Joakim Noah, l’attaque en berne

Joakim Noah a beaucoup de mal à être utile aux Bulls offensivement. Si Pau Gasol est toujours indisposé, il faudra pourtant que "Jooks" retrouve sa confiance égarée.

Joakim Noah, l’attaque en berne
Aucun coach n’a jamais demandé à ses protégés de prendre exemple sur le jeu offensif de Joakim Noah. Une gestuelle curieuse au niveau du tir (son fameux tornado shot que lui envient -ou pas - ses congénères de NBA), des moves un poil limités dans la raquette (une lacune qu’il compense par un incroyable sens de la passe), une adresse sur la ligne honnête mais pas toujours fiable (71.3%), le portrait est tiré. https://www.youtube.com/watch?v=sCBVN8xTCZ0 Ce n’est évidemment pas pour cet aspect de son jeu, axé sur une débauche d’énergie et une intensité défensive surnaturelles, que le pivot des Bulls est un modèle pour les aspirants intérieurs. Pourtant, c’est bien sa déficience dans ce domaine qui a été remarquée lors du game 4 arraché par les Cavs sur le parquet des Bulls. En termes de combativité, on a retrouvé un Noah fidèle à lui-même et pas forcément obligé de traiter le meilleur joueur adverse de « salope » pour qu’on le remarque. Mais à la finition, « Jooks » a confirmé les difficultés aperçues en saison régulière. On se doutait que ses 12.6 points de moyenne l’an dernier ne seraient pas simples à reproduire, surtout avec l’arrivée d’un attaquant aussi doué que Pau Gasol à ses côtés. En passant, par match, de 10 à 6 shoots, de 12.6 à 7.2 points, de 47.5% à 44.5% d’adresse globale et de 73.7% à 60.3% sur la ligne, le numéro 13 de l’Illinois avait déjà montré quelques signes de fléchissement compréhensibles. Malheureusement pour lui et pour Chicago, les choses ne se sont pas arrangées depuis le début de la série contre Cleveland. La preuve en statistiques. Game 1 : 0 point à 0/4, 0/2 sur la ligne, 28 minutes de jeu. Game 2 : 4 points à 2/4, 0/4 sur la ligne, 29 minutes de jeu. Game 3 : 4 points à 1/8, 2/2 sur la ligne, 21 minutes de jeu. Game 4 : 8 points à 4/12, 0/0 sur la ligne, 37 minutes de jeu. Outre une certaine maladresse qui peut arriver à n'importe qui, c'est plutôt dans l'expression corporelle et l'attitude dans la zone fatidique que Noah inquiète un peu. A l'image de cette action conclue par l'attentif Taj Gibson, alors que l'international français avait tenté un geste curieux et imprécis qui n'a touché que la planche. En temps normal, Chicago pourrait se passer des "talents" offensifs de son Defensive Player of the Year 2014. Mais l'incertitude autour de l'état de santé de Pau Gasol, touché aux ischio-jambiers, et les logiques problèmes défensifs du prometteur Nikola Mirotic en ont décidé autrement. Les efforts consentis par Joakim Noah pour maintenir certains standards dans sa moitié de terrain entament sa lucidité et sa faculté à prendre les bonnes décisions en attaque. Pourtant, ce n'est pas faute d'opportunités, puisque les Cavs lui laissent une sacrée marge de manoeuvre, rassurés par sa maladresse depuis le début de la série. A la passe, on n'a toujours pas retrouvé celui dont la saison dernière avait été exceptionnelle en la matière, au point de le voir être qualifié de playmaker par plusieurs observateurs en l'absence de Derrick Rose. A l'occasion, il parvient encore à combiner avec Rose sur pick and roll pour un dunk facile. Mais si les Bulls veulent écarter les Cavs de leur chemin, il faudra probablement que "Jooks" en fasse plus, aussi injuste cela puisse paraître au vu de ce qu'il donne déjà au groupe de Tom Thibodeau...