n’a plus le coup de rein nécessaire pour faire la différence comme il l’a fait à de nombreuses occasions par le passé. Il est dans la même situation que Wade avant le Game 4, qui a su trouver les ressources nécessaires pour sortir un match énorme. A bientôt 36 ans, Ginobili est-il capable de réaliser la même chose ? Je n’en suis pas certain. Je pense que les Spurs auront davantage besoin de Tim Duncan, Tony Parker et de leurs shooteurs pour espérer arracher le match 5 qui sera décisif.

Les Spurs : le succès du partage et du jeu collectif

Les propos récemment tenus par Gregg Popovich au sujet des joueurs non-Américains qui seraient plus faciles à coacher sont, à mon sens, le thème général de ces finales. Les Spurs, avec neuf joueurs « étrangers », sont une équipe très internationale. Ils affrontent une équipe de Miami qui, à l’inverse, est totalement américaine. Le jeu de San Antonio est beaucoup plus basé sur le mouvement des joueurs, beaucoup de passes et de tirs à trois-points. C’est vraiment le succès du partage et du jeu collectif sur des joueurs plus doués physiquement comme peuvent l’être les membres du Big Three de Miami. Si Tony Parker était à 100% physiquement, je suis persuadé que les Spurs seraient champions. La mentalité, le mode de fonctionnement de la franchise et la philosophie de jeu de Popovich ont une touche beaucoup plus européenne que ce qu’on peut voir du côté de Miami et dans la NBA actuelle. Je suis très attaché à ces valeurs et je trouve que le beau jeu pratiqué par les Spurs véhicule une image très positive du basket à l’encontre de tout ce qui concerne le dopage et l’argent qui, trop souvent, pourrissent le sport pro. San Antonio est un petit marché. C’est un peu le petit poucet de la NBA avec de nombreux joueurs étrangers et des joueurs draftés tardivement. Avec le temps, Gary Neal, Danny Green ou Tiago Splitter sont devenus des joueurs incontournables. Les Spurs n’ont pas autant d’argent que Los Angeles, Chicago ou Miami mais ils possèdent ces valeurs de travail et de persistance ainsi qu’un mode de gestion qui font d’eux un exemple.

Jason Kidd : Un gros pari pour les Brooklyn Nets

C’est toujours difficile de nommer un coach qui n’a jamais entraîné. On se souvient notamment de Magic Johnson qui avait abandonné après seulement quelques mois. Quand on est un joueur très fort et qui a l’habitude de dominer le jeu sur le terrain, il est parfois compliqué d’avoir le même rayonnement depuis le banc. Les grands joueurs suscitent toujours énormément d’attente. A ce niveau, Larry Bird fait un peu figure d’exception. Peu nombreux sont les grands joueurs qui ont réussi à franchir le cap pour devenir de bons coaches. Avec une telle expérience et une telle aura, Jason Kidd est un sérieux candidat pour devenir un excellent coach. Pour les Brooklyn Nets, c’est un très gros pari mais il n’est pas gagné d’avance.

Nanterre c'est l'exploit du siècle !

C’est l’exploit du siècle pour ce club ! C’est comparable au titre de champion d’Europe remporté par Limoges en 1993 ou la Coupe Korac remportée par Orthez à Coubertin (face à l'étoile Rouge de Belgrade, en 1984 - ndlr). Au niveau de notre championnat, c’est l’exploit le plus retentissant qu’on n’ait jamais vu. Nanterre est arrivé au top de sa forme juste avant les playoffs et leur parcours leur a permis d’engranger de la confiance. Cela s’est ressenti au niveau de leur adresse à trois-points et de leur agressivité de tous les instants. Ils ont mis à genoux trois des favoris (Gravelines, Chalon, Strasbourg). C’est également dû à la nouvelle formule des playoffs. Nanterre n’aurait certainement jamais pu être champion si le titre avait été décerné à la fin de la saison régulière. Mais avec cette nouvelle formule, les séries peuvent donner lieu à ce genre d’exploit. C’est la victoire d’un groupe d’hommes très sincères et très partageurs. Ils ont grandi ensemble. Avec le recul, il y avait quand même quelques signes précurseurs puisque Nanterre avait réalisé plusieurs grosses performances durant la saison avant d’atteindre la finale de la Coupe de France. Ils n’ont jamais cessé de progresser et ils ont emmagasiné beaucoup de confiance. Ils sont surtout parvenus à surfer sur cette vague positive tout au long des playoffs. C’est vraiment une belle victoire qui a beaucoup touché le public et pas seulement celui du basket. Il y a eu de supers audiences sur Sport + lors des finales et c’est une bonne chose pour notre Pro A qui en avait grandement besoin. Il leur faut désormais grandir au niveau budget et de leur salle pour s’installer durablement dans le Top 10. Il ne leur faut plus viser seulement le maintien mais avoir les playoffs pour objectif. Il leur faudra aussi figurer honorablement en Euroleague. C’est peut-être beaucoup demander et cela représente un énorme palier à franchir. Le budget revu à la hausse devrait permettre de recruter deux joueurs de bon niveau, notamment à l’intérieur. Etant donné l’intelligence avec laquelle le club a été géré même avec peu de moyens, on peut leur faire confiance pour rester dans le Top 8 en Pro A et remporter quelques victoires en Euroleague, pourquoi pas à domicile. Avec la montée en puissance du Paris-Levallois, qui souhaite séduire les investisseurs du Qatar, on aura deux équipes performantes en Ile de France la saison prochaine. Le basket parisien n’a jamais été aussi fort depuis des années et c’est une dynamique qui pourrait profiter à la Pro A. Cela devrait en tout cas donner lieu à de beaux derbys qui devraient attirer encore davantage le public.

Euro féminin : La France favorite mais attention !

Les Françaises ont une super carte à jouer. C’est la même génération de joueuses qui avait remporté l’argent à Londres et qui a gagné en confiance grâce à cette médaille. Tous les signaux sont aux verts pour le moment mais il faudra être vigilant. Les victoires acquises d’avance sont parfois les plus difficiles à remporter. Personne n’est imbattable, surtout dans les matches couperets en quart, en demi ou en finale. A ce stade de la compétition, aucune équipe, même si elle est archi-favorite, n’est à l’abri d’un jour sans. La bonne nouvelle, c’est que jusqu’à présent, les joueuses assument parfaitement ce statut inédit de favori. Sur la première phase, elle ne de devraient pas avoir trop de soucis grâce à leur défense de fer. La pression sera sur elles à partir des quarts et elles devront être très fortes dans la tête car il n’y aura pas d’équipes faibles. Je pense qu’elles sont prêtes mentalement mais encore une fois, rien n’est jamais gagné d’avance.